Diplomate américaine, membre du Parti démocrate et ambassadrice des États-Unis auprès des Nations-Unies depuis le 23 février 2021 sous la présidence de Joe Biden, Linda Thomas-Greenfield a pris la parole mercredi au Conseil de sécurité pour parler de la situation en RD-Congo. Linda Thomas s’est montrée vent debout contre les attaques continues des groupes armés et le trafic illégal des ressources naturelles alimentant et finançant les activités qui menacent, directement et chaque jour, la vie des populations de l’Est du pays.
Elle a indiqué que les États-Unis soutiennent le processus pour plus de protection et de renforcement de la liberté d’expression, qui est essentielle à un processus électoral crédible. “Et nous sommes prêts avec le Conseil à veiller à ce que nos partenaires gouvernementaux de la RD-Congo disposent de tous les outils dont ils ont besoin pour planifier et organiser des élections libres, justes, transparentes, opportunes, sûres et inclusives”, a souligné la diplomate américaine, envoyant un message clair à Kinshasa.
Dans certains milieux politiques, l’intervention ferme de Linda Thomas fait dire que Washington a fait du dossier 2023 son dossier personnel au Conseil de sécurité. Pertinent compte tenu de la stature de cette personnalité chargée de porter la voie des États-Unis aux Nations-unies.
Linda Thomas-Greenfield a occupé successivement les postes de sous-secrétaire adjointe à la population, aux réfugiés et à la migration entre 2004 et 2006, 43e ambassadrice des États-Unis au Libéria entre 2008 et 2012, directrice générale du Service extérieur des États-Unis entre 2012 et 2013, puis secrétaire d’État assistante aux Affaires africaines entre 2013 et 2017.
Merci, Madame la Présidente. Et merci, RSSG Keita, pour votre exposé et pour votre engagement dans votre mission. Je souhaite également la bienvenue à notre collègue, le Représentant permanent de la RDC, ici aujourd’hui. Et permettez-moi également d’exprimer des inquiétudes concernant le rapport de l’avion abattu. Condoléances pour toute perte de vie. Et ce n’est qu’une preuve de plus du danger extraordinaire auquel les troupes de la MONUSCO sont confrontées en travaillant en RDC.
Madame la Présidente, je voudrais utiliser mon temps aujourd’hui pour discuter des récentes attaques dans l’est de la RDC ; nos efforts pour eliminer les réseaux d’exploitation illicite des ressources ; la planification de la transition et l’élection de 2023 ; et la conduite des soldats de la paix.
Avant tout, les États-Unis condamnent fermement les attaques continues des groupes armés – y compris ISIS-RDC, également connu sous le nom de Forces démocratiques alliées, et la Coopérative pour le développement du Congo. Nous sommes préoccupés par les graves menaces que font peser sur les civils les groupes armés disposant de réseaux dans toute la région.
Comme le note le rapport du Secrétaire général, il s’agit également d’un M23 potentiellement reconstitué et de groupes armés burundais. Nous avons été particulièrement troublés, comme d’autres l’ont mentionné, par les récentes attaques dans le camp de personnes déplacées de Plaine Savo dans la province d’Ituri. Là, aux dernières heures du 1er février, les assaillants du CODECO ont massacré plus de 60 personnes, principalement des femmes et des enfants, avant que la MONUSCO n’intervienne conjointement avec les forces armées de la RDC pour repousser l’assaut.
Les États-Unis tiennent en haute estime le travail des ONG et des défenseurs qui se donnent beaucoup de mal pour faire la lumière sur ces types d’attaques et d’abus contre des civils, qui ciblent souvent des groupes ethniques particuliers. Et nous sommes heureux de voir la RSSG et son équipe réfléchir de manière critique à la manière de renforcer les forces de la MONUSCO, notamment par une utilisation accrue des déploiements de combat permanents, afin de mieux protéger les populations vulnérables de la RDC.
À cette fin, les États-Unis saluent les premières mesures prises par les FARDC, les Forces de défense du peuple ougandais et la MONUSCO pour parvenir à une communication et à une coordination des troupes efficaces. Nous exhortons toutes les parties à mettre pleinement en œuvre la coordination convenue. Nous continuons également d’exhorter les États membres à maintenir le respect des résolutions de sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies et de toutes les obligations pertinentes en vertu du droit international dans la conduite de toutes les opérations transfrontalières à l’est.
Deuxièmement, tous ceux qui sont assis ici dans cette salle et qui se connectent aujourd’hui savent très bien que le trafic illégal des ressources naturelles dans l’est de la RDC et les régions transfrontalières alimente et finance directement des activités qui menacent la vie des Congolais chaque jour. Ces ressources devraient plutôt être utilisées pour construire un avenir pour le peuple de la République démocratique du Congo. Nous sommes préoccupés par la conclusion du rapport du Secrétaire général selon laquelle, dans les régions du Sud-Kivu, il y a une présence accrue des groupes armés qui sont liés aux groupes criminels régionaux qui orchestrent l’exploitation minière illégale. Nous devons mettre un terme à cela. C’est pourquoi nous restons déterminés à travailler avec les États membres pour faire un usage robuste du régime de sanctions 1533 du Conseil de sécurité des Nations unies sur la RDC. Les sanctions imposées par les États-Unis à Alain Goetz et à son réseau démontrent notre volonté de déterrer et de perturber les réseaux de ceux qui en tireraient profit aux dépens de la sécurité et du développement du pays et de leur peuple.
Troisièmement, nous saluons la coordination en cours entre la MONUSCO, le gouvernement de la RDC et tous les partenaires, y compris les autorités provinciales, pour opérationnaliser le plan de transition de la MONUSCO. Et alors que nous pensons à l’avenir, je sais que de nombreux yeux se tournent vers les élections prévues pour décembre 2023. À cette fin, les États-Unis soutiennent le processus pour plus de protection et de renforcement de la liberté d’expression, qui est essentielle à un processus électoral crédible. Et nous sommes prêts avec le Conseil à veiller à ce que nos partenaires gouvernementaux de la RDC disposent de tous les outils dont ils ont besoin pour planifier et organiser des élections libres, justes, transparentes, opportunes, sûres et inclusives.
Quatrièmement et enfin, nous ne devons pas perdre de vue, dans le contexte de la MONUSCO, un combat que nous continuons à mener à travers les opérations de terrain de l’ONU : et qui met fin à l’exploitation et aux abus sexuels. Rien qu’en 2021, la MONUSCO a reçu des rapports sur 23 allégations d’abus et exploitations sexuelles perpétrées par le personnel de l’ONU. Je sais que l’équipe Déontologie et discipline de la mission travaille dur pour traiter et enquêter sur ces allégations. Et j’espère que les pays dont le personnel est accusé travaillent tout aussi dur pour tenir les auteurs responsables lorsque les allégations sont fondées.
Entre les récentes attaques, l’exploitation minière illégale, les élections de décembre 2023, le rôle de la MONUSCO est plus important que jamais. Nous sommes impatients de continuer à discuter de ce rôle et de suivre tous les progrès dans les semaines à venir.
Merci, Madame la Présidente.