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Badibanga et le dialogue: une page d’histoire!

L’histoire demeure un témoin implacable. Il y a quatre ans, le nouveau Premier ministre Samy Badibanga Ntita accordait sa toute première interview à «Jeune Afrique», peu avant la tenue des travaux du sommet de la Francophonie à Kinshasa. A travers cette sortie, l’ancien conseiller spécial d’Etienne Tshisekedi s’est révélé au grand jour comme un homme politique de talent et adepte du compromis, ayant une parfaite maîtrise des dossiers. Au moment où bon nombre de gens se posent moult questions sur son cursus et pour mieux éclairer la lanterne de l’opinion, AfricaNews reprend l’article y consacré publié dans son édition n° 739 du jeudi 20 septembre 2012, dans lequel Badibanga appelait déjà un dialogue national avec Joseph Kabila comme Président de la République.
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LE CPPO A L’IDéE D’UN DIALOGUE NATIONAL
Badibanga parle, Kamerhe distancé
Le gotha politique découvre l’aspect méconnu du président du groupe parlementaire UDPS/FAC désormais assuré de l’appui de tous les élus tshisekedistes à la chambre basse et d’un avantage certain sur Kamerhe dont les rangs présentant des fissures. SBN révèle sa maitrise des dossiers, il suggère un Dialogue national avec Kabila comme Président de la République.
C’est une sortie réussie. Pour sa première interview, Samy Badibanga Ntita a fait fort. Rien moins que le prestigieux magazine panafricain Jeune Afrique, avec l’interviewer choc Philippe Perdrix. Tempérament de force tranquille, l’ancien conseiller spécial d’Etienne Tshisekedi se révèle homme politique de talent. Il aborde ainsi toutes les questions avec une appréciable perspicacité intellectuelle. L’élève a beaucoup appris de son maître: Samy Badibanga a gardé la fermeté, la finesse d’esprit, la maîtrise de la chose politique, et la force de conviction d’Etienne Tshisekedi. Depuis la tenue des élections de fin novembre 2011, le président du groupe parlementaire UDPS/FAC avait pourtant gardé silence. Préférant avancer méthodiquement, suscitant de nombreuses adhésions. Malgré l’adversité -parfois violente- de ses adversaires. C’est de cette manière qu’il gagne ses batailles: en priant peu, mais en travaillant beaucoup. C’est cette assurance mitterandienne, cette force tranquille qui le fit élire haut la main -maillot jaune avec près de 20.000 voix- dans ce district de Mont-Amba, où il a grandi et établi une forte base, une forteresse imprenable. Pour sa première sortie médiatique, le candidat porte-parole de l’Opposition -CPPO- a choisi Jeune Afrique, l’édition 2697 du 16 au 22 septembre. L’honorable Samy Badibanga aborde tous les sujets. Il plaide pour un tête-à-tête Tshisekedi-Hollande: «Je m’adresse donc à François Hollande pour qu’il reçoive -Tshisekedi- dans un entretien bilatéral», parce que «le poids politique d’Etienne Tshisekedi est sans commune mesure avec celui des autres leaders de l’Opposition». Façon de réaffirmer sa fidélité au lider maximo, son mentor en politique. Pour ce qui est de la position de l’UDPS quant à la participation ou non aux institutions, il n’y voit qu’une simple et normale divergence de vue, mais qui vise, in fine, un même objectif: «Nous voulons tous la vérité des urnes. Certains veulent récupérer la présidence; je préfère miser sur l’Opposition parlementaire pour contester les résultats du scrutin de novembre. Mais il n’y a pas de divergences de fond. Tshisekedi est dans son rôle lorsqu’il dénonce un hold-up électoral. Moi, je mène la bataille au sein des institutions: nous ouvrons plusieurs fronts. C’est stratégique», tranche-t-il. En fin de compte, Badibanga se révèle aux RD-Congolais comme un leader de première importance. Et sûr de lui pour la suite des événements. Fier de sa place sur l’échiquier politique et déterminé à l’assumer: «Je pense rassembler la majorité de parlementaires. L’UDPS n’est pas divisée. Mieux: elle est la première formation de l’Opposition. Il est donc normal que le poste porte-parole lui revienne». Avec la rentrée parlementaire, les forces tshisekedistes, toutes celles qui avaient porté la candidature du président national de l’UDPS à la présidentielle, se sont retrouvées. Et ont scellé leur unité: désormais Rémy Masamba, l’ancien SG de l’UDPS et poids lourd de ce parti; le patriarche Timothée Kombo Nkisi, élu du même parti et deuxième vice-président de la chambre basse; le député et président de l’ECIDE Martin Fayulu, tout juste porté à la tête des Forces acquises au changement -FAC-, et son député Blaise Ditu Monizi; les élus de RECO, c’est-à-dire l’enfant terrible de Matadi et président de ce parti Albert Fabrice Puela et le député de Seke-Banza André Masumbu; et le SET/RCDN soutiennent tous à l’unisson la candidat d’un des leurs, à savoir Samy Badibanga. Cette retrouvaille de la famille tshisekediste au sein de l’institution parlementaire survient alors que dans le camp adverse, celui de Vital Kamerhe, l’heure est plutôt aux divisions. C’est un véritable avis de tempête: Christian Badibangi vient d’annoncer sa candidature au poste de porte-parole de l’Opposition. C’est un coup dur pour le chef de l’UNC qui comptait sur ce leader à la combativité éprouvée pour se donner un brin de légitimité tshisekediste. Eh bien, c’est raté!
