Le Haut Représentant honoraire lassé de supplier le Comité Kwandja pour ses USD 500.000 investis dans le fonctionnement avant l’ouverture de la ligne budgétaire et le paiement des arriérés de salaires et indemnités de sortie de ses équipes, évalués autour d’USD 1,8 million, alors que le groupe français Civilia a presque bouclé la procédure d’assignation du pays devant les instances judiciaires internationales pour 1,5 million d’euros…
Catastrophe en vue. A 23 jours de l’ouverture des IXèmes Jeux de la Francophonie, de nouveaux dossiers sales viennent éclabousser le Comité national des Jeux de la Francophonie -CNJF. Le Comité d’organisation baignerait dans un océan de dettes, selon plusieurs documents de comptabilité consultés par AfricaNews. Didier Tshiyoyo, ancien Haut Représentant du Chef de l’Etat aux IXèmes Jeux de la Francophonie, réclame, pour sa part, plus de 500.000 dollars américains, représentant des financements de certaines factures sur fonds propres, et quelques 1,8 million de dollars répartis entre arriérés de salaire et indemnités de sortie de l’ancienne équipe.
Dans sa démarche tendant à obtenir réparation, Didier Tshiyoyo a saisi à plusieurs reprises le gouvernement de la République à travers le VPM en charge des Affaires étrangères et Francophonie à qui il a prié de «donner une suite favorable» à des revendications «d’ordre basique» et «légitimes». Dans sa dernière missive, datant du 1er juin, Didier Tshiyoyo avait posé un ultimatum de 30 jours au gouvernement pour honorer ses engagements alors que tous les justificatifs sont «répertoriés et détaillés dans les livres comptables du CNJF accompagnés de tous les soubassements correspondants» et transmis au nouveau comité lors de la cérémonie de remise et reprise du 08 novembre 2021.
Selon des sources concordantes, Isidore Kwandja a été entendu par les services d’intelligence et a tenté de nier dans un premier temps l’existence de ces justificatifs. Devant l’évidence, il n’a eu d’autres choix que d’acquiescer. L’ultimatum ayant expiré, Tshiyoyo a décidé de mettre sa menace en exécution en recourant «à un support juridique adéquat».
C’est auprès de la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie -OIF- que l’ancien patron des IXèmes Jeux de la Francophonie est parti plaider sa cause en dénonçant une «violation flagrante» des engagements pris par les autorités de la RD-Congo à travers le «non-paiement des créances liées auxdits jeux» et ce, en dépit des «rappels répétés» dans des correspondances «restées sans réponses». Ces violations, alerte Tshiyoyo, pourraient engendrer de «graves conséquences» sur «l’image et la réputation nationales et internationales des Jeux de la Francophonie».
Article 5 de la charte de l’OIF, cette épée de Damoclès
La saga administrative qui débute vient ainsi entamer une réputation déjà fébrile de ce rendez-vous de Kinshasa alors que des délégations boudent d’envoyer leurs athlètes, à l’instar du Québec et du Nouveau Brunswick. Ces deux Etats ont décidé de boycotter l’édition kinoise des Jeux de la Francophonie. Wallonie-Bruxelles a pris la résolution de participer aux épreuves culturelles alors que la France va finalement envoyer des athlètes de basse catégorie. Aussi, cette saga se présente comme une vraie entorse à l’organisation de cette fête de l’espace francophone alors que l’article 5 de la Charte de l’OIF préconise la suspension des Jeux «en cas de litige en cours lié auxdits Jeux». Toutefois, Didier Tshiyoyo dit rester «ouvert à un dialogue constructif» en vue d’une «résolution rapide de cette situation délicate».
Comme si cela ne suffisait pas, une autre inconnue dans l’équation d’Isidore Kwandja, actuel n°1 du CNJF. Le 15 juin 2023, le groupe Janamapa Construct en charge des divers chantiers au Stade Tata Raphaël a saisi le ministre d’Etat aux Infrastructures et Travaux publics pour réclamer 12,1 millions de dollars dépensés à titre de préfinancement. Si sur terrain, les optimistes croient encore à la livraison des infrastructures avant le 28 juillet, la remise des clefs pourrait poser problème si le gouvernement osait ne pas honorer cette facture.
A la même date, Maitre Éric Moutet a lui aussi transmis une correspondance chaude à Isidore Kwandja. Objet: assignation du gouvernement RD-congolais pour non-exécution du contrat n°015/CNJF/DNJ/CGPMP/2023 relatif à la fourniture de 11 ambulances entièrement médicalisées, 15 défibrillateurs mobiles automatiques, 100000 masques Chirurgicaux, 20000 masques FFP2, 2000 blouses médicales, 2000 boites de gants nitrile, 500 litres de gel hydro alcoolique pour l’organisation des IXèmes Jeux de la Francophonie de Kinshasa. «En l’absence de réaction dans le délai imparti, mon client n’aura d’autre choix que d’assigner l’État RD-congolais devant la juridiction compétente en recouvrement du montant principal, des intérêts, des frais de procédure et des honoraires d’avocats. (…) En l’absence de réponse dans un délai de 15 jours je reprendrai mon entière liberté d’action», menace l’avocat français.
Deux jours avant eux, soit le 13 juin, l’expert français Philippe Mandonnet a carrément crié à l’incompétence du Directeur Isidore Kwandja avant de jeter l’éponge. «Je pense qu’Isidore ne comprend pas les enjeux de la culture et n’a aucune notion du travail à fournir pour la réussite du projet», a-t-il vociféré. Et de poursuivre: «Il n’est pas à la hauteur de la tâche à accomplir. Il n’a même aucune idée de ce qu’il doit faire, tout comme son collègue Kabongo». Philippe Mandonnet refuse d’être «le bouc émissaire» de ce qu’il qualifie d’«incompétence» et de «malhonnêteté», dressant ainsi le lit à «l’échec de l’entreprise» à cause «des personnages sans aucun sens du bien commun» et déterminés à «placer leur garde rapprochée sans tenir compte des compétences dont le projet des jeux a absolument besoin pour réussir». Pour l’expert français, il ne fait l’ombre d’aucun doute que Kwandja n’a pas «d’esprit patriote» et «se fiche de l’image du pays».
Le décor semble planté pour un drame national alors que le Président Tshisekedi tient mordicus à l’organisation de ces Jeux à Kinshasa, du moins ce qu’il en reste. C’est la raison de la réunion tenue le 3 juillet à la Primature pour passer en revue l’état d’exécution des travaux sur les sites de compétitions sportives et d’hébergement des athlètes et artistes. «A 24 jours du lancement des Jeux, la RD-Congo ne s’est pas encore acquittée de ses obligations financières au titre de frais de participation des athlètes et artistes congolais à ces compétitions sportives et culturelles», rapporte le média Infos.cd citant des sources indiscrètes. Pour chaque athlète ou artiste, Kinshasa est censé débourser 380 euros. Avec 300 compétiteurs prévus, la facture devrait s’élever à 114 000 euros à payer avant le 10 juillet.
Natine K.