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Un Conseiller du Président s’improvise Inspecteur des finances

Un détail qui a peut-être échappé à tout le monde: le Conseiller principal du Chef de l’Etat au Collège Economique et financier, Marcellin Bilomba, figure comme superviseur dans l’Ordre de mission n°104/PR/IGF-CS/VBM/BDP/IKK/2019 du 17 juillet 2019 délivré par l’Inspecteur général aux finances Victor Batubenga aux équipes de l’Inspection générale des finances -IGF- désignées pour enquêter sur l’affaire de la dissipation présumée des 15 millions de dollars. «Une présence normale si l’on considère qu’une telle mission est de la compétence du Conseiller principal Bilomba sur le plan de l’initiative». Mais à la réflexion, «il s’agit d’un mélange inapproprié», juge Maître Hervé Diakiese. Plutôt favorable au déroulement des enquêtes de l’IGF en vue de favoriser la bonne gouvernance, cet avocat de renom  conteste cependant la manière dont l’ordre de mission est libellé. Discret, son confrère du même calibre constate et fait constater «un mélange»… indigeste, «une confusion». Ces avis valent leur pesant d’or: «le corps des inspecteurs des finances est un corps autonome». L’argument fait mouche. Sauf erreur découlant de l’interprétation des textes légaux qui placent l’IGF sous tutelle du Président de la République, la présence du CP Bilomba, qui n’est ni OPJ ni Inspecteur des finances, dans l’Ordre de mission n°104 signé de la main de l’Inspecteur général Batubenga est une infiltration, une tricherie. Maître Diakiese l’assimile au «trafic d’influence» ou à «l’idée d’influencer ceux qui subissent la mission de l’IGF». La raison est peut-être à trouver dans les relations exécrables entre certains collaborateurs du Chef de l’Etat.

Doutes quant au caractère objectif de l’enquête

Réputé adversaire farouche de Vital Kamerhe, directeur de cabinet du Président de la République sur qui pèsent les soupçons de détournement présumé des millions du Comité de suivi des produits pétroliers, l’intrus Bilomba fait émettre des doutes sérieux quant au caractère objectif  de l’enquête et des conclusions y relatives en vertu du principe du droit selon lequel la fraude corrompt tout. «C’est une enquête à la congolaise», s’est exclamé jeudi sur les Réseaux sociaux JBBOI, expert indépendant en communication, également très critique à l’égard de la mission de contrôle l’IGF. JBBOIB fait une analyse froide du rapport des inspecteurs des finances supervisés par le CP Ecofin Bilomba et trouve des erreurs tant dans sa conduite que dans la gestion de la polémique que sa publication a suscitée dans les médias. Il fustige cet acharnement à l’endroit de Vital Kamerhe avant d’évoquer un certain nombre d’évidences tendant à mettre le Dircab hors cause.

Banques, comptes et mandataires connus

Il s’agit, primo, du fait que le rapport cite deux comptes distincts, tous à la RawBank. Le premier est intitulé «Comité de suivi» 01001426101-52 et est  couramment utilisé pour des opérations de ce genre. Les deux mandataires devant agir sur ce compte ont été désignés en septembre 2017, in tempore non suspecto, longtemps avant l’arrivée de Kamerhe dans l’antichambre de Fatshi, par l’ancien ministre d’Etat en charge de l’Economie, Joseph Kapika, en sa qualité de président du CSPP à travers deux courriers transmis au gestionnaire de ce compte chez RawBank. Leurs noms: Georges Yamba Ngoie, conseiller chargé des questions financières au Cabinet du ministre de l’Economie, et Célestin Twite Yamwembo, secrétaire général à l’Economie nationale. Le rapport de l’IGF a dans ses annexes la copie de l’extrait de compte délivré par RawBank le 22 juillet 2019 attestant que ce compte «Comité de suivi» 01001426101-52 a été bel et bien crédité de la somme de 15.007.587,90 de dollars. Selon les informations, les retraits de ces fonds ont été faits progressivement par chèque par les mandataires attitrés du CSPP. Le deuxième compte, évoqué dans la lettre de Kamerhe du 10 mai 2019 et dont le numéro 010651555601-27, n’a jamais reçu ni sorti des fonds. En tous cas, ni les inspecteurs des finances, ni le CP Bilomba, ni la presse, ni les politiciens ne savent dire ou prouver que tel citoyen détient la gestion de ce compte, qu’il y a eu des mouvements dans ce compte, que tels en sont les bénéficiaires ou telle est sa situation actuelle. Alors que personne ne sait jusque-là apporter un seul indice susceptible d’autoriser un début de présomption de détournement, l’expert en communication JBBOI a le sentiment que «la polémique et les accusations contre Kamerhe sont à mettre dans le compte de la guerre politique que les uns et les autres se livrent par personnes interposées à la Présidence de la République». C’est à ce titre qu’il demande au Palais, dont l’image est écornée, de communiquer correctement sur cette question pour mettre un terme à cette controverse ridicule. 

AKM

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