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RDC | L’horreur qui a choqué le monde: Cenco, USA, UE et Royaume Uni condamnent

Ça restera une tâche noire au débit du pouvoir actuel. Ce qui devrait être une marche pacifique de l’opposition va entrer dans l’histoire parmi les hauts faits de la répression policière en RDC. En particulier, les images de ce gamin de 12 ans, violemment traîné sur la chaussée, sauvagement passé à tabac par une horde de barbares comprenant des policiers et des personnes en tenue civile non autrement identifiées, a choqué gravement le Congo et le monde.

En RDC, seule une infime minorité de fanatiques dont chacun peut aisément comprendre les motivations, s’est acharnée pitoyablement sur les réseaux sociaux à chercher des arguments pour justifier le tabassage de ce petit, rajoutant de l’indécence au mélodrame. Depuis samedi 20 mai, les réactions fusent de partout. Les mots sont durs, à la mesure de la gravité des faits : ‘‘répression ignoble et sauvage’’, ‘‘barbarie’’ et ‘‘monstruosités’’ pour la Conférence épiscopale nationale du Congo, CENCO ; ‘‘usage disproportionné de la force et l’agression du mineur par les agents de sécurité’’ pour les Etats Unis d’Amérique ; ‘‘répression violente’’ et ‘‘usage disproportionné de la force contre les manifestants, y compris des mineurs’’ pour l’Union européenne.

Première à réagir, la CENCO déplore le fait que le Gouvernementde la ville de Kinshasa a autorisé deux marches du pouvoir et de l’opposition le même jour et pratiquement aux mêmes heures, surtout le fait d’avoir changé verbalement l’itinéraire prévu par l’Opposition politique à peine 24 heures avant. Et de poursuivre : «ce qui frise une provocation dans la mesure où ce changement était de nature à perturber la planification des organisateurs. La CENCO est écœurée de constater que beaucoup de manifestants ont marché avec les armes blanches (machettes, bâtons, pierres…) au vu et au su de la Police sans être interpellés. Pire encore, certains éléments de la Police nationale étaient porteurs des mêmes outils de violence qu’ils échangeaient visiblement avec des individus en tenue civile, dont certains portaient le dorsal B.S.U ou Brigade Spéciale de l’UDPS, Force du progrès. Avec une telle complicité affichée publiquement, on se demande si cette Brigade Spéciale n’est pas une milice officiellement entretenue ».

Actions concrètes

Selon l’église catholique de RDC, le comble de tout c’est la répression ignoble et sauvage que les forces de l’ordre et leur milice complice ont infligée aux manifestants y compris aux mineurs trouvés sur leur chemin. «Dans la réalisation de leur œuvre macabre, ils n’ont pas hésité de tirer à balle réelle, visant même le véhicule d’un leader politique », lit-on dans le communiqué. Aussi la CENCO condamne-t-elle avec la dernière énergie toutes ces monstruosités décrites ci-dessus ainsi que la violence qui s’en est suivie, d’où qu’elle vienne. La conférence des pères de l’église congolaise attend des autorités compétentes des actions concrètes, au-delà des promesses médiatiques d’enquêtes et de justice (auxquelles nous sommes habitués et qui demeurent souvent sans suite), pour mettre hors d’état de nuire toute cette série des malfrats facilement identifiables. 

Le communiqué poursuit : «Nous avons grandement besoin des forces del’ordre au front pour sécuriser le Pays et non pour brimer la population dans les villes», avant d’exhorter le peuple congolais de ne pas céder à la peur face à la barbarie organisée pour l’intimider. 

Dans un communiqué rendu public le même lundi 22 mai par leur ambassade de Kinshasa, les États-Unis se disent «préoccupés par les indications d’un usage disproportionné de la force par les forces de sécurité en réponse aux manifestations à Kinshasa le samedi 20 mai, y compris l’agression d’un mineur». Le pays de Joe Biden rappelle «l’engagement des États-Unis en faveur du droit de se réunir, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse est inébranlable ; ces droits sont le fondement d’une démocratie saine». Et de renchérir : «nous soutenons le droit du peuple congolais à manifester pacifiquement pour exprimer ses préoccupations et ses aspirations. Nous soulignons l’importance d’exercer ces droits de manière pacifique».

Juste mesure de la situation

Pour sa part, l’Union européenne ne dit pas autre chose lorsqu’elle «condamne la répression violente d’une manifestation de l’opposition ce 20 mai à Kinshasa et l’usage disproportionné de la force à l’encontre des manifestants, y compris des mineurs» dans un communiqué signé par Mme Nabila Massrali, porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité.

L’UE «espère que l’enquête indépendante de la justice, demandée par le Ministre des droits humains de la RDC, permettra de faire la lumière sur les circonstances et d’établir les responsabilités sur les violations constatées», poursuit le communiqué. Qui rappelle les fondements de la politique extérieure de l’UE : «le respect des libertés publiques, y inclus la liberté de réunion et d’association, est essentiel et constitue un élément déterminant du déroulement d’un scrutin apaisé. Un espace d’expression et de débat sans entrave est indispensable pour permettre aux citoyens de se prononcer librement en vue des élections. L’UE attend des autorités congolaises qu’elles mettent en place les conditions nécessaires pour atteindre cet objectif».

Le gouvernement congolais a pris la juste mesure de la situation. C’est ainsi que dans l’avant-midi de ce lundi 22 mai, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Peter Kazadi s’est rendu au chevet de l’enfant qui a été tabassé par les policiers. Finalement, c’est le président de la République en personne qui est parti visiter le petit pour lui apporter le réconfort. Mais l’opinion attend surtout la justice afin que ce genre d’horreurs qui nous pendent au nez ne se reproduisent plus jamais. L’encore commandant de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo a fait savoir que trois policiers ont été mis aux arrêts et seront déférés devant la justice pour ce crime.

Avec Finance-cd.com

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