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RDC : La CASE tient Dodo Kamba pour responsable de l’échec de Denis Kadima à la CENI

La Commission africaine pour la supervision des élections -CASE- est loin de lâcher prise dans sa lutte de sauver le processus électoral en cours en RD-Congo qui, à l’en croire, bat de l’aile. Dans une lettre ouverte du jeudi 25 mai au représentant légal de l’Eglise de réveil du Congo et président de la plateforme des Confessions religieuses, le président de la CASE, Simaro Ngongo, fait observer au Révérend Dodo Kamba l’incompétence notoire dont fait preuve Denis Kadima depuis sa désignation à la tête de la CENI, ce candidat porté et soutenu fortement par la plateforme des Confessions religieuses dirigée par le Révérend Dodo Kamba.

Selon la CASE, le chef spirituel de l’Eglise de réveil du Congo est responsable du déraillement du processus électoral en RD-Congo piloté par son candidat. «Le parcours de ce délégué des Confessions religieuses à la Centrale électorale permet aujourd’hui de conclure que le choix fait par la plateforme dirigée par Dodo Kamba a été tinté de favoritisme et de trafic d’influence», a-t-il indiqué.

Et de poursuivre en rappelant: «les allégations de corruption soulignées dans le communiqué du 23 juillet 2021, signé par les 8 Confessions religieuses traditionnelles de la RD-Congo qui dénonçait des intimidations et menaces de toutes sortes dont étaient victimes certains membres de votre plateforme pour vous empêcher d’opérer librement le choix du candidat président de la CENI, rattrapent très honteusement votre conscience d’homme de Dieu».

Pour Simaro Ngongo, il s’agit là d’une humiliation collée à l’ensemble de la Société civile du pays. Ainsi, pour remédier rapidement à cette situation en vue de sauver les élections de décembre 2023 en RD-Congo, le président de la Commission africaine pour la supervision des élections invite le Révérend Dodo Kamba d’abord à demander publiquement pardon à la nation pour avoir assumé devant Dieu, l’histoire et le peuple RD-congolais, une forfaiture dans la désignation du candidat président de la CENI, en imposant un expert non qualifié à la tête de la CENI.

Ensuite, il demande au prophète Dodo Kamba de retirer sa confiance en la personne de Denis Kadima et de procéder à une nouvelle désignation du président de la CENI, conformément à la loi et aux procédures en vigueur. Par ailleurs, dans cette lettre ouverte, la CASE recommande également aux 6 Confessions religieuses de la RD-Congo d’imposer un nouveau processus de désignation du président de la CENI, tout en résistant à toute forme de pression, de tentative de corruption ou d’intimidation. Ci-dessous, la lettre ouverte de la CASE.

OK


Lettre ouverte à Son éminence l’Evêque général Dodo Kamba Balanganay, représentant légal de l’Eglise du réveil du Congo et président de la plateforme des Confessions religieuses.

Mai 25, 2023

Copies pour information à:

– Son Eminence Monseigneur Marcel Utembi Tapa, président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO)

– Son Eminence Imam Moussa Rachid, président de la Commission d’intégrité et médiation électorale (CIME);

– Honorable président de l’Assemblée nationale

(TOUS) à Kinshasa.

Concerne:

Votre responsabilité dans le déraillement du processus électoral en RDC.

Eminence,

Votre délégué à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient de totaliser 22 mois de déshonneur dans sa prestation unanimement contestée comme président de la centrale électorale de la République démocratique du Congo. Le parcours de gestion de Monsieur Denis Kadima Kazadi permet aujourd’hui de conclure que le choix fait par votre plateforme avait été tinté de favoritisme et de trafic d’influence. Les allégations de corruption soulignées dans le communiqué du 23 juillet 2021, signé par les 8 confessions religieuses traditionnelles de la République démocratique du Congo qui dénonçait «des intimidations et menaces de toutes sortes» dont étaient victimes certains membres de votre plateforme pour vous empêcher d’opérer librement le choix du candidat président de la CENI, rattrapent très honteusement votre conscience d’homme de Dieu.

Il vous souviendra que votre propre déclaration avait fait état d’abus de confiance et de tentative de corruption, sans aucun respect envers les chefs des confessions religieuses.

C’est pour la toute première fois que le processus de désignation d’un président de la CENI a été jalonné de tant d’ingérence politique et d’intimidations brutales. Souvenez-vous que l’Abbé Apollinaire Malumalu fut choisi président de la Commission électorale indépendante -CEI- par la société civile du Nord-Kivu à qui l’Accord global et inclusif accordait ce poste. Et en 2011, le pasteur Ngoyi Mulunda de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) a été désigné président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) par sa famille politique la MP/PPRD sur base de la loi organique du 28 juillet reconnaissant à la plateforme politique, alors majoritaire à l’Assemblée nationale, cette prérogative. Bien que tous deux soient religieux, ils n’étaient pas encore une émanation des 8 Confessions religieuses, à savoir l’Eglise Catholique romaine, l’ECC, l’Eglise Orthodoxe, l’Armée du Salut, l’Eglise kimbanguiste, l’Eglise du réveil du Congo, l’Union des Eglises indépendantes au Congo et la Communauté islamique en RD-Congo.

