ActualitésEcofinNation

Serge Kadima trouve à redire après l’Ordonnance fixant les attributions des ministères : “la politique monétaire est toujours pilotée par la Banque centrale et non par le ministre des Finances”

Le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a signé, le 7 janvier dernier, l’Ordonnance n°22/003 portant fixation des attributions des ministères. Depuis, une polémique est née autour de l’article 17 de cette ordonnance, suscitant ainsi des réactions au sein de l’opinion. C’est le cas de Serge Kadima Luabeya, analyste de la politique monétaire et budgétaire, qui estime que cette disposition reprise dans l’ordonnance présidentielle de janvier 2022 est non seulement anticonstitutionnelle mais dénote aussi d’une légèreté dans les décisions aux conséquences multiples sur le renforcement du cadre macroéconomique déjà fragilisé depuis quelques temps.

En clair, ce compatriote s’oppose au fait de confier la responsabilité de la politique monétaire au ministre des Finances, alors que cette attribution revient à la Banque centrale du Congo. Pour lui, cette décision présidentielle contenue dans l’article 17 de l’ordonnance en question, crée du coup un imbroglio dans la conduite de la politique économique qui aura des répercussions sur la cohésion de l’action publique et devenir une source des tensions à même de raviver les pressions inflationnistes. «Cette situation factuelle va à l’encontre de l’article 176 de la Constitution dans tous ces alinéas qui stipule que la Banque centrale du Congo est l’institut d’émission de la RD-Congo», renseigne-t-il.

Puis: «à ce titre, la BCC a pour missions notamment de garder les fonds publics; de sauvegarder et stabiliser la monnaie; de définir et mettre en œuvre la politique monétaire; de contrôler l’ensemble de l’activité bancaire; et enfin de jouer le rôle de Conseil économique et financier du Gouvernement». Serge Kadima Luabeya précise également que dans la réalisation de ses missions et attributions, la Banque centrale du Congo est indépendante et jouit de l’autonomie administrative.

Dans son argumentaire, il soutient que la politique budgétaire est toujours conduite par le ministre du Budget et celui des Finances tandis que la politique monétaire est pilotée par la Banque centrale partout au monde. «Ceci est dû au fait que l’indépendance des banques centrales dans le monde fait l’objet d’un processus d’analyse rigoureuse qui est, depuis des décennies, reconnue comme une norme de bonnes pratiques au niveau international», explique-t-il.

De son avis, tant que les politiques budgétaire et monétaire sont menées en unissons, il y a risque d’un évident conflit par le même visé car les objectifs de deux politiques peuvent être antagonistes suivant l’évolution de la conjoncture. Soucieux de protéger l’intérêt supérieur de la nation, Serge Kadima Luabeya suggère le renforcement des réunions interinstitutionnelles de type troïka politique et stratégique pour garantir la coordination des politiques monétaire et budgétaire tout en maintenant l’indépendance de chaque organe.

OK

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page