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RDC : Cour des comptes et IGF en mission conjointe à l’EPST

La mission de contrôle de l’Inspection générale des finances -IGF- dans deux services du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique -EPST- prend des allures d’une affaire d’État. Après la réquisition du parquet renforçant le travail des hommes de Jules Alingete, envoyés pour auditer la Direction nationale de contrôle, de la préparation de la paie et de la maitrise des effectifs des enseignants -DINACOPE- et l’Inspection générale de l’enseignement -IGE-, c’est autour du Président de la République de prendre en mains le dossier.

Dans une correspondance signée par Guylain Nyembo, directeur de cabinet du Chef de l’État, la Cour des comptes a été appelée en renfort pour «contrôler la gestion de la DINACOPE -ex SECOPE». A l’EPST, magistrats et auditeurs de la Cour des Comptes vont travailler avec les inspecteurs des finances déjà à l’œuvre pour vérifier également l’affectation des frais de participation aux examens d’État éditions 2022 et 2023 payés par les élèves à l’IGE.

Si le parquet a exigé en son temps un «rapport diligent» des Inspecteurs de l’IGF, le Président de la République veut lui un «rapport conjoint assorti des recommandations» à la fin de cette mission conjointe. Selon l’ordre de mission établi par Jules Alingete, Inspecteur général chef de service de l’IGF, les 3 inspecteurs de l’IGF doivent, durant 180 jours, «contrôler la gestion des fonds mis à la disposition de la DINACOPE dans le cadre du fonctionnement des écoles et de la prime de gratuité» et s’assurer de la bonne gestion des fonds perçus à titre de frais de participation à l’examen d’État. En cas d’irrégularités constatées, les inspecteurs doivent «enquêter et établir les responsabilités». Le parquet a ordonné que cette mission soit exécutée «sans faille» face à «de fortes présomptions de détournement des fonds destinés à la paie des enseignements». Ces soupçons reposent notamment sur la destination des frais de participation à l’examen d’État éditions 2022 et 2023, estimés à près de 36 millions de dollars par édition, en raison de 30 dollars par élèves pour un total de plus de 1,2 million de finalistes.

Suite aux premières avancées des enquêtes, le comptable public est depuis introuvable dans son bureau, du reste scellé par l’IGF. A l’EPST, l’IGF est à sa deuxième mission de contrôle. La première a débouché, en mars 2021, sur l’emprisonnement de l’ancien Directeur de l’ex-Secope, ancêtre de la DINACOPE, et de l’ancien Inspecteur général de l’enseignement, tous deux condamnés à 20 ans de prison pour détournement des fonds publics.

Désormais prise entre le marteau de l’IGF et l’enclume de la Cour des comptes, l’administration de Tony Mwaba est dans le collimateur de la présidence de la République, dans une période charnière où les tractations vont bon train pour la formation du nouveau gouvernement, issu de la nouvelle majorité en cours d’identification. Un vrai cauchemar pour le député réélu de Lukunga qui, sans nul doute, se verrait bien rempiler dans le sous-secteur de l’ESPT. Avec cette enquête qui pointe le nez dans sa cour, Mwaba, vite parti pour faire filmer des inspecteurs venus auditer une direction autonome dont il n’est pas le gestionnaire, a donné à tout le monde les raisons de le suspecter. Cité dans plusieurs affaires polémiques dont Veridos, un dossier qui lui a valu une interpellation à l’Assemblée nationale, l’ancien fédéral de l’UDPS Lukunga vit des «moments sombres», selon un syndicaliste de l’EPST. L’épisode des inspecteurs de l’IGF humiliés dans la cour de l’EPST, filmés et séquestrés, aura certainement été la goutte de trop.

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