
L’ancien conseiller privé du chef de l’État Fortunat Biselele, dit Bifor, a été sans conteste la personnalité politique la plus attaquée de ces quatre dernières années. Aussi bien par les adversaires que par les partenaires de son propre camp. A cause du devoir de réserve que lui imposait sa fonction, l’homme ne réagissait jamais aux multiples philipiques dont il était l’objet. Et pour la première occasion qu’il s’est confié à la presse – dans le cadre d’une émission chronique du journaliste camerounais de RFI Alain Foka – il a été tellement mal compris que ses propos ont soulevé une clameur publique qui lui a coûté son poste.
Réchauffer les attaques
On a vu nombreux sabler le champagne – au propre, le cas du fameux Dinosaure, maître ès injures publiques – et d’autres célébrer l’événement de diverses manières. Pour d’autres encore, c’est le moment choisi de réchauffer les anciennes attaques contre Bifor et de relancer le buzz sur les réseaux sociaux.
C’est le cas de la vidéo de Valentin Mubake, qui date du début du mandat de Félix Tshisekedi à la présidence de la République, dans laquelle l’ancien bras droit d’Étienne Tshisekedi s’attaque violemment au conseiller privé du nouveau chef de l’État congolais.
“Bifor, je l’ai rencontré à Goma, il était membre des services de sécurité à la disposition de Bizima Karaha à Goma. Il avait pour chef quelqu’un qui dépendait directement de Kigali. Et Félix Tshisekedi l’a nommé conseiller privé”, déclare Mubake. Et de renchérir : “Et je vois une photo de Félix Tshisekedi avec Museveni, Bifor est là. Et vous voulez que je m’associe à des gens comme ça ?”
Représentant de UDPS à Goma
A croire que si lui, Valentin Mubake, était élu président de la République, il ne rencontrerait jamais un président voisin comme Museveni. A croire également que, avoir fréquenté ou travaillé avec les dirigeants du RCD vous transforme en démon avec cornes et queue, et fait de vous un ennemi juré de la RDC. Si tel était effectivement le cas, la première question serait alors de savoir ce que lui, Valentin Mubake, faisait à Goma en ces moments de rébellion militairement soutenue par l’armée rwandaise.
La réponse est simple : à l’issue du premier round du dialogue intercongolais de Sun City, Joseph Kabila et Jean Pierre Bemba concluent un accord – dit accord de Cascade, du nom de l’hôtel où il fut signé dans le grand complexe de Sun City – qui faisait du leader du MLC Premier ministre de transition.
L’UDPS et le RCD refusèrent de se joindre à cet accord. Sur le coup, ils créèrent une coalition nommée Alliance pour la sauvegarde du dialogue intercongolais, ASD en sigle. Étienne Tshisekedi en fut le président, Raphaël Katebe et Adolphe Onusumba vice-présidents, et Azarias Ruberwa secrétaire général. Leur objectif etait de ramener tout le monde autour de la table du dialogue afin de signer un autre accord. Ce qui sera fait en mars 2003.
C’est dans le cadre de l’ASD qu’Etienne Tshisekedi a réalisé une tournée dans les territoires sous contrôle du RCD, notamment Goma et Kisangani, après une visite à Kigali où lui et sa délégation, y compris Valentin Mubake, furent reçus par Paul Kagame.
A la suite de cette tournée, Étienne Tshisekedi nomma Valentin Mubake représentant de l’UDPS auprès du RCD, avec siège à Goma. La rébellion le prit en charge, et le soigna aux petits oignons, avec logement au Nyira Hôtel, nourriture dans les meilleurs restaurants de la ville, et un pécule mensuel pour lui permettre de faire face aux besoins de sa famille laissée à Kinshasa.
Pure médisance
C’est un jeune cadre qui est chargé d’assurer à Valentin Mubake ce confort de vie : il s’appelle Fortunat Biselele. Fonction: chef du protocole d’État, et non membre des services de sécurité, comme Mubake le raconte aujourd’hui à des fins de nuisance.
Fils de Fortunat Biselele et de Bernadette Ntangila Mesu, deux parents originaires du Kasaï central toujours en vie à ce jour, il est né à l’hôpital général de Kananga en 1971. A Goma, il n’est qu’un simple chef du protocole d’État, et n’a jamais assumé de hautes responsabilités au sein de la rébellion qui feraient de lui une personnalité en contact avec la haute sphère du pouvoir de Kigali qui parraine le RCD.
Mubake sera ainsi pris en charge par cette rébellion aux ordre du Rwanda sans se gêner pour le moins du monde. C’est pendant son séjour à Goma qu’il apprend le décès de son père à Bukavu. C’est la sécurité du RCD aux mains des rwandais comme il l’assure lui-même, qui supporte tout son séjour dans capitale du Sud Kivu et l’organisation du deuil.
Le monde est ainsi : aujourd’hui, c’est le même Mubake qui fustige les autres , les stipendiant d’être des agents du Rwanda, juste pour avoir occupé un petit poste administratif.
A la réunification du pays, les hauts dirigeants du RCD, ont gagné Kinshasa et ont naturellement occupé des hautes fonctions au sommet de l’État : vice-président de la République ; ministre de la Défense et autres ministères, membres des bureaux du sénat et de l’Assemblée nationale, ainsi que dans le commandement de l’armée et de la police, et dans la direction des services de sécurité du pays. Quant à Bifor, il s’est contenté d’être PCA de Fina Congo, avant de se lancer dans ses affaires privées, et de regagner son parti d’adolescence : l’UDPS. C’est cet homme là que nombreux ont voulu présenter comme le pion d’une puissance étrangère, certains affirmant même que sa mère était rwandaise. Par pure médisance…
Avec Mbuta Makiesse/www.actualite243.Com