Dans sa livraison de ce mercredi, le journal Forum des As a titré: «La pluie dévoile la ville». C’est un titre évocateur, révélateur de l’état réel et non virtuel de jadis « Poto Moyindo», « Kin la belle», d’aujourd’hui « Kin la poubelle», sinon la capitale la plus sale d’Afrique. Honte de regarder la nudité de la capitale, après la pluie qui, en principe, devrait engendrer un bon temps. La ville de Kinshasa est aujourd’hui nue, sans robe, sans habits, sans maquillages, sans soulier, délabrée en attendant le colmatage et le saupoudrage mais toujours dans les embouteillages. Devant une telle hécatombe qui nécessite qu’on creuse plusieurs tombes, on ne doit pas seulement dénoncer les bombes qui tombent à l’Est du pays. Nous sommes tous responsables et coupables à des degrés divers. Les responsables provinciaux, municipaux et même ruraux doivent être mis aux bancs des accusés mais nous sommes aussi complices d’une gestion dangereuse, calamiteuse, que nous observons et tolérons par notre passivité et lâcheté.
Le juge du tribunal de l’histoire dont le jugement est sans appel et sans recours, sans corruption, risque de nous infliger une lourde peine pour non-assistance à peuple en danger. La théorie du complot qu’on évoque chaque fois pour justifier nos insuffisances, inconsciences et incompétences nous ridiculise davantage. Les occidentaux et les voisins qui pillent certes nos richesses, nous empêchent-ils de curer nos caniveaux et rivières? Ce sont eux qui nous poussent à construire n’importe où, sans respecter les normes urbanistiques ? Cette situation répugnante et récurrente que nous déplorons n’est pas une fatalité. Il y a moyen, si pas de prévenir, mais de contenir la situation. Plus de 140 personnes mortes suite à une pluie, c’est trop. C’est inadmissible ! Personne ne mérite cette mort atroce provoquée par un haut degré d’irresponsabilité collective. Nos frères et sœurs viennent de quitter tragiquement une terre bénie par le Seigneur mais maudite par l’humain. Ce qu’on trouve ailleurs, on le trouve en RDC, mais ce qu’on trouve en RDC, on le trouve rarement ailleurs.
La RDC étant l’un des pays les plus riches en ressources, Kinshasa, sa capitale, devrait en principe refléter une image positive. Malheureusement, nous sommes face à un miroir aux alouettes.
Moïse Moni DELLA IDI
Porte-parole du peuple