Après l’artiste musicien Georges Kiamuangana Mateta alias Verckys Vévé, décédé le jeudi 13 octobre 2022, la RD-Congo a perdu une perle, une icône de sa musique moderne: Elisabeth Tshala Muana. La nouvelle du décès de «Mamu nationale», mieux de la «Reine de Mutwashi», tombée samedi 10 décembre 2022, a suspendu le temps au point de plonger des milliers d’âmes dans un profond chagrin. Hormis sa carrière musicale, couronnée de succès, Tshala Muana a été militante de premières heures de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo -AFDL- avec son Regroupement des femmes congolaises -REFECO-, puis membre co-fondatrice du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie -PPRD- et présidente honoraire de la Ligue des femmes du PPRD.
Dans sa carrière musicale, Tshala Muana a fait ses débuts très jeune, en collaborant avec les grands arrangeurs et musiciens de la scène musicale tels que Souzy Kaseya, Bibi Den’s, la défunte Abeti Masikini, peu avant de rejoindre Mpongo Love avec ses «Tsheke Tsheke love» et de s’installer à Paris et à Bruxelles.
C’est en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, sur les terres de Houphouët Boigny et Thomas Sankara, qu’elle a connu son ascension fulgurante notamment avec le tube de «Mpokolo», sorti en 1985.
Poursuivant sur la même lancée, Tshala Muana a fait mouche en signant un nouvel opus «Kagnugnu» puis le single «Amina».
Ses œuvres ont fait danser l’Afrique entière jusqu’aux Caraïbes. Ce fût le cas avec «Mbanda Matière» qui a fait bouger les lignes en 1983, peu avant «45 tours à Paris», «Nasi nabali» et «Kami» en 1985. En 1986, elle a mis sur le marché du disque «Mbombo». Une année après, soit en 1987, elle a produit le single «Antidote». Son rythme frénétique, puisé dans le folklore Luba du Kasaï, a fait d’elle la «Reine de Mutwashi», et lui a procuré un style assez particulier.
Après un break pour des raisons politiques, Elisabeth Tshala Muidikilayi est revenue sur scène avec «Pika Pende» en 1999 et «Dinanga» en 2002.
Un an plus tard, elle a signé «Malu» puis «Tshanza» en 2005. Ces deux sons ont fracassé les oreilles et les esprits des mélomanes. Des chansons extraordinaires qui ne cessent encore d’émerveiller même ceux qui ne sont pas des lubaphones.
C’est peu après qu’elle a produit l’album à double volume intitulé «Mamu nationale» en 2006. Une année après, elle a lancé «Tshikuna fou». Le succès de l’album en deux volumes de la Mamu nationale, produit en 2008, «Enkor et Toujours» peu avant de lancer un album en 2009 en featuring avec Meje 30, intitulé «Sikila».
En 2015-2016, Tshala Muana a lancé «Lunzenze» et l’année suivante «Cours des grands».
Dans cette médiathèque de la Mamu nationale l’on archive également des chants patriotiques à la gloire de son parti politique PPRD et de son leader Joseph Kabila Kabange. Les FARDC ont également été encouragées à travers les chants de Tshala Mwana, du fait de leur engagement au front contre nos ennemis et agresseurs de la République. «Ingratitude» est son dernier chef d’œuvre qui lui a causé des ennuis avec les services de renseignement de la République.
Au regard de ce parcours et une carrière élogieuse, Tshala Mwana mérite les hommages dignes d’une compatriote qui a fait flotter le drapeau de la République au-delà des frontières nationales et continentales. Ces hommages, Marie Olive Lembe les lui rend dans la résidence familiale où s’organise le deuil en attendant les obsèques. C’est à 64 ans, que la Reine de Mutwashi a choisi d’inscrire son nom sur la longue liste de ses collègues artistes ayant cassé la pipe.
Tshala Mwana est un patrimoine national et artiste intemporel de l’humanité. Elle a été sur la même scène que plusieurs musiciens de renom à l’instar de la Sud-africaine Miriame Makeba, Aisha Kone, Jocelyne Beroard, Angélique Kidjo, Nayanka Bel.
C’est à juste titre qu’elle est en droit d’être admise à l’ordre national des Héros nationaux Kabila-Lumumba. Que la terre de nos ancêtres lui soit douce et légère.
Pius Romain Rolland
