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Matata: les regrets de l’Ong Acaj dans l’attente des preuves de rétrocommission de 20% exigées par Kazadi

«Dans un Etat de droit démocratique, toute réclamation d’un droit et tout combat politique doivent se faire dans le respect des droits et de la dignité des uns et des autres», a exhorté Kapiamba

L’Association pour l’accès à la justice -ACAJ- a émis, le dimanche 12 février 2023, un communiqué de presse plein de regrets pour la réaction d’Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre, face à la demande de dévoiler l’identité des personnes qui lui ont exigé une rétro-commission pour le paiement du litige dû à son bureau d’études, «Congo challenge».

Ce dernier a été sollicité par le gouvernement RD-congolais afin de réaliser quatre études financées par la Banque africaine de développement -BAD. Alors que les «fonds sont déjà disponibles», l’entreprise de Matata Ponyo n’a pas encore été payée pour les études réalisées. Selon l’ancien Premier ministre, il lui a été exigé une rétro-commission pour pouvoir percevoir l’argent. «Il m’a été demandé de payer 20% de rétro-commission pour obtenir le paiement des études réalisées par mon cabinet au profit du gouvernement. Ce que j’ai refusé, car cela n’est pas conforme à mon éthique et à mes exigences professionnelles», avait déclaré Matata Ponyo fin janvier alors qu’il venait de se faire enrôler.

En réaction, le directeur de cabinet du ministre des Finances a, par le biais de sa correspondance du 31 janvier 2023, accordé trois jours à Matata Ponyo pour fournir des «informations pertinentes sur la personne et/ou les personnes» qui ont demandé ces 20% de rétro-commission. A défaut de s’exécuter, il a menacé de trainer le leader de LGD, déclaré candidat à la présidentielle de 2023, en justice pour «injures publiques, imputations dommageables, outrage envers les autorités publiques et propagation de faux bruits». «Comment celui qui a détourné les fonds peut traduire en justice la victime du détournement? Quel type de gouvernance!», s’était exclamé Augustin Matata Ponyo dans une correspondance en réaction à celle du dircab de Nicolas Kazadi, ministre des Finances.

Une réaction indigeste pour l’ACAJ qui a recadré l’ancien Premier ministre dans son communiqué de presse du dimanche 12 février 2023. «Dans son accusé de réception daté du 7 février 2023, le sénateur n’a pas daigné révéler les noms et/ou qualités des personnes visées par ses accusations. Il y a par contre abordé d’autres sujets n’ayant aucun rapport direct avec la sollicitation présumée de rétro-commissions», a déploré ACAJ dans son communiqué de presse du 12 février 2023.

Le regret d’ACAJ est de constater qu’un «défenseur de la bonne gouvernance» ne puisse pas être «en mesure de fournir des preuves qui auraient permis au ministère des Finances de démanteler le présumé réseau mafieux dénoncé par lui sur la place publique». «Ce silence équivaut soit à un refus de coopérer à l’enquête du ministère des Finances pour l’établissement de la vérité, soit à une incapacité d’administrer des preuves irréfutables pour soutenir ses graves accusations portées contre le ministère des Finances, en l’occurrence», a noté l’ONG de Georges Kapiamba.

Et d’enchaîner: «cette attitude frise la diffamation en ce qu’elle expose au mépris du public et sans raison objective des femmes et des hommes œuvrant dans la chaîne de dépenses du ministère des Finances. Ce qui est contraire aux prescrits de notre Constitution qui reconnaît à chaque personne des droits et des devoir». Pour Georges Kapiamba, dans un Etat de droit démocratique, toute réclamation d’un droit et tout combat politique doivent se faire dans le respect des droits et de la dignité des uns et des autres.

«Le recours à la diffamation et/ou aux injures ne devrait pas y avoir droit de cité», a-t-il souligné, non sans faire remarquer que la «position politique actuelle ou celle convoitée ne devrait pas conduire forcément à une recherche effrénée de victimisation aux dépens du respect des droits des autres d’autant plus qu’aux termes de l’article 60 de la Constitution les droits de l’Homme et des libertés fondamentales consacrées dans la Constitution s’imposent aux pouvoirs publics et à toute personne».

Selon Matata Ponyo, le gouvernement RD-congolais doit à son bureau d’études, «Congo challenge», la dette d’USD 1,9 million pour avoir «réalisé, sur demande expresse du gouvernement en 2020, quatre études en rapport avec la mobilisation des recettes publiques, la diversification de l’économie et le renforcement du secteur privé, l’impact de la Covid-19 sur le secteur minier et le plan quinquennal de transport».

Les fonds relatifs à ces études, a révélé Matata Ponyo, ont déjà été décaissés par Banque africaine de développement -BAD. «Malheureusement, ces fonds ont été affectés par le ministre des Finances à d’autres fins. Ce qui n’est pas conforme aux exigences de gouvernance à la fois de cette banque et de notre pays». Par ailleurs, Matata Ponyo a accusé Nicolas Kazadi de bloquer le paiement de cette facture pour des raisons politiques étant donné qu’il s’est déclaré candidat à la présidentielle de 2023. «Tout paiement à ce bureau d’études est considéré par vous comme l’octroi des moyens de campagne à un candidat Président non membre de la coalition -Union sacrée- au pouvoir à laquelle vous appartenez. Les fonds de la BAD sont donc utilisés comme une arme politique contre les opposants dans le pays», a déploré l’ancien Premier ministre sous Joseph Kabila.

Ainsi, de son avis, cette affaire a été montée de toute pièce pour l’écarter de la course à la présidentielle. «Toute la population RD-congolaise est au courant de votre objectif ultime, celui d’éliminer à tout prix un candidat Président de la République. Après les deux affaires infructueuses de Bukangalonzo et de biens zaïrianisés montées de toute pièce, vous voulez en créer d’autres. Je vous souhaite bonne chance», a-t-il dit.

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