En Afrique du Sud, des délégués des pays signataires de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba ont rendez-vous pour la revitalisation, 10 ans après, dudit Accord. La RD-Congo, via le Mécanisme national de suivi -MNS-, s’y prépare. La réunion du comité de pilotage, dirigé par le Président de la République et le Premier ministre, étape cruciale
Mettre en place le Conseil consultatif national en vue de favoriser l’implication de la Société civile dans le processus de paix en RD-Congo. Tel est l’un des défis que la nouvelle équipe de coordination du Mécanisme national de suivi de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, dirigée par le duo Ntumba Luaba – Julienne Lusenge, s’est fixée au terme de l’atelier de redynamisation de cette structure rattachée à la Présidence de la République.
Au cours de cet atelier, organisé du 24 au 25 août dernier au CEPAS à Kinshasa, des intervenants, recrutés parmi des acteurs de la Société civile, responsables des services de sécurité et autres organes de l’appareil étatique, ont mis en branle leurs méninges afin de produire des recommandations à même d’impulser la redynamisation du MNS, 10 ans après la signature de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba. «L’impératif de coordination des actions entre différentes institutions et la mise à disposition par les pouvoirs publics de ‘‘moyens adéquats’’ pour les instances qui travaillent dans le processus de paix: il faut doter le MNS d’un budget à la hauteur des missions qui lui sont confiées», a recommandé le Professeur Bakandeja.
Et d’ajouter: «la nécessité de création d’un desk, d’un ‘‘cadre permanent de concertation’’ entre les institutions qui interviennent dans le processus de paix: Présidence de la République, Primature, ministères concernés -Intérieur et Sécurité, Affaires étrangères, Justice, Défense nationale, Intégration régionale, Plan, Budget, Finances, etc.-, Etat-major général de l’armée, Police, CNS, Services de sécurité -ANR, DEMIAP, DGM». Ces deux recommandations du Professeur Bakandeja ont été saluées par le coordonnateur du MNS dans son mot de clôture de l’atelier. Ce dernier a en plus mis un point d’honneur sur «la tenue dans les plus brefs délais d’une réunion du Comité de pilotage».
Ce comité, dirigé par le Président de la République avec comme adjoint le Premier ministre et rapporteur le ministre en charge des Affaires étrangères, ne s’est réuni qu’une fois depuis la mise en place du MNS, à en croire le Professeur Ntumba Luaba. L’urgence pour le Comité de pilotage de se réunir, a-t-il expliqué, tient de l’imminence de la réunion de Durban, en Afrique du Sud, qui sera dédiée à la problématique de la revitalisation de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba. Car, a-t-il poursuivi, il incombe au Comité de pilotage de définir la position du pays par rapport à cet Accord-Cadre qui «a été signé dans un contexte de crise où la RD-Congo était en ‘‘situation de faiblesse’’!».
«Les engagements imposés à la RD-Congo ont toujours semblé toucher à sa souveraineté et n’ont jamais eu de répondant du côté des autres pays signataires et des ‘‘garants’’ -instances sous régionales, régionales, Union africaine, Nations unies et partenaires internationaux. L’absence de ‘‘mécanismes de contrainte’’ a fait que les pays voisins de la RD-Congo -Rwanda, Ouganda…-, complices de la poursuite de la belligérance, n’ont jamais été stigmatisés pour leur non-respect des engagements», a fait observer le Professeur Ntumba Luaba, non sans appeler à «évaluer sans complaisance et de façon équitable du respect ou non des engagements des uns et des autres et -à- imaginer de nouveaux axes d’action pour relancer le processus de paix dans la région des Grands lacs et le Pacte de Nairobi avec la CIRGL».
A la suite de cet appel, le chef du MNS a alerté sur l’urgence, pour le pays de Tshisekedi, de «trouver les moyens de rendre cet Accord-Cadre contraignant et réfléchir sur les mécanismes idoines pour l’interpellation des contrevenants aux engagements souscrits au terme de l’Accord».
Devant la crème intellectuelle présente au CEPAS, le Professeur Ntumba Luaba, aux commandes du MNS depuis le mois de mai dernier, est revenu sur ses réalisations à la tête de cet organe. Notamment la réorganisation du Groupe de contact et de coordination -GCC- pour l’emploi de moyens non militaires en vue de résoudre la question des groupes armés étrangers; le soutien à l’opérationnalisation du P-DDRCS; la réorganisation des cellules thématiques sur les engagements nationaux de la RD-Congo; la participation au Sommet quadripartite de Luanda sur la concertation nécessaire entre instances régionales sur le processus de paix en RD-Congo; la confection de projets nouveaux et d’une feuille de route pour la redynamisation du MNS; la reprise des contacts avec les partenaires institutionnels et internationaux -points focaux des institutions et ministères, partenaires comme le bureau de l’Envoyé spécial du SG des Nations unies pour les Grands Lacs, la MONUSCO, l’Union européenne, l’Union africaine, les ambassades des pays comme la Chine, le Burundi, etc.
«Nous sommes en train de finaliser des études thématiques -qui vont compléter celles des ‘‘Livres Blancs’’ du gouvernement-, pour vider les prétextes de nos agresseurs pour justifier les violences et la belligérance contre nos populations: la question des frontières héritées de la colonisation, la soi-disante protection d’une minorité ethnique en danger, la soi-disante contamination des RD-Congolais par l’idéologie génocidaire, la question de la prétendue nuisance des FDLR pour la sécurité du Rwanda, la question de la fin de l’impunité et la mise en route de la justice pénale internationale et de la justice transitionnelle et réparation pour favoriser la réconciliation, etc.», a dévoilé le patron du MNS à la chute de cet atelier qui avait un double enjeu: «engager le processus de redynamisation du MNS et réfléchir sur la revitalisation de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba». Ce texte, selon le Professeur Ntumba Luaba, a «montré ses limites, mais il n’est totalement pas épuisé. Il faut le revisiter». La volonté du Président Félix Tshisekedi, a-t-il rapporté, est de parvenir à la revisitation de cet Accord-Cadre qui «n’a pas totalement rempli sa mission».
LOI