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RDC : Atundu alerte sur la dangereuse illusion de la toute-puissance du Chef de l’Etat

«Pour l’intérêt du pays, de nos populations, de la démocratie et de la coalition, il importe que ceux qui sont chargés de négocier soient d’une certaine hauteur et d’une grande ouverture d’esprit de perspective», a lancé l’ancien flic en perspectives des prochaines rencontres au niveau de la coalition

La météo politique du pays annonçant un temps nuageux, André-Alain Atundu, communicateur du Front commun pour le Congo -FCC-, a tracé la voie à suivre par les acteurs de deux forces composant la coalition au pouvoir en RD-Congo en perspectives de prochaines rencontres, résultant des événements prévisibles comme le remaniement du gouvernement ou les nominations des mandataires publics.

Dans sa déclaration du 21 août 2020, Atundu a préconisé que les prochaines rencontres entre bonzes du FCC et du CACH puissent constituer une occasion de remettre en cause la coalition, mise à rude épreuve à la suite de «la posture agressive des uns et la posture défensive des autres -qui- donnent à penser que les deux partenaires ne sont ni sur la même longueur d’ondes ni sur la même voie». Il a alerté sur une faute politique et une illusion fatidique de croire que «la prééminence et le prestige du statut du Chef de l’Etat est une donne capable de renverser les cartes pour créer une majorité de gouvernance putative». Il a déploré que l’approche consensuelle, si caractéristique des dispositions entre partenaires, soit délaissée par des extrémistes qui, selon lui, privilégient une approche autoritaire et hiérarchique sur la base d’une illusion dangereuse et démocraticide.

«L’omniprésence de la toute-puissance du Chef de l’Etat -signe caractéristique d’une négociation non préparée- il ne risque de n’en résulter qu’un profond malentendu», a cogné Alain Atundu. Et d’estimer: «dans une phase de négociation comme celle où nous nous trouvons depuis l’investiture du Président Tshisekedi, l’on devrait, pour garantir un résultat non seulement acceptable mais surtout exécutable, se préparer avant de monter à l’assaut, écouter les préoccupations du partenaire au lieu de vociférer, gérer ses propres émotions avant de s’attaquer au fond de la négociation et enfin dégager un esprit de sérénité afin d’arriver à un consensus mutuellement avantageux».

De l’avis de cet ancien flic, parvenir à un tel consensus ne peut être possible que si l’on se donne de gérer la situation générale par l’intelligence émotionnelle avant de faire usage à bon escient de l’intelligence rationnelle pour que ces deux intelligences ne se neutralisent et ne détruisent la négociation.

Besoin des véritables héros, pas des kamikazes

L’approche défendue par Alain Atundu a pour finalité de «transformer un adversaire potentiel en un partenaire positif et constructif». Il défend cette approche en soutenant qu’en «démocratie, agir dans une négociation par imposition ou autoritarisme est contreproductif s’il n’aboutit pas à faire capoter la négociation».

D’où son appel aux négociateurs d’agir «pour l’intérêt du pays, de nos populations, de la démocratie et de la coalition» et d’avoir «une certaine hauteur et une grande ouverture d’esprit de perspective». «Pour les négociations en cours et pour les futures, le FCC et le CACH n’ont pas besoin de kamikaze, c’est-à-dire des négociateurs qui se font hara-kiri pour brûler la case commune afin de la faire la monstration et donner la preuve de leur immense amour et de leur attachement inconditionnel à l’Autorité morale», a-t-il soutenu. Puis: «le pays a besoin que les négociations soient menées jusqu’à bonne fin par des véritables héros, c’est-à-dire des personnalités qui travaillent ensemble avec acharnement et assidument pour le triomphe de la volonté commune exprimée à travers les pertinentes dispositions de l’accord de coalition».

Plusieurs motivations amènent André-Alain Atundu à brandir et défendre bec et ongle sa thèse de souplesse dans les négociations pour arracher un bien meilleur consensus entre négociateurs, profitable aussi bien à la nation qu’aux populations. Il a notamment évoqué le regard critique des adversaires politiques de la coalition et de l’opinion ainsi que les limites de toute-puissance. «Même Dieu, disent les théologiens, dans sa toute-puissance, ne peut sauver un individu contre son gré», a-t-il expliqué, non sans inviter les uns et les autres à «mettre plus d’engagements et de bonne volonté» pour «œuvrer utilement en faveur de notre démocratie et de nos populations».

Laurent OMBA

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