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BCC vs BIAC: bras de fer

Réagissant au communiqué de presse portant dissolution de la BIAC publié par ses actionnaires, la BCC a rendu public, à son tour, un communiqué assorti d’un avis de liquidation de la banque commerciale en faillite. C’est le bras de fer. Rien d’autre
Le ciel est nuageux sur Kinshasa et l’ensemble du territoire RD-congolais. Nombreux sont les clients de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo -BIAC-, personnes physiques et morales confondues, qui sont aux abois. Leurs cœurs battent la chamade. Et pour cause: un bras de fer oppose désormais les associés de la BIAC aux dirigeants de la Banque centrale du Congo -BCC- sur le sort de cette banque commerciale. Le climat est délétère et la confiance totalement brisée. Les deux institutions financières se livrent à la guerre de communiqués, laissant perplexes des milliers de clients. En premier lieu, les actionnaires de la BIAC plantent le décor en publiant un communiqué annonciateur de sa dissolution en lieu et place de sa liquidation forcée. Puis, la direction de la BCC réagit promptement. Son communiqué dit n’avoir pas donné son aval pour la dissolution de la BIAC car ayant déjà trouvé un repreneur chinois. La BCC dément que les actionnaires de la BIAC puissent opérer cette dissolution qui n’a pas sa raison d’être. C’est la confusion totale entre les actionnaires favorables à la dissolution de la BIAC et la BCC, initiatrice de la liquidation. De l’avis des experts, la dissolution de la BIAC ne vise rien d’autre qu’à cacher tous les crimes commis au sein de cette institution financière. Il s’agirait des gros scandales de blanchiment, de retro-commissions, des détournements et surtout des gros salaires dépassant le seuil acceptable. Le tout, avec à la clé, la faillite actuelle de la banque.
 
Que cache la dissolution précipitée de l’ex-BIAO? Qu’est ce qui justifie une réaction aussi spontanée de la BCC au communiqué annonçant la dissolution de la BIAC? La série BIAC est loin d’être terminée. L’épisode en cours ressemble étrangement aux contes des fées de Wall Street, racontés par Michael Moore. La BIAC, c’est plus de 400.000 épargnants. Et tous n’ont pas encore à ce jour retiré leurs épargnes évaluées à plus de 200 millions de dollars. Leur inquiétude s’est davantage aggravée avec le communiqué de presse annonçant la dissolution de la BIAC qu’on affirme dans les couloirs de la BBC de vouloir effacer toute trace de crimes commis par les actionnaires et anciens dirigeants.
Argument réfuté par l’un des administrateurs qui ironise: «décidément, c’est la maternelle». A l’en croire, Deo Mutombo s’oppose à leur action tout simplement parce qu’il veut lui-même procéder à cette dissolution. Dans ce cas, pas interdit que l’affaire soit portée devant le tribunal de commerce afin d’amorcer le processus de liquidation et, au finish, désintéresser les épargnants, confie cet administrateur de la quatrième banque du pays aujourd’hui en difficulté.
Du côté des actionnaires de la BIAC, on estime qu’après 6 mois depuis que cette banque a été placée sous tutelle de la Banque centrale, aucun repreneur sérieux ne s’est manifesté, à part le groupe kenyan Bank of Africa dont la candidature n’a même pas été examinée par le gouverneur de la Banque centrale.
En face, à la BCC, on annonce l’arrivée d’une banque chinoise, candidate à la reprise de la BIAC. Ceci expliquerait la réaction ultra rapide de Deo Mutombo que l’on dit avoir des intérêts personnels dans cette opération de rachat.
Mais de l’avis des experts, la dissolution de la BIAC ne garantit nullement le remboursement des épargnants. «Le patrimoine immobilier de la BIAC représente à peine USD 100 millions alors que les épargnes représentent le double de cette somme», souffle une source bien introduite dans cette affaire.
Dans ce bras de fer, ce sont malheureusement des milliers d’épargnants qui en pâtissent. De ce fait, la confiance qui renaissait timidement envers les institutions bancaires risque de laisser la place à des réactions diamétralement opposées.
Dans un communiqué diffusé ce mardi 8 novembre 2016, les actionnaires de la BIAC viennent de mettre en cause la BCC. Il y est indiqué clairement que depuis le 30 mai 2016, la BIAC a été placée sous gestion du Comité d’administration provisoire de la Banque centrale du Congo. «Ce Comité avait pour mission, notamment de présenter un plan de redressement de la BIAC dont les actifs devaient être rachetés par des repreneurs, tout en apportant des solutions garantissant les retraits réclamés par les épargnants. A ce jour, ni la Banque centrale du Congo, ni même son Comité susdit, n’ont présenté aux actionnaires un quelconque repreneur», précise le communiqué.
 
