C’est aujourd’hui une évidence. Les personnes concernées par les dénonciations de l’IGF ont toujours nié et crié à la régularité de leurs marchés mais, en fin des comptes, les gendarmes des finances publiques a toujours raison…
Le pays a-t-il levé l’option d’abandonner sa lutte contre la corruption qui l’a fait progresser en quatre ans de la 170e place en 2020 à la 155e place en 2024 sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International, soit 15 places de gagnées? Pourquoi en veut-on à Jules Alingete Key, cet inspecteur général chef de service de l’Inspection générale des finances -IGF- qui a fait la fierté du premier mandat du Président Félix Tshisekedi et bouge encore le deuxième, en sortant de l’anonymat ce service technique rattaché à la Présidence de la République, en réussissant à terrasser ancien Premier ministre, ministres en fonction, gouverneurs ou puissants mandataires publics? La République Démocratique du Congo est-elle condamnée à manger ses meilleurs fils? Pourquoi toute la pression actuelle sur le Chef de l’État pour le pousser à se séparer de l’un de ses meilleurs lieutenants? Les questions fusent alors que les arguments bétonnés ne manquent pas pour défendre cette personnalité reçue tant par le Parlement européen et le Parlement fédéral belge pour l’efficacité de sa patrouille financière, qui n’est pas appelé à rester éternellement dans ses habits d’IGCS personne n’étant éternelle ni irremplaçable. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Alingete a placé la barre très haut! Il a frappé en plein cœur de la mafia, qui a juré de lui régler les comptes. Le flic financier est la cible d’une campagne de sape qui ne dit son nom, alimentée par les victimes de son action contre la dilapidation des fonds publics. Ces victimes, qui se recrutent aussi bien parmi des ministres que des mandataires publics, réclament à cor et à cri sa tête, non sans fomenter enquêtes et documentaires imaginaires pour entamer sa crédibilité et mener, sans nul doute, le lobbying auprès du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour mettre fin à son règne à la tête de l’IGF.
Pourtant, il est aujourd’hui une évidence que les personnes impliquées dans les dénonciations soutenues par l’IGF ont toujours nié et crié à la régularité de leurs marchés, avant de se rebiffer pour donner, en fin des comptes, raison à Alingete et ses hommes. Ce fut notamment le cas avec le projet sur la production des cartes d’identité qui a fait son chemin avant que l’IGF ne s’interpose et pousse le gouvernement RD-congolais à rompre ce deal, conclu avec la société Afritech Idemia de Samba Bathily et Amadou Diabi.
Des contrats léonins retoqués
Ce projet a été bouclé pour 697 millions de dollars dont seulement 104 millions d’apport de l’État RD-congolais, qui a déjà décaissé 20 millions, mais dont l’IGF a bloqué l’utilisation. Les 593 autres millions devraient être apportés par Afritech. Selon l’IGF, cette société ne dispose pas des moyens pour financer sa participation, espérant que le gouvernement RD-congolais se porte garant pour pouvoir contracter un prêt d’une banque commerciale. Ces manœuvres dilatoires ont été détectées et révélées dans l’opinion par l’IGF qui, par ailleurs, a décelé dans la formation de ce projet des traces de surfacturation.
Ce fut aussi le cas au Fonds forestier national -FFN- où, grâce à l’IGF, plusieurs millions de dollars ont été sauvés de la prédation. Cet établissement public, sous tutelle du ministère de l’Environnement, a mobilisé 32 millions de dollars l’année dernière, passant pour la poule aux œufs d’or aux yeux des prédateurs des fonds publics. Et ce, jusqu’à ce que l’IGF ne s’interpose et contraigne le Conseil d’administration du FFN à bloquer les débits de tous les comptes bancaires de cet établissement public.
A la Gécamines, Alingete et ses hommes ont été intraitables en reconduisant, le 15 décembre dernier, la mesure consistant à geler tous les paiements en faveur des administrateurs auteurs du détournement de 10 millions de dollars, tous contraints de rembourser la somme. Juste au débit de son mandat, le gendarme avait fait part de la gestion calamiteuse de cette entreprise publique avec près de 500 millions de dollars dilapidés sous le règne de Kabila.
Plusieurs autres dossiers rejoignent ce lot. Notamment les marchés juteux de Milvest -aéroport de N’Djili avec 1,2 milliard de dollars, le Centre financier 400 millions de dollars, Kinshasa Arena 105 millions-, le Libanais Kanaffer qui avait le marché de livraison des bulletins scolaires à l’EPST avec Tony Mwaba pour 40 millions de dollars et qui a été défenestré par Alingete en récupérant 8 millions de dollars auprès de sa société, Akula Africa, ainsi que le projet forages et lampadaires.
Les conclusions des enquêtes de l’IGF au sujet de ces différents projets ont toujours fait l’objet des contestations diverses avant que les faits, sacrés et têtus, ne viennent remettre chaque acteur et chaque chose à sa place, donnant raison aux inspecteurs des finances et à leur commandant en chef. Plus d’une fois, Alingete, loin d’être un justicier, a sauvé les comptes du Trésor face aux initiatives de nature à les faire saigner à blanc au moyen des détournements, surfacturations et autres combines assassines. Pendant ce temps, que de ministres, gouverneurs et mandataires envoyés hors circuit. Que de réseaux mafieux désactivés.
Malgré ce rôle ô combien salvifique pour la santé financière actuelle et future de la République, il passe pour l’homme à abattre. Une attitude qui ne laisse indifférente une certaine catégorie de la classe élitiste RD-congolaise, non susciter, dans son chef, une suite d’interrogations.