Prison de Makala, en ce début d’après-midi du lundi, 14 août 2023, se tient l’audience de plaidoiries dans l’affaire Ministère public vs Jean-Marc Kabund pour des propos que le député national a tenus mi-juillet à l’occasion d’une conférence de presse en sa résidence relayés sur la Radio RFI.
Depuis cette période, suite à des divergences d’opinions sur la gouvernance de la République, une grande méfiance s’est installée entre une frange de l’UDPS et le président intérimaire Kabund, successeur de Félix Tshisekedi, empêché en raison des incompatibilités relatives à ses fonctions de Président de la République.
C’est le début de tous les ennuis. Kabund est déchu successivement de ses fonctions du président de l’UDPS et du premier vice-président de l’Assemblée nationale.
Confusément, sa villa du quartier Kingabwa, commune de Limete à Kinshasa, est vandalisée. Sur fond d’une action punitive et persécutive, il est arrêté et jeté en prison, notamment sur base des allégations d’outrage au président Tshisekedi.
Ce lundi à Makala, les débats sont chauds. Prenant la parole en dernier, après le réquisitoire du Ministère public, qui a demandé 3 ans de prison ferme à son encontre, et les plaidoiries de la défense, Kabund est resté le même: il réitère ses propos à l’origine du procès et tance la gouvernance politique actuelle.
Il se montre davantage critique. Face à ses juges et contre son inculpation, l’opposant lance le défi: «La décision à intervenir dans cette cause sera appréciée à l’aune du temps. Dans 2 ou 3 ans, l’histoire se prononcera et dira où conserver votre sentence? Serait-ce dans les annales de prestige ou dans les oubliettes de l’histoire?»
Et de renchérir en paraphrasant ses conseils: «Car, fondamentalement, votre décision devra nous fixer par rapport à l’avenir et fixer l’opinion. Peut-on, en droit congolais, poursuivre, détenir et condamner un parlementaire pour ses opinions politiques émises sur la gouvernance de l’Etat?»
Sur un ton rassuré, rappelant son combat et ses convictions politiques, les prescrits de l’article 107 de la Constitution, son exposé des motifs ainsi que les procès politiques contre Kimbangu, Tshisekedi Étienne, Kabund fait désormais constater comment le régime a décidé de le constituer prisonnier d’opinion.
Ya Kakesa