La trêve décrétée par le Comité laïc de coordination de l’Eglise catholique il y a environ deux mois sur les marches pacifiques est arrivée à sa fin. Du lundi 30 avril au mardi 1er mai, les membres du CLC se sont réunis à Kinshasa pour évaluer le processus électoral. Après cette évaluation, ils ont décidé de reprendre les marches pacifiques pour amener le pouvoir en place à respecter l’Accord politique signé le 31 décembre 2016 sous les bons offices de la Conférence épiscopale nationale du Congo -CNCO. Ils promettent d’aller jusqu’au bout de leur logique. «Au cours de nos travaux, nous avons fait le constat amer que la situation générale de la RD-Congo reste préoccupante et l’avenir du pays, plus que sombre parce que incertain», déclarent les participants. Puis: «A la date d’aujourd’hui, 1er mai 2018, annonçons le démarrage des préparatifs de nos actions pacifiques d’envergure, de protestation et de revendication, sur l’ensemble du territoire national». Puis encore: «Demandons au peuple congolais de se mobiliser, dans l’unité, à travers toutes les provinces: villes, villages, quartiers, avenues et rues. Demeurons ensemble, prêts à affronter le pire pour arracher le meilleur, à savoir, le respect de notre dignité, la conquête de notre liberté confisquée et la protection, la préservation et la promotion de notre patrimoine». Selon le CLC, 53 jours -après-le 10 mars, la date d’annonce de la trêve au Secrétaire général des Nations-unies, à huit mois des élections programmées au 23 décembre 2018, le constat est unanime. D’abord, l’incertitude du calendrier électoral. Ici, le calendrier publié par la CENI fixe la date des élections combinées -présidentielle, législatives et provinciales- au dimanche 23 décembre 2018. Cette date étant considérée comme ultime, elle ne doit naturellement plus être dépassée quelles que soient les circonstances. Puis, «aucune mesure de décrispation politique n’a été véritablement d’application».
Au vu de l’ampleur de précédentes marches pacifiques des chrétiens, le vice-Premier ministre de l’Intérieur et sécurité, Henri Mova Sakanyi, est appelé à mobiliser ses troupes et à accomplir sa part de responsabilités dans le déroulement du processus électoral. Les défis qui l’attendent sont énormes. Du côté gouvernement, le CLC voudrait voir clair car il estime qu’à ce jour, à trois mois d’ouverture des Bureaux de réception et traitement des candidatures pour l’inscription des candidatures présidentielles et des députés nationaux, aucun opposant politique emblématique n’a été libéré; aucun exilé politique n’a pu retourner au pays; le contentieux du dédoublement des partis politiques n’a pas été vidé; les espaces démocratiques et médiatiques n’ont pas été libéralisés; les poursuites judiciaires contre les opposants n’ont pas été abandonnés; les mesures d’interdiction des manifestations pacifiques n’ont pas été levées; la liste des partis politiques autorisés à participer au processus électoral n’est toujours pas publiée. Il y a peu, Mova avait transmis la liste des partis politiques enregistrés par son ministère à la CENI pour publication, mais jusqu’ici, il y a silence radio de la part du bureau de la Centrale électorale. Le même Mova a signé un accord de rapatriement de la dépouille d’Etienne Tshisekedi avec les délégués de la famille et de l’UDPS. Dans cette perspective, Félix Tshisekedi a été autorisé à tenir son meeting en public à la place Sainte Thérèse à N’Djili sans qu’il y ait un incident majeur. Une attitude qui a été salué par les acteurs du régime en place, de l’Opposition et de la société civile.
Octave MUKENDI