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«Guérir le Congo du mal zaïrois» de Daniel Mukoko Samba porté sur les fonts baptismaux

Cet ouvrage de plus de 300 pages met en exergue le mal zaïrois, cette espèce d’incapacité innée de l’Etat RD-congolais à mettre en œuvre les politiques publiques annoncées. C’est également une analyse sans complaisance des facteurs explicatifs du contraste en RD-Congo entre les riches dotations en ressources et l’étendue de la pauvreté humaine. Pour l’auteur, qui l’a dédié au feu Professeur Jacob Sabakinu, cet ouvrage est beaucoup plus interpellateur que provocateur, malgré son titre.

Ici, l’auteur appelle les RD-Congolais à une prise de conscience collective pour réajuster la gouvernance du pays et partant, mettre fin au sous-développement qui s’apparente à une fatalité. Son souci majeur est que chacun en discute afin de voir comment «nous pouvons sortir notre pays de cette situation». En effet, pour Daniel Mukoko Samba, le terme mal zaïrois symbolise sur le plan scientifique, l’impuissance de l’action publique, en ce sens que l’Etat RD-congolais, non seulement est incapable de concevoir les politiques publiques qu’il faut, mais aussi d’aller jusqu’au bout dans la mise en œuvre de celles-ci.

La cérémonie était de taille. Le décor planté était à la hauteur. L’hôtel Rotana, cadre choisi pour abriter le vernissage du livre intitulé «Guérir le Congo du mal zaïrois», œuvre du Professeur Daniel Mukoko Samba était plein de monde. La salle a vibré au rythme d’un grand rendez-vous scientifique avec la présence remarquable de plusieurs épaules galonnées du monde du savoir.

Professeurs d’universités, personnalités politiques de haut rang, ambassadeurs, chercheurs et autres curieux scientifiques ont pris d’assaut ce cadre prestigieux en vue d’assister à l’événement. L’ordre du jour prévoyait au total trois intervenants et non de moindre, y compris le Professeur Florentin Mokonda Bonza pour procéder au baptême proprement dit du livre. Le premier à prendre la parole c’était Léonard Kabeya Tshikuku, docteur en Economie et Professeur à l’Université de Kinshasa -UNIKIN.

Appelé à faire un commentaire sur le plan essentiellement économique, cet ancien recteur de l’Université de Mbuji-Mayi a navigué dans les eaux profondes de sa discipline scientifique, avec une maitrise qui convient. Ayant décortiqué l’ouvrage avec empressement et délectation, comme il l’a dit lui-même, le premier intervenant a décelé, à partir des étapes de l’histoire économique de la RD-Congo, les causes du marasme économique dans lequel ce pays continue à sombrer, et ce, depuis les temps immémoriaux.

Dans son commentaire, l’orateur explique que ce livre pose deux questions. D’abord, quelle est en définitive le bilan de la gestion de notre indépendance, de 1960 à nos jours? Et deuxièmement, ce sont les attentes et les exigences de l’auteur vis-à-vis des politiques, notamment en ce qui concerne la refondation de la RD-Congo. Pour ce faire, a-t-il dit, l’auteur donne plusieurs bilans au travers d’un certain nombre d’étapes. Un peu partout, c’est l’absence quasi-totale des progrès sur le plan du développement. La prédation, l’échec des plans de redressement de l’Economie, la zaïrianisation de triste mémoire, les ratés dans le domaine des réformes, même les plus petites, et le tout pendant que le pays est en pleine descente aux enfers.

Pour lui, il est temps que l’on y réfléchisse pour trouver des remèdes appropriés. Le Professeur Kaumba Lufunda Samajiku, c’est le deuxième intervenant. Il est philosophe et ancien recteur de l’université de Lubumbashi. Son commentaire a pris comme angle le contexte philosophique. D’emblée, le Congo est un malade chronique, il faut le guérir, a-t-il martelé, poursuivant que le Congo d’aujourd’hui est un pays qui affiche tous les indices du sous-développement. Il a eu les mots qu’il faut afin de présenter au public tous les épisodes de la maladie chronique dont souffre la RD-Congo, depuis même la guerre mondiale où les ressources du Congo ont été à la base du tiraillement entre les grandes puissances. Chacune cherchant à y avoir accès. Le deuxième intervenant a dit poser la question à partir de là où l’auteur s’est arrêté. C’est-à-dire, «il ne suffit pas de dire que ça ne marche pas, mais il faut préconiser les moyens pour faire changer la situation. C’est ainsi qu’il a évoqué l’implication du pouvoir coutumier comme une tentative de remède. Pour lui, à cause de la configuration des populations souvent à la base des conflits coutumiers, il est impensable au Congo qu’un pouvoir soit détenu par un seul leader.

Ce professeur propose d’assurer désormais la destination universelle des biens ou des richesses du Congo comme solution pour vaincre la difficulté réelle du statut épistémologique de l’économie du développement. Le Congo a raté tous les rendez-vous à cause de la prédation, c’est pourquoi le mal zaïrois est bien là, il est bien enraciné dans notre environnement, a dit le deuxième orateur.

Mokonda pour baptiser l’ouvrage

L’un des temps forts de la cérémonie a été le baptême de l’ouvrage par le professeur Mokonda Bonza, sénateur et ancien directeur de cabinet de feu le maréchal Mobutu. Séduit lui aussi par la qualité de cet ouvrage, il n’a pas manqué les maux: «Le livre retrace nos échecs, nos faiblesses, mais aussi la prédation qui gangrène notre société. Ne nous décourageons pas. Car, ce pays, avec toutes ses potentialités, a de l’avenir. Il nous faut seulement avoir des dirigeants qu’il faut».

C’était pour lui le lieu et le moment de souhaiter à l’ouvrage, longue vie et plein succès. Le Professeur Daniel Mukoko a pris la parole après cette cérémonie clef, afin de remercier l’assistance d’être venue si nombreuse. Pointant du doigt la mauvaise politique de nos dirigeants pour que le pays arrive là où il est, il s’est dit optimiste quant au renversement de la tendance.

Pour l’auteur, il n’est le premier à écrire sur le mal zaïrois, mais il s’est inspiré des autres, après avoir lu leurs articles. Il n’a pas omis de rendre hommage au défunt Professeur Sabakinu de qui il a beaucoup appris sur la transformation sociétale et l’humilité dans les rigueurs scientifiques. Après cette étape, le public a été immédiatement convié à faire des dédicaces avant de se procurer cet ouvrage dont l’exemplaire s’est vendu à 100 dollars. Et beaucoup se le sont procurés avant de vider les lieux. 

JeJe MBUYAMBA

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