«Compromis à l’africaine». Voici l’une des phrases qui fait jaser. Après Jean-Yves le Drian et Corneille Nangaa, c’est le tour d’Emmanuel Macron de remémorer les résultats des élections du 30 décembre 2018 en RD-Congo. Dans les microcosmes politiques de la ville basse, les vertébrés de première heure ne font que décrypter des phrases qualifiées des venins, issues de la conférence de presse conjointe tenue par les deux Chefs d’Etat français et RD-congolais et qu’ils saluent pour avoir été révélatrice.
La polémique est vive. Très vive même. Après l’intervention de l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, Corneille Nangaa, dans «Jeune Afrique», le Président français Emmanuel Macron a rappelé «le contexte des élections de 2018» et confirmé la thèse du «compromis à l’africaine», mieux de l’accord politique comme «unique source de légitimité de Tshisekedi».
En fait, tout est parti de la question d’une journaliste de l’Agence française de presse -AFP- à Emmanuel Macron rappelant la célèbre phrase de l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, en 2019 qui avait évoqué «un compromis à l’africaine» comme pour dire que les résultats de l’élection présidentielle de 2018 annoncé par la CENI étaient le fruit d’un arrangement politique entre le président sortant et entrant. A cette question à problème, Macron était très laconique: il n’y avait «aucune raison que les prochaines élections en RD-Congo ne soient pas organisées».
Et la réaction du Président Félix Tshisekedi n’a pas tardé. «Votre façon de voir les choses, Madame, lorsqu’elles se passent en Afrique, c’est ce qui doit justement changer dans nos rapports avec la France en particulier, l’Occident en général. Lorsqu’il y a des irrégularités aux élections américaines, on ne parle pas de compromis à l’américaine. Lorsqu’en France, dans les années Chirac, il y eu scandale sur les électeurs décédés qu’on a fait voter, on ne parlait du compromis à la française. Il doit y avoir du respect dans la considération que ne devons les uns envers les autres. Regardez nous autrement en nous considérant comme de vrais partenaires et non pas toujours avec un regard paternaliste», a fait remarquer le Président RD-congolais.
Cette réplique de Félix Tshisekedi n’a pas contenté non plus Emmanuel Macron qui a ajouté son «commentaire au commentaire» avant de rétorquer en ces termes: «beaucoup de malentendus avec ce jeu de ping-pong. Quand il y a des problèmes électoraux aux Etats-Unis ou en France, la presse en parle française, elle les dénonce, elle les explique, elle s’en saisit. Elle en parle de manière aussi intraitable qu’elle le fait lorsqu’elle parle de vous. Donc, il n’y a pas de double standard».
Et d’ajouter: «ne croyez pas que c’est l’irrespect, ce n’est pas vrai. Quand un ou deux journalistes français posent des questions, ce n’est pas le gouvernement français. Il ne faudrait pas tout confondre. Toutes ces phrases font jaser dans les salons huppés de la ville haute. Même de la ville basse ou dans les débits des boissons des quartiers populaires de la capitale RD-congolaise. Même le RD-Congolais lambda qui a suivi la conférence de presse a bien compris le sens du terme «compromis à l’africaine» ou l’accord politique comme «unique source de légitimité du pouvoir issu des élections de 2018 surtout qu’Emmanuel Macron n’a fait que confirmer la thèse déjà évoquée par Corneille Nangaa dans une des éditions de «Jeune Afrique». Vive la polémique!