Par son apostolat artistique, Syntyche Mbembo et ses compagnons du Studio mission impossible ont pour postulat de faire pénétrer les beaux-arts classiques au cœur de la cité comme jamais auparavant. Axé sur l’influence culturelle RD-congolaise puisée tant dans la société traditionnelle RD-congolaise que moderne pour créer un contexte contemporain avec les enjeux de l’heure, Renouveau 3 garde un filigrane original et authentique, d’une édition à une autre. C’est une manière pour Syntyche Mbembo et ses binômes de Renouveau 3, à savoir: Stanis Mbwanga, Bulls Bulembi et Christian Kakesse de proclamer haut et fort cette possibilité de pratiquer l’art contemporain partant des disciplines classiques respectives telles que la céramique, la peinture, la sculpture, mais en s’exprimant de manière autonome.
Mbembo a ses figurines et son discours touche à l’identité de l’humain ses inter-échanges avec son environnement. Mais pour l’Expo Renouveau 3 qui se tient du 11 juin au 12 juillet, Mbembo prend le public habitué à voir ses oeuvres à contre-pied en présentant parmi ses pièces une pièce qui touche à la vie intime, nous questionne sur la limite de l’art elle-même et de l’objet d’art ensuite. Il s’est confié de cœur net à «AfricaNews».
Monsieur Syntyche Mbembo Ngeli, vous êtes artiste céramiste et assistant à l’ABA de Kinshasa. Nous vous prenons à chaud dans le cadre de la 3ème édition Renouveau. Comment se nomme l’œuvre qui se présente devant nous?
Cette œuvre s’appelle «Argent patrimoine et autres choses». C’est la représentation d’une cuve de toilette, une cuve que j’ai réalisée avec une peinture céramique. J’ai utilisé ce qu’on appelle en céramique la peinture sur porcelaine, c’est-à-dire la 3ème cuisson.
Une cuve de toilette est beaucoup présente dans notre vie quotidienne. Pourquoi avoir fait le choix de travailler sur cet objet?
Au fait, d’abord, au début j’ai eu la chance d’avoir une bourse et de faire en Céramique, art et décoration design c’est-à-dire que mon travail c’est entre l’art et le design. En céramique, parmi les techniques de la céramique, cette technique nous permet de peindre sur des objets céramiques déjà finis, prenons une assiette, tasse ou un gobelet, tous les objets avec l’email dessus… ainsi je voulais faire quelque chose de particulier. Je suis parti prendre quelque chose de sacrée dans notre intimité et le désacraliser. Dans les peintures que j’ai faites, j’ai tenté de représenter la culture congolaise. Par les pièces de monnaie, puisque mon travail parle toujours des biens matériels, notre rapport avec l’argent… l’argent c’est le pouvoir. Quand on est dans sa toilette dans ces moments d’intimité, on se sent chef, on a un pouvoir dessus. Partant de cela, j’ai voulu changé le concept de ce travail. Ainsi vous verrez des pièces de monnaie réadapter. Des -nouveaux Zaïre- que j’ai traduit en Nouveau Congo, la boisson parce qu’on aime des fêtes, il y a l’Okapi une façon de représenter tout ce qui a de la valeur chez nous parce que, de fois, on l’utilise abusivement. Je n’ai rien condamné, mais j’ai essayé de les représenter avec sensibilité.
Avez-vous eu des effets escomptés par rapport à la production de cette œuvre?
Oui, il y a des effets escomptés. Ce travail était prévu d’être présenté à Renouveau 2. Ici, j’ai procédé à la peinture et le collage seul un céramiste peut connaître. Après la troisième cuisson le résultat n’était pas fameux. Et du coup, j’avais abandonné la pièce. Et vu qu’on présente une exposition ici chez nous, pourquoi pas le récupérer et rabibocher là où ça n’avait pas tenue et de présenter au public.
Vous dites-vous avoir fait une grande enjambée par rapport à la céramique que vos aînés vous ont transmise?
Je me sens mal à l’aise de le dire. Mais je me dis souvent que nous faisons les choses selon notre temps, écrivons l’histoire selon nous, avec nos aspirations, nos mots, nos maux, avec notre façon de faire. Je pense que c’est aux autres d’en faire plus que nous. Nos prédécesseurs avaient leurs défis selon leurs contextes.
Propos recueillis par Elrick ELESSE