Culture

Marché Bikeko, un précieux trésor culturel abandonné

Créé en 1958, le Marché Bikeko, symbole de l’industrie créative de la ville de Kinshasa, est le lieu par excellence où se procurer les œuvres de l’artisanat kinois. Situé à la Place Royale, dans la commune de la Gombe, le marché Bikeko ne traine plus de monde alors que les artisans se plaignent du manque d’accompagnement des autorités publiques.
Ce marché a connu plusieurs emplacements dans la ville de Kinshasa durant la période précoloniale. D’abord, il se situait à l’emplacement actuel de la commune de la Gombe, puis dans les débuts des années 60, le marché Bikeko se localisait sur la Place des Braconniers au niveau des Galeries présidentielles. Par après, il s’est implanté à la Place de la Gare centrale. Lors du 50ème anniversaire de l’indépendance de la RD-Congo, le gouvernement avait décidé de délocaliser une fois de plus le marché à la Place de la Gare en vue de la réhabilitation de cet endroit.
Actuellement, le marché Bikeko se situe à la Place Royale, au niveau de l’Espace Maïsha Park. Cette énième délocalisation a emporté avec elle la clientèle qui est devenue de plus en plus rare; et les artistes affirment en souffrir. «Nous pouvons comprendre la volonté des autorités de réhabiliter la Gare centrale, mais cette décision nous a été préjudice. Les choses ont beaucoup changé depuis que nous sommes ici», a déploré Guy, qui vend ses sculptures depuis plus de dix ans. L’artiste avec tous ses collègues se sentent comme des laissés-pour-compte des autorités nationales. «Le nouveau ministre de la Culture et des arts, Sylvain Maurice Masheke, nous a promis de nous visiter dans les prochains jours. Nous l’attendons avec impatience, car nous avons grand besoin de son implication pour venir à bout des divers problèmes dont nous sommes victimes», a poursuivi l’artiste sculpteur.
Des forums et rencontres
Des maux, les artisans vendeurs au Marché Bikeko en rencontrent de tout genre. Le principal est la baisse de vente. Les vendeurs affirment que le marché des œuvres artisanales a dégringolé dû à la baisse du pouvoir d’achat des RD-Congolais et le départ des certains expatriés au mois de décembre 2016. «Nos clients sont désormais des Chinois qui viennent plus en acheter ainsi que certains RD-Congolais de la Diaspora qui viennent en masse s’en procurer à la fin de leurs séjours pour apporter des cadeaux à leurs amis habitant l’étranger», a confié un autre vendeur. Puis d’ajouter: «les RD-Congolais prennent du temps pour faire des achats mais la clientèle n’est pas aussi fréquente que dans les années précédentes».
Un marché mal administré
Sur le plan administratif, les vendeurs estiment que leur marché est mal administré. «Il faudrait que l’administration du marché soit recyclée. La gestion de ce marché est calamiteuse. Par exemple, l’ordre des tables pour les vendeurs n’est pas respecté et cela crée le désordre ainsi que l’incompréhension entre nous», a suggéré Guy. Pourtant, ce marché a été, dans les années 90, le lieu par excellence des touristes. «Nous souhaitons que notre marché soit comme les autres marchés du continent africain voire du monde. Les autorités doivent valoriser le domaine de l’art parce que la culture est notre identité», a déclaré l’ébéniste Christian. Les vendeurs espèrent que, dans les prochains jours, le gouvernement pourra réorganiser le secteur de l’artisanat RD-congolais en initiant les forums, rencontres et ateliers dans le but de mieux rehausser la notoriété de ce secteur et de ce marché en RD-Congo et en Afrique.
Harmony FINUNU

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