Ni une maffia, ni une entreprise fictive, cette société a permis, grâce à un dispositif de gestion constitué d’un logiciel performant de traçabilité et de récolte des différentes taxes et redevances, de revoir à la hausse les recettes du parking de Kasumbalesa à plus de 100%, celles de la carte d’entrée et sortie à 700%, renseigne une enquête menée par le député Daniel Safu…
C’est une sortie médiatique musclée signée Daniel Safu, député national, préoccupé par le seul souci de voir les caisses de l’Etat être renflouées et permettre ainsi l’amélioration des conditions de vie des RD-Congolais.
Jeudi 6 août 2020, l’élu de Mont-Amba à Kinshasa a tenu une conférence de presse pour rassurer l’opinion que «Trafigo, ce n’est pas une maffia, ni une entreprise fictive. Trafigo existe bel et bien et tient son siège social à Kinshasa et administratif à Lubumbashi. C’est une entreprise au service de l’Etat qui, depuis 2014, a beaucoup apporté pour l’économie de notre pays».
Cette assurance est le fruit des enquêtes menées par cet ancien journaliste d’investigations. Ces enquêtes, a-t-il avancé, ont révélé qu’avant 2014, une société de sous-traitance, gérée par un sujet israélien, a fait de l’argent sur le dos de la RD-Congo sans sécuriser les frontières de Kasumbalesa ni amener la DGDA à une mobilisation conséquente des recettes pour soutenir le budget national.
«Le Poste frontalier de Kasumbalesa -PFK- constituait un goulot d’étranglement qui ralentissait les échanges commerciaux entre notre pays et l’Afrique australe suite à la faible capacité du parking à l’import -250 camions- et à l’export -150 camions-, l’étroitesse et l’état de délabrement avancé des différents accès d’entrée et de sortie du PFK, du côté RD-Congo», a-t-on appris. Pourtant, selon les informations disponibles, cette société a bénéficié d’un contrat qui ne prévoyait aucune rétrocession dans les caisses de l’Etat.
Rien ne s’est passé, a constaté Daniel Safu, jusqu’en 2014 quand Trafigo a gagné le marché de gestion du PFK par le biais du Marché commun de l’Afrique orientale et australe -COMESA.
«Après la rupture du contrat de ce concessionnaire et la remise et reprise entre les autorités de la province du Haut-Katanga et celles de la DGDA, cette dernière confia la gestion du parking à son partenaire Trafigo, tenant compte des performances déjà réalisées dans le cadre de l’optimisation de la collecte des recettes de la carte d’entrée et de sortie», ont révélé plusieurs sources. Et Safu de préciser: «L’initiative est partie du COMESA qui voulait moderniser nos frontières. Il fallait, pour ce faire, une société de sous-traitance. Le COMESA a responsabilisé la douane RD-congolaise qui avait la tâche d’examiner les entreprises candidates, parmi lesquelles Trafigo. Avant Trafigo, nous perdions beaucoup d’argent, nos frontières n’étant pas réglementées».
Des réalisations concrètes!
Les choses ont commencé à bouger depuis cette année. Trafigo a entrepris de moderniser le PFK en numérisant notamment ses différents services. «Quand c’est numérisé, la transparence est garantie», a insisté Safu. Et de détailler: «Trafigo a développé et mis en œuvre, en moins d’une année, un dispositif de gestion constitué d’un logiciel performant de traçabilité et de récolte des différentes taxes et redevances annexes imposées aux usagers, de procédures transparentes intégrées au système bancaire ainsi que d’une politique de gestion axée sur l’éthique et la formation des ressources humaines». La plateforme ainsi mise en place contribue, selon l’élu de Mont-Amba, à la lutte contre la fraude dans la mesure où tous les passages sont tracés et les différentes données stockées dans une base de données que la DGDA peut exploiter à sa guise.
Grâce à ce dispositif, ont renseigné nos sources, les recettes du parking ont été majorées de plus de 100%, celles de la carte d’entrée et sortie de 700%. Les impacts sont également positifs pour les partenaires comme le Haut-Katanga dont les recettes du pré-péage ont été majorées de 900% et le PNHF dont les recettes relatives à la taxe de désinfection, dératisation et désinsectisation des véhicules routiers transfrontaliers -DDVR- ont atteint la barre de 10.000%.
Une performance financière rendue possible grâce entre autres à l’augmentation de la capacité d’accueil des parkings -1.200 camions à l’import contre 250, et 500 contre 150 à l’export pour une évacuation de 2.000 camions par jour-, l’augmentation du circuit des voies d’évacuation et leur réhabilitation, l’amélioration du dispositif sécuritaire avec l’acquisition de deux camions anti-incendie, d’une dépanneuse, d’une ambulance, de caméras de surveillance et d’un room control à accès limité.
Tant d’autres réalisations sont à mettre à l’actif de la collaboration entre la DGDA et Trafigo, comme la mise en place du premier portique électronique d’Afrique centrale composé d’antennes RFID et de lecteurs à distance des plaques pour le contrôle instantané du flux, avec une vitesse de lecture de 6 secondes par plaque, la création d’un marché sous douane qui permettra à la population locale de s’approvisionner en produits de première nécessité du côté RD-congolais évitant la fuite des devises vers la Zambie et permettre ainsi à la douane d’éradiquer la contrebande ou le phénomène bilanga, etc.
«Tout ceci n’est ni un rêve, moins encore une utopie mais, un ensemble de réalisations concrètes finalisées à hauteur de 75% en moins d’une année de collaboration», ont souligné nos sources, avant de révéler que les travaux de réaménagement du PFK sont inscrits dans la vision de modernisation de tous les postes frontaliers de la RD-Congo en vue d’assurer la fluidité des marchandises et d’améliorer la cotation du pays dans le Doing business.
Quoi de plus normal pour Daniel Safu de déclarer: «Se débarrasser de Trafigo, c’est porter atteinte à la mobilisation des recettes de la DGDA. Or, moi, en tant que député et autorité budgétaire, ce qui m’intéresse c’est la mobilisation des recettes».
Laurent OMBA