Natine K.                            
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L’intégralité de l’interview de Samy Badibanga
Jeune Afrique: Le sommet de la Francophonie se tiendra à Kinshasa en présence de François Hollande, qui rencontrera Joseph Kabila. Un entretien avec Tshisekedi est-il prévu?
Samy Badibanga: C’est le souhait que je formule. Le poids politique d’Etienne Tshisekedi est sans commune mesure avec celui des autres leaders de l’Opposition. Je m’adresse donc à François Hollande pour qu’il l’invite dans le cadre d’un entretien bilatéral.
L’UDPS était contre ce sommet et demandait sa délocalisation. Aujourd’hui, vous l’avalisez avec cette rencontre que vous réclamez sans même avertir Tshisekedi!
La décision quant à la tenue de ce sommet ne nous appartenait pas. A présent, nous n’avons pas intérêt à nous mettre en rupture avec les Chefs d’Etat qui vont venir. Sur le deuxième point, laissez-nous gérer nos questions internes…
A ceci près que la confusion est également de mise quant à la position de l’UDPS face au pouvoir. Les faucons militent pour le boycott des institutions, les modérés siègent à l’Assemblée nationale, Tshisekedi reste silencieux…
Nous voulons tous la vérité des urnes. Certains veulent récupérer la présidence; je préfère miser sur l’opposition parlementaire pour contester les résultats du scrutin de novembre. Mais il n’y a pas de divergences de fond. Tshisekedi est dans son rôle lorsqu’il dénonce un hold-up électoral. Moi, je mène la bataille au sein des institutions: nous ouvrons plusieurs fronts. C’est stratégique.
Mais tout le monde a tourné la page des élections, à défaut d’avoir reconnu les résultats. Le gouvernement et le parlement travaillent, François Hollande vient à Kinshasa…
Oui, mais à force de privilégier l’ordre à la justice, la défiance vis-à-vis de la politique atteint un niveau dangereux. En RD-Congo, elle est porteuse de guerres et de conflits. Il suffit de voir ce qui se passe dans l’Est du pays. L’élection a été catastrophique et Kabila a un problème de légitimité. Ce serait une erreur de faire comme si la crise n’existait pas. François Hollande a dit que la Francophonie n’était pas seulement une langue, mais aussi des idéaux et des principes démocratiques. Autant le faire savoir.
Concrètement, que demandez-vous?
Un dialogue national…
Avec Joseph Kabila comme Président de la République?
Avec Joseph Kabila.
Vous multipliez les propositions à titre personnel. Votre candidature pour le poste de porte-parole de l’Opposition vous donne des ailes. Sauf que vous n’avez pas le soutien affiché de Tshisekedi…
Ce sont les parlementaires de l’Opposition qui doivent choisir leur porte-parole et je pense rassembler une majorité d’entre eux. Le président Tshisekedi a seulement dit que cette affaire ne le concernait pas. C’est son droit le plus strict. Mais l’UDPS n’est pas divisée. Mieux: elle est la première formation de l’Opposition. Il est donc normal que ce poste lui revienne.
Propos recueillis par Philippe Perdrix
In AfricaNews Série II, n°739 du jeudi 20 septembre 2012

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