Le Fonds monétaire international -FMI- a choisi Kinshasa, capitale RD-congolaise, pour publier son deuxième rapport annuel sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique sub-saharienne. Cette publication a eu lieu le lundi 6 novembre dans la salle Panorama 1 du Fleuve Congo Hôtel en présence de plusieurs invités de marque. C’est Luc Eyraud, chef des études régionales pour l’Afrique au FMI qui a présenté ledit rapport. Puis s’en est suivi un panel animé par Tatiana Massot, chargée de communication pour l’Afrique sub-saharienne au FMI, avec Nicolas Kazadi, ministre RD-congolais des Finances, Marie-Chantal Kaninda, présidente de la Glencore RD-Congo, Luc Eyraud, chef des études régionales pour l’Afrique et Gabriel Léost, représentant résident du FMI en RD-Congo. L’assistance a posé des questions et obtenu des réponses. Il ressort de ce rapport que la RD-Congo est le deuxième pays qui a affiché une croissance économique à 6% dans la région et que la solidarité internationale demeure essentielle.
Le rapport annuel du Fonds monétaire international -FMI- sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique sub-saharienne révèle que la RD-Congo est le deuxième pays ayant affiché une croissance économique à 6%. Le rapport consacre la reprise des économies subsahariennes. Cela après les crises provoquées par la COVID-19 et récemment la guerre en Ukraine. Selon Luc Eyraud, directeur régional des études au FMI, il y a un bémol surtout pour la RD-Congo, car l’inflation reste très élevée. Elle est autour de 20%.
«C’est une source de préoccupation pour les populations. L’inflation entre janvier et aujourd’hui est d’à peu près 20%. C’est la dépréciation du taux de change qui crée de l’importation notamment en augmentant les prix des produits importés. Mais aussi parce que la façon dont les gens fixent les prix en monnaie locale, il y a des ajustements quand on a une dépréciation du change», a-t-il expliqué, proposant quelques pistes de solutions.
«Tout est fait justement pour ramener à un bon niveau l’inflation. C’est comme ça que l’on a augmenté le taux directeur de la Banque centrale. C’est comme ça aussi que l’on a resserré la politique budgétaire. Mais la véritable réponse elle est plutôt dans la production. Et ça, c’est une réponse de moyen et long terme. Il faut accroître la production et réduire nos importations».
Pour Nicolas Kazadi, ministre des Finances, ce rapport appelle le gouvernement de la RD-Congo à maintenir le cap des réformes initiées. Tout au long de sa présentation, Luc Eyraud a fait savoir que le taux médian d’inflation en Afrique sub-saharienne a diminué de près de 3 points de pourcentage à la faveur de la base des cours mondiaux des denrées alimentaires, de moindres tensions sur les chaines d’approvisionnement, de resserrement de la politique monétaire.
«La pénurie de financement sévit encore aggravant une tendance baissière de terme des flux officiels. L’inflation alimentaire reste forte, avec des effets négatifs sur l’insécurité alimentaire. Les chocs en cascade ont enrayé le développent et le taux de croissement continuent de diverger. Il y a eu marche arrière sur le plan du développement humain depuis la pandémie. Et aussi une forte incidence de la pauvreté, car un tiers de la population de l’Afrique sub-saharienne vit avec moins de 2,15 dollars jour», a-t-il dit.
A l’en croire, il y a volatilité des cours des matières premières. Les cours des matières premières continuent de fluctuer fortement. Dans le scenario de référence, les cours du pétrole devraient rester stables en 2024 mais on n’est pas à l’abri de surprises, à la hausse comme à la baisse. Il a évoqué 4 priorités d’action publique pour une reprise forte, notamment politique monétaire, politique de change, politique budgétaire et réformes structurelles.
«L’inflation marque le pas mais pas partout, la politique monétaire doit donc s’adapter à des situations différentes. L’inflation reste supérieure aux cibles fixées par les banques centrales. Deux tiers des pays pourvus d’un régime de ciblage de l’inflation présentent des taux d’inflation supérieurs aux objectifs. Un pays sur trois connait une inflation à deux chiffres. Il faut déterminer l’orientation de la politique monétaire va s’avérer plus difficile. Dans les pays où l’inflation est toujours forte ou en augmentation, il faut poursuivre le resserrement. Là où elle est en baisse, une pause peut se justifier et là où elle est proche de la cible, les autorités peuvent progressivement adopter une orientation plus neutre», a-t-il fait remarquer.
Puis: «Les pays continuent de subir des fortes pertes dues aux taux de change et les réserves de change sont souvent en dessous de niveaux confortables. Des pressions de change continuer de s’exercer. Le maintien durable des taux d’intérêt mondiaux à des niveaux élevés et la croissance US plus forte que prévu renforcent le dollar. Le service de la dette extérieure en devises augmente. Le pays en régime de change flottant doivent laisser le taux de change s’ajuster, surtout lorsque les réserves sont insuffisantes. Les pays en régime de change fixe doivent s’assurer que le policy mixt est cohérent avec le maintien de la parité. Une nécessaire coordination avec les autres politiques pour atténuer les effets des dépréciations de change est indispensable. Les mesures administratives engendrant des distorsions doivent être évitées».
Ce n’est pas tout. Il a évoqué aussi la vulnérabilité élevée liée à l’endettement peut être réduite par un ajustement budgétaire basé sur les revenus. La majorité des pays doivent rééquilibrer leurs budgets pour préserver la viabilité de leurs finances publiques. Il est préférable qu’ils le fassent par une meilleure mobilisation des recettes essentielles, par exemple l’éducation et la santé. Les cadres budgétaires peuvent être améliorés. Selon ce rapport, relever le défi de la convergence économique nécessite la mise en œuvre de réformes structurelles pour relever les niveaux de vie. On observe une divergence entre les pays riches et pauvres en ressources naturelles.
Le doublement des niveaux de vie pourrait prendre 20 à 30 ans dans les pays dont l’économie est plus diversifiée, mais prendra sans doute plusieurs générations dans les pays riches en ressources naturelles. «Il faut investir davantage dans l’éducation, promouvoir la participation du secteur privé, favoriser l’intégration commerciale et améliorer la gestion des ressources naturelles et accélérer la diversification de l’économie. La solidarité internationale demeure essentielle», conclut ledit rapport.