Aucune suite favorable aux préoccupations de l’Assemblée générale
C’est ainsi que le 11 octobre 2016, une assemblée générale extraordinaire a été organisée. Elle a connu la participation de trois directeurs de la BCC, tous les membres du Comité d’administration provisoire et quelques cadres de la BIAC aux côtés des actionnaires présents ou représentés. Ici, plusieurs obstacles ont été relevés dans le chef de l’actionnaire principal, qui ne lui permettent pas d’assumer son rôle, notamment celui lié à la recherche d’un repreneur. Et de constater que jusqu’à ce jour, aucune suite favorable n’a été réservée à la préoccupation légitime de l’assemblée générale de lever ces obstacles pour permettre à l’actionnaire principal de participer activement aux efforts déployés pour le redressement de la BIAC.
«Pendant ce temps, le Comité d’administration provisoire poursuit de manière active la vente des actifs et creuse la dette de la banque auprès de la Banque centrale du Congo. Aujourd’hui, cet endettement n’a servi qu’à principalement rembourser les grands comptes de la banque et son fonctionnement», souligne-t-on.
Pour les actionnaires, ce surendettement de la BCC creuse un écart inquiétant entre les actifs et le passif du patrimoine de la BIAC. Une situation qui compromet non seulement les droits des déposants, du personnel et des fournisseurs, mais aussi des actionnaires. «Et si cette situation perdurait en ce sens, une liquidation forcée ne garantit pas les intérêts des déposants, du personnel, des fournisseurs et des actionnaires», note-t-on.
 
Dissolution volontaire de la BIAC et désignation d’un liquidateur
Pour éviter cela, les actionnaires proposent une dissolution pure et simple de la BIAC. «Après avoir tiré les leçons des expériences passées sur les liquidations forcées des banques dans notre pays et ne souscrivant nullement aux actions décrites ci-dessus, les actionnaires, réunis en Assemblée générale extraordinaire convoquée et présidée par un mandataire ad hoc désigné par le Président du Tribunal du Commerce de Kinshasa/Gombe, ont décidé de dissoudre volontairement la BIAC et de désigner un liquidateur chargé de désintéresser tous les créanciers sous la supervision et le contrôle, en toute transparence, de la Banque centrale du Congo», souligne le communiqué.
Cette démarche n’est pas partagée par la BCC. Dans un communiqué rendu public mardi 8 octobre 2016 également, la BCC dit n’avoir pas donné son aval pour la dissolution de la BIAC car ayant trouvé un repreneur chinois. La BCC dément que les actionnaires de la BIAC puissent opérer cette dissolution qui n’a pas sa raison d’être. C’est le bras de fer. Rien d’autre.
Cette guerre des communiqués fait dire aux analystes que des nuages sombres s’accumulent dans le ciel à Kinshasa, voire sur l’ensemble du territoire RD-congolais. Nombreux sont les clients de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo -BIAC-, qu’il s’agisse des personnes physiques ou morales, qui sont aux abois. Leurs cœurs battent la chamade et il est à craindre que les plus fragiles ne soient victimes d’accident vasculaire cérébral, AVC. La peur de revivre des phénomènes du genre «Bindo» ou «Nguma» via lesquels les épargnants ont perdu toutes leurs économies, se lit sur le visage de beaucoup de clients de la BIAC au regard de l’épaisse fumée qui entoure l’avenir et le devenir de cette institution financière.
 
Henry MBUYI et Octave MUKENDI
biac-doc
 

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