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Augustin Kabuya veut imposer la pensée unique, Denis Kadima obéit: la CENI aura du mal à expliquer la mise à l’écart des candidats Deo Kasongo et Vidiye Tshimanga

Depuis vendredi soir, l’opinion Kinoise est encore sous le choc, déclenché par la surprise de l’invalidation «temporaire» de Deo Kasongo par la CENI. À part la candidature de cet homme d’affaires qui suscite beaucoup d’espoir dans l’opinion en général, de par les capacités et l’expertise de l’intéressé, la CENI a aussi écarté celle de l’ancien conseiller en matière stratégique du Président de la République, Vidiye Tshimanga.

À temps ou pas?

Pourtant, la Centrale électorale a bel et bien réceptionné la candidature de Deo Kasongo après avoir remis à ses représentants des récépissés de réception. La même CENI a également publié la photo de Deo Kasongo comme candidat ayant déposé dans les temps. Coup de théâtre vendredi soir quand, deux semaines, la CENI a entrepris de se rebiffer en invalidant Kasongo à la surprise générale. Des sources proches du dossier ont rapporté le week-end que «l’administration électorale tente de préparer toute une défense à faire dormir debout pour justifier la mise à l’écart par pression politique de cet homme d’affaires, par les hommes forts de l’UDPS en complicité avec un parent de Daniel Bumba qui serait à la tête de la CENI». A en croire les mêmes sources, «après avoir dépensé 1 milliard de dollars pour des élections dont les résultats présidentiels n’ont pas connu de forte contestation mais dont l’organisation logistique était chaotique, Kadima donne l’impression de vouloir faire main basse sur la ville de Kinshasa par procuration». Les appétits du dirigeant de l’ex-CEI sont ils toujours grandissants et voraces? La question taraude les esprits alors qu’il nous revient que la CNS aurait ouvert une enquête pour la gestion de tous ces fonds pour y voir plus clair.

Belge ou pas?

Comme Deo Kasongo, Vidiye Tshimanga est aussi victime de la duplicité de la CENI. Alors qu’il a été retenu candidat député national et provincial par la même Ceni qui vient de l’éjecter de la course au gouvernorat pour défaut de nationalité, juste trois après les législatives auxquelles il a pris part. Pendant ce temps, d’autres sources évoquent le cas d’un ticket avec un aspirant vice-gouverneur litigieux, notamment Zacharie Babaswe que le moniteur belge présenterait toujours comme belge. «C’est à ne plus rien comprendre», a déclaré un avocat expert des questions électorales. «La CENI semble lire les dossiers au gré de certains agendas politiques ou intérêts circonstanciels», a-t-il renchéri. Vidiye Tshimanga est il donc belge ou pas? Question directe à Denis Kadima. Et si oui, le président de la CENI devrait dire ce qui a changé entre décembre 2018 et mars-avril 2024.

Perdre ou pas?

En matinée politique samedi dernier, Augustin Kabuya, le secrétaire général de l’UDPS, a dit que cette formation politique n’acceptera pas de perdre les élections de gouverneur à Kinshasa, parce qu’ils comptent 26 députés provinciaux -14 de l’UDPS, 6 de la mosaïque 4AC et 6 MLC-, obligés d’obéir comme des robots sans regarder les programmes ou profils des autres candidats qui pourraient apporter des réelles solutions aux problèmes des kinois et de Kinshasa! «Mais qu’en est il de la liberté des grands électeurs et du verdict des urnes? Nous ne pouvons pas donc voter en toute responsabilité et conscience?», a interrogé un député provincial qui a préféré garder l’anonymat.

Peu importe, Kabuya a fait savoir que son candidat, Daniel Bumba, doit gagner ! Et il faut mettre tous les moyens et stratégies en place pour ce faire. Le schéma concocté semble s’appuyer sur deux axes. Le premier: la Ceni doit écarter la candidature de Deo Kasongo et trouver une excuse. Le deuxième: intimider les députés provinciaux et aller accompagner le ticket Bumba-Iyeli le jour du vote dans la salle, pour que les grands électeurs soient sous pression. À ce sujet, Jean Pierre Bemba, ancien chef rebelle passé vice-président de la République sous la transition 1+4 et actuel vice-premier ministre en charge de la Défense, a promis, selon un tweet du journaliste Steve Wembi, d’accompagner Kabuya ce jour-là à pied… Entretemps, personne n’accompagne nos militaires au front à l’EST avec la même détermination.

L’attitude du tandem Kabuya-Bemba fait réagir. «Beaucoup d’énergie et d’engagements semblent présents dans des combats où ils sont certains d’avoir prédominance, ils veulent des combats sans adversaires», a dit un analyste politique. «Nommez simplement Bumba Gouverneur et Iyeli vice-gouverneur», a ironisé pour sa part le journaliste Patrick Lokala sur le plateau de Tv d’une émission politique. En attendant, la semaine qui commence, tous les yeux sont braqués sur cette justice dite malade par le chef de l’Etat et sur laquelle tout le monde semble frapper pour voir si elle sera aux ordres ou pas du groupe des hommes forts autour du ticket Bumba-Iyeli, pour répondre au recours qui vont être introduit par les différents avocats.

Natine K.

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