
Mgr Fulgence Muteba, l’archevêque métropolitain de l’Archidiocèse de Lubumbashi, parle pour la première fois après ce qu’il qualifie d’invasion militaire de son domicile, de l’Archevêché et d’inspection irrespectueuse de la Cathédrale Saints Pierre et Paul de Lubumbashi.
Dans un mémorandum de six pages daté du 6 mars, le prélat se lâche, décrit l’étrange scène et exige des pouvoirs et des institutions publiques des explications sur cette présence insolite.
«Dans la matinée du vendredi 24 février 2023, un convoi de douze véhicules des militaires armés jusqu’aux dents, se déclarant de la Garde républicaine, a stationné en face de l’Archevêché de Lubumbashi. Neuf hommes robustes, dont quelques-uns avec le dos chargé du matériel militaire de communication destiné au champ de bataille, ont tenté de s’introduire par la force dans l’enceinte de l’Archevêché en tapant violemment sur la grille de l’entrée officielle. S’étant heurtés à la résistance de l’équipe de gardiennage commise à la sécurité du lieu, ils ont vite gagné la réception par la petite porte et, sans tarder, ont demandé avec insistance d’accéder à mon bureau de travail. Ne sachant où se trouvait exactement l’hôte recherché, armes en mains, indexes sur la gâchette, trois de ces hommes armés ont pris position dans le couloir qui mène à mon bureau», récite-t-il.
Puis, plus loin, dans son mémo, de se demander sur cette expédition n’est pas l’arbre qui cache la forêt.
«Le nombre de véhicules ayant débarqué à l’Archevêché, douze au total, le comportement guerrier d’hommes qui en sont descendus et ont pénétré brutalement dans la résidence épiscopale, la technique d’invasion du lieu mise en œuvre ne laissent-ils pas augurer quelque chose d’étrange ? Sans négliger la curieuse présence de deux personnes de race blanche, à tout cela s’ajoutent, bien entendu, le non-respect délibéré de toutes les dispositions protocolaires classiques, l’absence d’un ordre de mission, l’intimidation, l’insolence affichée par ces soldats, le type d’armes de guerre et d’appareils de communication sur chacun d’eux, etc. Cette incursion criminelle est-elle un arbre qui cacherait la forêt?», interroge Mgr Muteba avant de dénoncer cette invasion militaire et cette inspection irrespectueuse de la Cathédrale.
Opération militaire abusive et indue
Le calotin, formel, est d’avis qu’il s’agit d’une double violation, notamment celle du domicile et celle d’un lieu de culte, condamnable par les lois de la République. Plus grave, souligne-t-il, il s’agit d’une expédition fondamentalement contraire à l’Accord-cadre dûment signé entre le Saint-Siège et la République Démocratique du Congo.
A part la visite de consolation que lui a rendue le Gouverneur du Haut-Katanga, Mgr Muteba se plaint du fait que les services étatiques ayant la mission de veiller à la sécurité des personnes et de leurs biens se murent dans le silence et brillent par leur indifférence.
Cela dit, il exige six choses au Pouvoir et aux institutions du pays. Primo: des réponses claires à toutes les interrogations et inquiétudes suscitées par la présence
de l’escadron armé à ma résidence et à la cathédrale saints Pierre et Paul. «En clair, je demande avec insistance qu’une enquête soit diligentée et ses résultats rendus publics», précise-t-il.
Secundo: qu’il lui soit communiqué le(s) nom(s) du (ou des) commanditaire(s) et aussi le motif réel de cette incursion criminelle. Tertio: la condamnation ferme de la part des autorités établies de cette opération militaire abusive et indue. Quarto: les excuses publiques des auteurs de ces actes délictueux et, quinto, des sanctions exemplaires à l’encontre de ces hommes de troupe, qui ternissent l’image
de notre armée et de notre pays, afin que pareille forfaiture ne se répète plus. Et, enfin, sexto: des garanties de sa sécurité personnelle et de celle de son personnel.
Natine K