De 2013 à 2019, grâce la Loi organique du 19 avril 2013, la Société civile prend la responsabilité du choix du président de la CENI. Le 11 mai 2013, dans l’idée de préserver les acquis du processus électoral, les Confessions religieuses de la RD-Congo désignent l’abbé Malumalu comme président de la CENI. Pour des raisons de santé, Malumalu démissionne le 10 octobre 2015 et mourra quelque temps après. Le 21 octobre, les Confessions religieuses porteront leur choix sur le Secrétaire exécutif national adjoint de la CENI, en la personne de Monsieur Corneille Nangaa Yobeluo. Si chaque désignation connut des débats démocratiques entre chefs des confessions religieuses, il n’avait jamais été fait cas de trafic d’influence ni de corruption.

Vous avez encore certainement en mémoire que l’église Kimbanguiste fut amenée à remplacer son délégué au sein de la plateforme des Confessions religieuses pour soupçons avérés de corruption. Mardi 7 juillet, au cours d’une séance présidée par le vice-président de la Plateforme des confessions religieuses de la RD-Congo, le pasteur André Bokundoa, président national de l’Église du Christ au Congo (ECC), l’Église kimbanguiste rendit officielle la désignation de son nouveau représentant en la personne de Monsieur Covey Mududu Dompaulu, en remplacement du révérend Delphin Elebe Kapalay. Cette situation compliqua la tâche au passage en force du candidat Denis Kadima, ce qui, après arrangement, poussa le dimanche 22 août 2021, le chef spirituel et représentant légal de l’Eglise Kimbanguiste, Simon Kimbangu Kinangani à faire une brève communication d’une minute et trente-trois seconde à l’opinion publique en Lingala afin d’endosser, bien que tardivement, la candidature lui imposée.

Après ces épopées indignes des sommités religieuses de notre Nation, il est clair que les six Confessions religieuses que vous pilotez militantivement ont planté les prémices d’une gouvernance électorale douloureusement chaotique. Le candidat pour lequel vous aviez personnellement juré «C’EST Kadima ou rien» a finalement démontré toutes ses insuffisances professionnelles jusqu’aux dernières réserves de son incompétence. Il a ainsi tout donné, y compris ses véritables exploits dans le détournement des fonds électoraux, acte du reste solidement dénoncé par le ministre des finances. Jusqu’à ce jour, Denis Kadima Kazadi évolue en véritable «Superman électoral» qui n’a besoin de conseils de personne dans ses pérégrinations électorales.

Éminence Évêque général,

Vous avez sans doute suivi les avalanches provoquées par l’entérinement irrégulier de votre délégué à l’Assemblée nationale après un brouillard de fraude dans la composition même de la commission paritaire y afférente. L’imbroglio généré par cette dépravation de procédure au vu et au su du peuple Congolais et de toute l’humanité, n’a aucunement ébranlé le moral de votre autorité.

Éminence Représentant légal,

Au vu de ce que nous venons de décrire ci-haut, la CASE est profondément déçue de cette humiliation collée à l’ensemble de la Société civile de la République démocratique du Congo et vous recommande d’en tirer les leçons qui s’imposent afin de laver le blason terni des leaders religieux de la République démocratique du Congo.

Éminence Représentant légal,

La CASE exhorte à votre Autorité ce qui suit:

a) À l’Évêque général Dodo Kamba Balanganay de:

Tenir solennellement une communication publique de demande de «pardon» à la Nation congolaise pour avoir assumé devant Dieu, l’histoire et le peuple congolais une forfaiture  dans la désignation du candidat président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) imposant ainsi un expert non qualifié à la tête de la CENI.

Saisir officiellement l’Assemblée nationale et le Président de la République, Monsieur Félix Tshisekedi leur signifiant votre décision retirant toute confiance en la personne de Denis Kadima Kazadi et leur tenir informé de votre décision de procéder à une nouvelle désignation, conformément à la loi et aux procédures en vigueur.

Tenir informé Monsieur Denis Kadima Kazadi de votre totale déception pour ses prestations diarrhéiques et ses inaptitudes criantes dans la gestion du cycle électoral en cours.

b) Aux six Confessions religieuses de la RDC de:

Imposer un nouveau processus de désignation du Président de la CENI et résister bibliquement et coraniquement à toute forme de pressions, de tentative de corruption ou d’intimidation d’où qu’elle viennent.

Avec toute notre considération et respect.

Signée aux États-Unis d’Amérique le 25 mai 2023.

Pour la Commission africaine pour la supervision des élections (CASE)

Simaro NGONGO MBAYO

PRÉSIDENT

– Consultant et Observateur des élections

– Expert et Analyste des élections

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