L’écrivain RD-congolais Didier Mumengi s’est exprimé, jeudi 14 novembre 2024, à la soirée d’éloquence de la 10ème édition du Forum Makutano, qui s’est poursuivi jusqu’au vendredi 15 novembre 2024, à l’Hôtel du fleuve, à Kinshasa. Il a abordé, du haut de tribune, une thématique pertinente, intitulée: «Le procès de l’Afrique». Dans son discours luminaire, Didier Mumengi a souligné qu’il n’y aura de «new deal africain» que si les RD-Congolais auto-infligent «une thérapie transgénérationnelle drastique».
Analysant l’histoire de l’Afrique comme un historien des mentalités, cette figure emblématique de la littérature RD-congolaise a fait noter que cette thérapie repose sur deux principaux objectifs, à savoir: primo: expurger de notre «ADN collectif» toutes les séquelles physiologiques et psychiques inhibitives, issues de la parenthèse historique neurodégénérative de la traite négrière et du colonialisme. Secundo: reprogrammer notre subconscient collectif, en exorcisant la crise des repères et références mémoriels rompus, au travers d’une réécritures volontariste de notre histoire généalogie.
Et de poursuivre: «Telle est, peut-être, la raison pour laquelle, en ce mémorable jour du procès de l’Afrique, j’attends une mystérieuse voix m’intimer l’ordre de vous dire à chacun et à chacune: vous qui êtes aujourd’hui négro-africains altérés, levez-vous, prenez rendez-vous avec vous-mêmes et réconciliez-vous avec vous-mêmes».
«La même mystérieuse voix continue, me pointant du doigt: ‘’et vous bantu, reconnectez-vous -toutes affaires cessantes- avec votre 1er ancêtre de Thèbes, aujourd’hui ontologique, bien encore vivante dans vos veines», a-t-il exhorté.
Pour lui, toute personne qui tourne le dos à son père perd tout repère. Didier Mumengi a fait savoir, au cours de son exposé, que tout peuple qui oublie qu’il a été grand, ne saura plus jamais être grand, ainsi il a appelé les peuples RD-congolais à prendre conscience, car, a-t-il énoncé, les RD-Congolais sont une part indivisible de «muntu de Thèbes».
Poursuivant son discours luminaire, il a demandé aux RD-Congolais d’élever partout des statues, des stèles et des monuments votifs à l’hommage de muntu de Thèbes et des ancêtres pharaoniques. «Vivons dans la louange de leurs gloires, pour qu’à l’aune de la célébration de leur grandeur, nous soyons amenés, comme par ricochet, à vouloir trouver toute la puissance cognitive de l’humanité que nous avons héritée d’eux, en pavant notre vécu quotidien d’aujourd’hui d’actes ainsi que de faits et gestes de la plus haute et distinguée intellectualité…», a-t-il fait son éloge.
Pour ce, il a exhorté tous les RD-Congolais ainsi que tous les Africains à marcher sur les pas de George Granville Monah James et Martin Robinson Delany des États-Unis d’Amérique, d’Anténir Firmin d’Haïti, de Cheikh Anta Diop du Sénégal, de Théophile Obenga du Congo, de Nouissérê Kalala Omotumbe des Antilles, ainsi que tous les autres prédicateurs, penseurs, savants et militants kamites, afin que le corps des sciences humaines africaines soit dorénavant bâti à partir de civilisation égypto-nubienne. En un mot, Didier Mumengi a souligné que le tout premier chapitre du news deal africain pour tous les peuples bantus devra consister à réciter le chapelet de l’autolouange. C’est-à-dire, selon lui, en nous donnant à nous-mêmes des nouveaux «lieux de mémoire», à savoir: l’Egypte antique, la Nubie, Méroé, Napata, Kerma, Ishango, etc.
«Le new deal africain tant attendu ne sera sensé et efficient que si, au préalable, nous assumons péremptoirement sa dimension mémorielle. C’est-à-dire que si et seulement si un news deal africain en est la substance mère. Mieux, news deal africain n’aura de force rédemptrice qu’à l’aune de deux indicateurs majeurs de suivi et d’évaluation, à savoir: le bien-vivre ensemble national brut et le nombre de livres lus par habitant et par an», a-t-il conclu.
Hénoc AKANO