Culture

Dans son Roman «Et si le départ vers l’Eldorado tournait au drame?»,Henri-Pensée M’pereng étale les conséquences du chômage

Henri-Pensée M’perengOrphelin de père, vivant avec une mère qui s’est vue coupée de tous ses moyens par une décision de l’Hôtel de ville, Junior, le héros de ce roman dramatique, choisit d’entamer un long et périlleux périple qui l’amènerait vers l’Europe. Malheureusement, la première étape de son voyage qui est l’Angola lui sera presque fatal!
Et si le départ vers l’Eldorado tournait au drame? Paru aux éditions du Panthéon à Paris, ce roman écrit à la troisième personne parle d’un jeune homme nommé Junior. Privé de son père dès l’aurore de son parcours terrestre, notre héros sera élevé par sa mère Rosette. L’œuvre d’Henri-Pensée M’pereng soulève via des scènes tirées du vécu quotidien des Kinois, l’épineux problème de chômage, la précarité de la vie dans cette grande ville et le contraste qu’il y a avec l’opulence du sol et du sous-sol RD-congolais.
Aussi, M’pereng ressort l’incidence que certaines décisions des autorités tant urbaines que gouvernementales sur le devenir du petit peuple. Tenez: la mère du héros gagnait sa vie comme tenancière d’une gargote -entendez Malewa- à proximité d’un stade. Ce Malewa nommé Stadium était plus fréquenté par les supporters des équipes de football.
Ce qui lui permettait d’assurer l’éducation de Junior. Mais un jour, notre héros voit sa vie tourner à 180°. «Junior avait atteint sa majorité et s’apprêtait à passer son bac quand les bulldozers de l’Hôtel de ville sont venus démolir le stadium -malewa- et bistrot, au motif qu’ils salissaient la ville», narre M’pereng. Un coup dur! Cependant, Rosette se bat et son fils finit par obtenir son baccalauréat. Après quelques coups de mains dans les différents chantiers dirigés par les Chinois dans le cadre de la politique de grands travaux lancée par le Président «Les cinq chantiers», le désespoir gagne Junior.
Il se décide de chercher une issue vers l’Europe, son Eldorado. Comme lui, beaucoup de jeunes kinois, issus des familles démunies nourrissent l’espoir d’aller trouver le bonheur en Occident. Et certains souhaitent même ne retourner au pays qu’à la mort. Les «Mfwa ku mputu». Pour y aller, il a deux solutions, soit la démarche normale qui consiste à s’octroyer un passeport, s’acheter un billet d’avion, à demander un visa, etc., soit le schéma en vogue: trouver un moyens d’immigrer en clandestinité en Angola -terre d’espoir pour nombre des jeunes Kinois- de là, économiser pour s’offrir un voyage au Portugal. Etant pauvre, Junior ne pouvait se permettre que la deuxième option. Il part pour l’Angola, laissant ainsi sa mère morte d’inquiétude.
Là, l’auteur, visiblement bien informé, raconte avec détails les conditions quasi préhistoriques dans lesquelles voyagent les pèlerins du bonheur. Des longs trajets à pieds, des jours entiers sans manger, des nuits passées à la belle étoile, …s’exposant ainsi à tout danger afin d’atteindre une ville angolaise, Cabinda ou Soyo. Et ce que ces voyageurs craignent le plus, c’est d’être arrêtés par les militaires Angolais. Mais la guigne sera avec junior et ses sept compagnons. Cela arriva.
Et la nouvelle selon laquelle ils seraient exécutés se repend. Plongeant sa mère Rosette dans un indescriptible désarroi. Morbleu!  Que cette femme n’a pas de chance. Perdre son mari ensuite son fils unique! Malheur. Rosette se résout de rentrer à l’église catholique qu’elle avait quittée pour rejoindre son mari protestant. Elle habite maintenant chez les bonnes sœurs. Et y tente tant bien que mal de noyer son chagrin.
Des jours se lèvent et se couchent, des semaines passent, des mois s’écoulent, Rosette reste toujours hanté par le tendre souvenir de son fils qui n’égale que l’affreuse souffrance qu’elle en ressent. Cependant, son amie d’enfance Espérance vient un beau jour lui apporter la bonne nouvelle. «Votre fils Junior est vivant… il m’a téléphoné il y a deux jours. Il se trouve à Wige, un village angolais, voilà sa lettre», lui informe-t-elle. Le bon augure! Après ce qui a paru aux yeux de Rosette une éternité, Junior revient à la vie.
A vrai dire, c’est plutôt Rosette qui recouvre sa vie en apprenant cette nouvelle. Son fils tant aimé va lui revenir. Ce qui arrivera quelques semaines après. Et selon Junior, ils ont été miraculeusement graciés. Et si le départ vers l’Eldorado tournait au drame? est une question qui devrait interpeller toutes les consciences, celles des dirigeants que celles des dirigés. M’pereng tire en quelques sorte la sonnette d’alarme pour éveiller tout le monde sur l’urgence qu’il y a d’améliorer les conditions de vie du petit RD-congolais.
Difficultés que lui-même rencontre aussi. A ces jours, il n’est pas en mesure de faire la promotion de son œuvre au pays -d’ailleurs il n’y a aucune politique réelle mise en place par l’Etat pour lui faciliter la tâche- et à l’étranger. «Songer à aller en France où le livre est publié nécessite de l’argent, or je ne dispose pas de moyens pour m’offrir un tel luxe!». Voilà qui tue la culture RD-congolaise. Le jeune auteur licencié de l’IFASIC est dans l’incapacité d’organiser une cérémonie de présentation de son nouveau roman.
Hugo Robert MABIALA

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