Denis Kadima a-t-il saisi la portée et les conséquences de sa décision de renvoyer sine die la publication des résultats des élections législatives et municipales en raison de la compilation de leurs résultats qui seraient encore en cours? Ce report apporte, en effet, un élément nouveau dans la compréhension de la prestidigitation à laquelle la centrale électorale s’est livrée avec l’élection présidentielle, qui s’est pourtant déroulée les mêmes jours -remarquez le pluriel- que les autres scrutins et dans la même urne, mais dont les résultats ont été détachés de ceux des autres scrutins pour être proclamés en mode d’urgence.
En, effet, sous prétexte de se passer des Centres locaux de compilation des résultats -CLCR- qui, selon lui, tendaient à retarder le travail par rapport aux impératifs calendaires, la CENI a opté pour la voie électronique de transmission de ces résultats afin donc d’éviter le retard, selon Kadima. La réalité est que ce changement d’option entre des scrutins tenus les mêmes jours vient apporter une nouvelle preuve du tripatouillage délibérément organisé pour entretenir le flou qui était nécessaire pour faire passer inaperçues certaines pratiques de tricherie.
Enfin les bureaux de vote clandestins révélés
Il s’agit, à ce sujet, des votes effectués dans des «bureaux» clandestins qui ont fonctionné dans des maisons de candidats et autres acteurs proches, tous, d’un même candidat à la présidentielle. Ces votes clandestins étaient validés électroniquement puisque leurs résultats étaient transmis directement vers le serveur central, à l’abri de la curiosité des témoins, des observateurs électoraux et des journalistes qui écument encore les CLCR actuellement pour les législatives et les communales.
La CENI avait parfaitement connaissance des BVD clandestins
En effet, il est techniquement démontré que toutes les machines à voter qui ont fonctionné dans ces officines mafieuses ne pouvaient pas l’être à l’insu de la CENI. Ceci pour la simple raison que c’est la CENI qui les avaient programmés et qui pouvait déprogrammer certaines de ses options sont l’identification préalable du votant par ses empreintes digitales.
C’est la CENI qui était la seule à pouvoir fournir les codes d’accès sans lesquels ces machines ne pouvaient pas être utilisées malgré leur mise sous tension. Et c’est la même CENI qui était la seule à pouvoir fournir la carte verte d’ouverture des votes ainsi que des bulletins de vote compatibles avec chaque machine. Bref, la CENI voyait très clair dans le capharnaüm qui était vécu tout au long de la semaine -et non la journée- électorale.
La réapparition des CLCR qui flingue le passage en force avec la présidentielle
En relançant donc les CLCR après les avoir isolés de la présidentielle, Denis Kadima vient de percer au jour son propre manège qui aura été une entreprise criminelle visant clairement une tricherie aux élections. Il savait, en effet, que tout passage par les CLCR allait révéler ces bureaux de vote clandestins, car il allait être question d’y adjoindre les documents nécessaires ceints des signatures autorisées de toutes les parties prenantes.
Les prestidigitateurs de la CENI n’avaient pas besoin de tout cela au regard de leur calcul qui était basé sur une interprétation erronée de la loi électorale qui, selon eux, fait désormais que le vote semi-électronique dématérialise toutes les opérations suivantes jusqu’à la publication des résultats. C’est, en tout cas, ce que Denis Kadima avait laissé entendre au sortir de son entretien, le 30 décembre 2023, avec Mgr Donatien Nshole et le révérend Éric Senga de la MOE CENCO-ECC qui étaient allés s’enquérir de la réaction de la CENI aux questions posées dans leur rapport au sujet, notamment, du nombre de bureaux de vote ouverts le jour du vote et ceux ouverts les jours suivants, ainsi que du nombre des bulletins de vote utilisés ou prévus pour le vote.
La MOE CENCO-ECC a certainement pu se rendre compte, sur terrain et dans l’agencement des résultats, que des bureaux de vote non apparents avaient été soustraits de la connaissance du public mais avaient servi aux «votes fleuve» des candidats aux députations et leur champion à la présidentielle.
La lecture volontairement écornée de l’article 47-3 par Kadima
Le Président de la CENI avait laissé entendre que «dans le cadre des réformes de la loi électorale, le CLCR est une structure qui a existé au moment où nous faisions le vote manuel et aujourd’hui avec le vote semi-électronique, elle doit être repensée parce que la même loi nous oblige à transmettre les résultats par la voie la plus rapide, et le CLCR a tendance à nous regarder». Il faut d’abord noter qu’à ce jour, la seule communication autour de cette rencontre entre Kadima et la MOE CENCO-ECC a été assurée par la cellule ad hoc de la CENI qui n’a fait parler que Kadima seul et pas ses interlocuteurs. On ne saura donc jamais l’objet authentique de cette rencontre. Ceci n’occulte, cependant, pas les contradictions dans les propos de Denis Kadima qui conjugue les CLCR à la fois au passé et au présent.
Des contradictions aussi lorsqu’il fait dire à la loi électorale ce qu’elle ne dit pas au sujet de l’utilisation du mode semi-électronique, notamment pour la transmission des données. La preuve c’est que, dans son cafouillage verbal, Denis Kadima ajoutait que «nous utilisons ces deux méthodes de façon concurrente là où c’est possible». La curiosité est que la compilation manuelle ait été zappée sur la présidentielle dont les opérations post-vote étaient plus faciles en raison du nombre des candidats en lice. La vérité est que la loi électorale ne fait aucune obligation de célérité en imposant l’électronique.
Les vérités implacables de la fraude électorales
L’article 47 de la loi électorale stipule, en son troisième alinéa, que «le vote semi-électronique COMBINE l’utilisation du bulletin papier sécurisé et le comptage manuel en même temps avec un dispositif électronique de prise en charge du processus de vote, d’agrégation et de transmission des résultats». La formulation de cet alinéa dégage les enseignements suivants qui sont lourds de conséquences sur les choix inconséquents de Denis Kadima:
– Le vote semi-électronique n’a pas rendu caduc le comptage manuel des bulletins ;
– Le système semi-électronique est indissociable du comptage manuel car les deux opérations se font de manière COMBINÉE ;
Dans le processus du vote, d’agrégation -compilation- et de transmission des résultats, cette dernière opération est postérieure au comptage manuel et ne peut donc pas exclure ni rendre caduc celui-ci. La loi ne laisse pas de possibilité d’option entre le système semi-électronique et le comptage manuel sous prétexte de célérité, car les deux se font successivement et ne jouent pas le même rôle pour donner la possibilité de basculer sur l’un ou l’autre selon les cas.
Conclusion: la fraude n’a jamais été aussi patente et son artisan, Denis Kadima, a plombé toute possibilité de crédibilisation des élections et, partant, des résultats présentés comme en ayant été issus, dont celles de la présidentielle.
Avec Congo Guardian