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Quand Kinshasa menace de quitter la CPI

Entre Les Etats-Unis et la RD-Congo, il y a une nette différence en rapport avec la Cour pénale internationale -CPI. Les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas signataires du Statut de Rome, acte fondateur de la CPI, alors que la RD-Congo a ratifié ce Statut après avoir contribué significativement à son élaboration. D’ailleurs, Kinshasa est le seul à avoir plusieurs de ses ressortissants comme détenus à la Haye. Au niveau de l’Union africaine, on n’a jamais cessé de critiquer la CPI, taxée d’être une cour créée uniquement pour juger les Africains. Trois pays africains, dont l’Afrique du Sud, menacent de se retirer de cette cour. Plus près de nous, le Rwanda n’a pas adhéré au Statut de Rome.  «La RDC qui, en son temps, avait contribué significativement à l’élaboration du Statut de Rome portant création de la Cour Pénale Internationale et, ensuite, à la mise en œuvre de celui-ci, n’exclut point, en désespoir de cause, de s’en retirer», menace le gouvernement RD-congolais par l’entremise de son vice-premier ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu.
 
L’orage plane sur la Cour pénale internationale -CPI- et les Etats-Nations, qu’ils soient signataires du Statut de Rome ou non. Dans les années à venir, cette haute juridiction internationale risquerait d’être dissoute. Cause: certains Etats membres se plaignent de ses jugements pendant que les Etats-Unis d’Amérique, qui n’en sont pas partie prenante, menacent de sanctionner ses juges s’ils s’attaquaient aux sujets américains, à Israël ou à d’autres alliés de Washington.
«Nous allons interdire à ces juges et procureurs l’entrée aux Etats-Unis. Nous allons prendre des sanctions contre leurs avoirs dans le système financier américain, et nous allons engager des poursuites contre eux dans notre système judiciaire», a mis en garde John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, dans une attaque musclée contre la CPI.
Le gouvernement RD-congolais se fait des soucis
L’opinion se souviendra qu’en début novembre 2017, la procureure de la CPI Fatou Bensouda avait annoncé qu’elle allait demander aux juges l’autorisation d’ouvrir une enquête sur des crimes de guerre présumés commis dans le cadre du conflit afghan, notamment par l’armée américaine. Harcelées de toutes parts, notamment en rapport avec la tenue de prochaines élections voulues démocratiques, transparentes, inclusives et apaisées, les autorités RD-congolaises refusent d’encaisser les coups. Le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères et Intégration régionale, Léonard She Okitundu, s’est décidément insurgé contre son homologue belge aux Affaires étrangères, Didier Reynders, et le ministre angolais en charge des Relations extérieures, Manuel Domingos Augusto, pour leur immixtion dans le processus électoral en cours en RD-Congo.
Pour Kinshasa, les élections relèvent de la souveraineté nationale et le gouvernement s’est engagé à financer seul le processus électoral en cours. Tel est le point de départ de la pomme de discorde avec la Communauté internationale, car l’Opposition RD-congolaise accuse le Régime «de biaiser ledit processus en mettant à l’écart certaines têtes d’affiches de cette opposition et en recourant à la machine à voter pour tricher».
Depuis, les rencontres se tiennent en catimini en Europe et en Afrique sans y associer le régime de Kinshasa qui redoute ce qu’il qualifie de «complot contre les institutions démocratiquement établies en RD-Congo».
De ce qui précède, le n°1 de la diplomatie RD-congolaise casse la gueule et menace: «la RD-Congo qui, en son temps, avait contribué significativement à l’élaboration du Statut de Rome portant création de la Cour Pénale Internationale et, ensuite, à la mise en œuvre de celui-ci, n’exclut point, en désespoir de cause, de s’en retirer».
Dans un communiqué de mise au point rendu public ce week-end, She Okitundu note que plusieurs indices en possession des autorités RD-congolaises indiquent que certains gouvernements exerceraient des pressions sur les juges de la CPI visant la politique intérieure du pays de Joseph Kabila, voire des questions sous examen par devant elle en relation avec la situation qui prévaut en RD-Congo, susceptibles d’avoir une incidence sur le processus électoral en cours. C’est de la bonne guerre.
Octave MUKENDI
José BABIA

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