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Mukwege prêche l’éveil patriotique et la résistance contre la balkanisation

«Debout congolais, la liberté se gagne tous les jours. Et malgré toute ta souffrance, ta réserve d’énergie peut encore te permettre de battre pour ta liberté et ton destin qui sont entre tes mains», lance le docteur fondateur de l’Hôpital Panzi, dans la ville de Bukavu
La RD-Congo a célébré vendredi 30 juin 2017 le 57ème anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. A cette occasion, plusieurs messages ont été adressés au peuple RD-congolais. Le docteur Denis Mukwege s’est, lui aussi, soumis à cet exercice. Dans une vidéo diffusée sur internet, le docteur réputé réparateur des femmes a rappelé aux RD-Congolais que l’indépendance comme la liberté se conquièrent tous les jours. Ainsi, il a invité le peuple à défendre ces deux valeurs.
C’est dans une vidéo de 18 minutes et 57 secondes postée vendredi 30 juin 2017 sur «Youtube» que le docteur-fondateur de l’Hôpital général de Panzi, près de Bukavu, Denis Mukwege, s’est adressé aux RD-Congolais. Après avoir souligné que la construction, la consolidation de la paix et de l’indépendance de la RD-Congo passent par l’effort de tous, Mukwege a tiré la sonnette d’alarme: «celui qui essaye de balkaniser la RD-Congo sur la base ethnique pour ses intérêts mercantiles, sa place est devant les Cours et tribunaux car les pertes humaines seront incalculables». Il a motivé la jeunesse RD-congolaise à s’approprier son histoire du pays afin d’éviter les erreurs du passé et de prendre définitivement son destin en mains. «L’indépendance c’est la dignité d’un peuple, être libre à jamais. La jeunesse RD-congolaise a besoin de se mobiliser, de prendre son destin en mains, d’arracher sa liberté et de se créer une nouvelle itinéraire», a-t-il lancé. Et de lâcher: «notre hymne Debout Congolais est la charnière entre les deux époques qui caractérisent notre histoire et explique notre présent… Après l’indépendance, nos différents Présidents ont toujours géré le pays comme leur propriété privée, s’intéressant aux ressources naturelles et à l’enrichissement personnel, et non au peuple». 57 ans après l’indépendance du RD-Congo, a-t-il précisé, le Coltan a remplacé le caoutchouc, mais le système d’exploitation est resté le même, et que, dans les deux cas, les RD-Congolais ont été massacrés par million. Pour lui, l’histoire dramatique de la nation RD-congolaise ne fait que se répéter par manque du travail de mémoire. «Unis par le sort», dit l’hymne national, Mukwege a appelé les RD-Congolais à considérer cette unité comme une opportunité et non une menace.
Toute tentative de balkanisation vouée à l’échec
«En 1960, nous étions moins mixés entre régions, mais malgré cela, la sécession katangaise avait échoué», a fait remarquer le docteur tout en soulignant qu’aujourd’hui, toute tentative de balkanisation est vouée à l’échec, car la RD-Congo est plus mixée, et est en train de construire son identité très solide. Le peuple RD-congolais est un peuple, a-t-il considéré, avec tout ce que le concept implique à l’instar des Américains, Français, Belges et autres. «Celui qui essaye de balkaniser la RD-Congo sur la base ethnique pour ses intérêts mercantiles, sa place est devant les Cours et tribunaux, car les pertes humaines seront incalculables», a-t-il tapé. En outre, Mukwege soutient qu’il est utopique de penser qu’une classe des RD-Congolais doit continuer à vivre dans l’extravagance, des jets privés, des villas à la Côte d’azur, alors que le peuple doit travailler péniblement et manger par alternance.
Une forme d’esclavage moderne
Pour le Dr. Mukwege, il est inconcevable que le pays ait une légion de diplômés et d’universitaires qui ne soient pas associés à l’effort pour l’indépendance économique de la nation. «Comment pouvons-nous dresser notre front lorsque notre jeunesse vit un chômage endémique? Ne dit-on pas que le travail anoblie l’homme? Comment pouvons-nous vivre digne si nous vivons jusqu’à 40 ans sous le toit de nos parents?», s’est exclamé le réparateur des femmes, qualifiant cela d’une forme d’esclavage moderne. C’est par la création d’emplois, a-t-il martelé, que la jeunesse peut travailler dans un climat de paix favorable aux affaires, attirant les investisseurs et encourageant les start-up, afin de prendre le plus bel élan.
«Tout n’est pas encore perdu…»
A en croire Mukwege, le contraste social du peuple RD-congolais est tout simplement révoltant. Selon lui, la fierté d’être RD-Congolais est entamé et le pays devient la risée du monde entier. Il croit en même temps que tout n’est pas encore perdu, du fait que la capacité de sursaut d’éveil patriotique peut faire la différence et restituer sa dignité et sa fierté au pays de Lumumba. Le médecin général de l’Hôpital général de Panzi a aussi exhorté le gouvernement de la République à évoquer également la notion de la souveraineté de l’Etat RD-congolais quand il faut ouvrir des enquêtes internationales pour les crimes commis à l’intérieur du pays que d’en évoquer que lorsque les personnalités politiques et militaires sont frappées par des sanctions internationales. Sachant que la RD-Congo est la cible systématique de ses ennemis, tant ceux de l’intérieur que de l’extérieur du pays, il a confirmé que les RD-Congolais sont liés aujourd’hui à leur nation et résistent contre toute tentative de désintégration. «Debout Congolais, la liberté se gagne tous les jours. Et malgré toute ta souffrance, ta réserve d’énergie peut encore te permettre de battre pour ta liberté et ton destin qui sont entre tes mains», a conclu Denis Mukwege.
Schilo TSHITENGA
René KANZUKU

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