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Mwimba Texas: «Des critiques des autres m’ont permis de faire un nom dans ce pays»

Longtemps marginalisés par la société et considérés comme possédants des pouvoirs mystiques dans certaines parties de leur anatomie, les albinos sont souvent obligés de se battre pour s’affirmer dans la société. Alphonse Mwimba Makiese, dit Mwimba Texas en a fait sa priorité. «L’albinisme n’est pas un frein aux efforts personnels quant à la recherche d’une vie meilleure. Les gens me disaient que je n’étais capable de rien. Mais aujourd’hui, je suis chevalier des ordres nationaux», a déclaré Mwimba Texas au cours d’une interview accordée à «AfricaNews».

Comment vivez-vous votre albinisme?

Déjà pendant l’enfance, il est difficile à un albinos de vivre dans un cercle d’amis. Tout le monde vous rejette avec sa cohorte de conséquences. C’est quelque chose qui vous marque à vie. Heureusement, pour moi, mon frère cadet albinos m’a aidé à me décomplexer. Nous avons affronté ensemble les préjugés. Mais la discrimination dont nous sommes victimes est quasi permanente. On nous considère à tort encore comme des êtres «diaboliques». Même quand vous voulez vivre outre ces présomptions, il y a toujours quelqu’un qui vous indexe. Mais cela ne m’a pas découragé pour autant car je suis tout d’abord un être humain et je me devais d’agir ainsi. J’ai commencé d’abord par la mécanique, puis je me suis adonné à la pratique sportive, notamment en karaté, self-défense, lutte gréco-romaine… On me disait: tu ne peux rien, tu es trop fragile… Aujourd’hui, je suis chevalier des Ordres nationaux, instructeur dans l’armée RD-congolaise, catcheur hors du commun et invaincu. Et je veux partager ma réussite avec les albinos, à travers la Fondation Mwimba Texas.
Quelles sont les difficultés que rencontre votre fondation?
Les difficultés sont plus financières. Nous aimerions faire plus, mais nos moyens sont très limités. Ce qui rend particulièrement difficile l’acquisition de certains articles tels que les crèmes solaires, les chapeaux, les parasols. L’accès à certains coins de la ville nous semble compliqué suite à l’état mécanique de notre véhicule.
Quel bilan dressez-vous de vos activités?
Le bilan positif, malgré la modicité des moyens. En somme, je m’étais assigné comme mission de prendre en charge les albinos et autres personnes vulnérables, et de les motiver afin de ne pas se laisser abattre par les conditions physiques. Chose qui est en train de se réaliser. J’organise aussi des combats philanthropiques dans des prisons ou dans les camps militaires pour les blessés. Nous leur apportons également des denrées alimentaires de base.
Le gouvernement vous accompagne-t-il dans vos activités?
En toute sincérité, non! Une fois, après mon voyage en Europe en 2012, le Premier ministre Matata Ponyo nous a soutenus en donnant des instructions pour le remboursement de mon billet d’avion. A part ça, nous nous efforçons tant bien que mal de mener ce combat avec quelques partenaires tel que le Centre Wallonie-Bruxelles. Je sollicite vivement l’implication des autorités, des personnes de bonne volonté et d’autres partenaires afin d’améliorer les conditions de vie des albinos. Etant donné que les albinos ont les mêmes facultés et capacités que tout être humain, la différence dans la pigmentation de la peau liée au manque de la mélanine ne les diminue en rien. Cela s’illustre par moi-même qui suis le catcheur RD-congolais invaincu au terme des 652 combats de ma carrière. Je suis chevalier des Ordres nationaux. Cela veut dire que le catch RD-congolais se trouve entre les mains d’un albinos.
Quel est votre message le plus ardent?
D’abord, je m’adresse aux albinos en leur demandant de prendre exemple sur moi. L’albinisme n’est pas un frein aux efforts personnels quant à la recherche d’une vie meilleure. Bien au contraire, ce que les autres considèrent comme notre faiblesse, doit plutôt être notre force. Là, il va falloir se relever et être fort. Nous devons nous accepter tels que nous sommes et nous faire accepter. A tout le monde, je dis simplement merci. Nous avons besoin de vous afin d’améliorer les conditions des albinos.
Propos recueillis par Brice NLANDU

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