Organisées sur fond d’allégations de corruption, les sénatoriales en RD-Congo font couler beaucoup d’encre et de salive. Alors qu’à l’UDPS, l’on appelle à la réorganisation de ce scrutin, le porte-parole du MLC, Jean-Jacques Mamba, estime qu’il faut plutôt remettre en cause tout le processus électoral, déjà «crédibilisé» par le parti tshisekediste qui ne peut plus faire marche arrière. «La corruption est un délit mais l’élection en elle-même n’a posé aucun problème d’ordre technique ou opérationnel pouvant conduire à son annulation», avance Mamba. Dans la foulée, ce cadre du MLC indique que la victoire du FCC aux sénatoriales répond à une logique et une stratégie de conservation du pouvoir de manière amorale et en violation de toutes les règles d’éthique en la matière. Suivons-le dans l’interview à bâtons rompus avec «AfricaNews». Lisez.
Le FCC a remporté une victoire écrasante aux sénatoriales, suspendues à la suite des manifestations déclenchées par les militants de l’UDPS. Quelle lecture faites-vous de ces élections?
La victoire du FCC répond à une logique et une stratégie de conservation du pouvoir de manière amorale et en violation de toutes les règles d’éthique en la matière. Ma crainte, du reste fondée, réside dans le fait que la population risque de ne pas trouver son compte.
Partagez-vous l’avis de l’UDPS qui appelle à la réorganisation des élections sénatoriales?
C’est tout le processus qu’il faut remettre en cause. L’UDPS avait déjà crédibilisé ce processus en amont, difficile qu’elle revienne sur sa position initiale. La corruption est un délit mais l’élection en elle-même n’a posé aucun problème d’ordre technique ou opérationnel pouvant conduire à son annulation.
A la présidentielle du 30 décembre 2018, vous avez soutenu Martin Fayulu qui conteste les résultats et mène une lutte dite de «vérité des urnes». Croyez-vous toujours en cette lutte?
Il est important pour chaque RD-Congolais de faire confiance en l’élection. La vérité des urnes est le socle de toute démocratie. Je ne puis aucunement banaliser cette vérité. Nous avons tous intérêt à ce que le citoyen continue de croire en son propre vote sinon la République disparaitra. Cette lutte est de par son essence un bon combat.
En France et en Belgique, où les leaders de Lamuka se sentent en sécurité, Fayulu y a récemment organisé des activités publiques dans le cadre de cette lutte. Mais, on le voit toujours seul. Ce combat ne concerne-t-il pas les autres leaders de Lamuka?
Les représentants de chaque composante de Lamuka ont officiellement et utilement participé à ces manifestations. D’un point de vue organisationnel, ça ne pose aucun problème dès lors que les leaders restent tous engagés.
Lamuka, selon certaines informations, va se muer en plateforme politique. Est-ce une manière d’accepter de faire l’Opposition républicaine?
Les options seront levées lors de l’évaluation prévue le 21 et 22 de ce mois. Nous commenterons ces orientations le moment voulu.
Si cela s’avère être vrai, ne doit-on pas craindre une guerre de leadership?
Il ne faut pas craindre les guerres de leadership. Le tout réside dans le respect des règles convenues et la gestion des ambitions. Il y a des critères et indicateurs qui établiront le rapport de force dans le strict respect desdites règles.
A quand le retour de Bemba, président de votre parti, le MLC?
Il a eu lors de son dernier voyage à Kinshasa des difficultés d’ordre sécuritaire et protocolaire qui doivent être réglées avant son retour.
En dépit du décor politique qui se plante et du prétendu accord secret avec Kabila, donnez-vous des chances à Félix Tshisekedi de réaliser un mandat fructueux?
Cela dépendra de ses capacités à rétablir l’ordre et la bonne gestion. L’Etat de droit est son plus grand challenge nonobstant le fait que les prémisses sont déterminantes pour ce type de fonction et les défis énormissimes.
Vous avez été élu député national à Lukunga. Quels défis vous êtes-vous assignés pour votre premier mandat à l’hémicycle?
Défendre valablement les intérêts de nos populations en général et de la circonscription de la Lukunga en particulier.
Propos recueillis par Laurent OMBA