Dans l’Est de la RD-Congo, l’armée rwandaise a multiplié des actes d’agression, foulant au pied la trêve humanitaire négociée par les Etats-Unis et le cessez-le-feu décidé à Luanda sous la médiation angolaise. Tel est l’un des principaux messages adressés d’un ton ferme, jeudi 8 août 2024 à Kinshasa, par la ministre d’Etat aux Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, au corps diplomatique accrédité en RD-Congo. Elle en veut pour preuve l’occupation de trois localités RD-congolaises par les RDF, à savoir Nyamilima, Ishasha et Nyakokoma.
Pourtant, de son côté, Kinshasa, durant cette trêve humanitaire, qui aura duré une trentaine de jours, a fait montre de son attachement à la paix en observant la trêve humanitaire jusqu’à son expiration le 3 août dernier.
«La trêve humanitaire a offert un répit tant espéré à nos populations civiles, meurtries par la violence du conflit. Elle a aussi contribué à une atténuation sur le terrain. À cet effet, nous réitérons notre gratitude au gouvernement américain pour ses bons offices», a relevé la min’Etat aux Affaires étrangères. Peu après, elle a brandi, comme preuve supplémentaire de violation du cessez-le-feu, les attaques de brouillage des systèmes GPS et d’usurpation d’identité -spoofing. Ces attaques, selon Kinshasa, affectent l’espace aérien de la province du Nord-Kivu, victime des atrocités perpétrées par l’armée rwandaise, autour de Goma, incluant Beni, Butembo, Kibumba, et Kanyabayonga.
«Le gouvernement RD-congolais a saisi l’Organisation de l’aviation civile internationale -OACI- ainsi que la Commission africaine de l’aviation civile à ce sujet», a informé la min’Etat Kayikwamba qui, dans la foulée, a tiré la sonnette d’alarme face aux «drames qui pourraient subvenir et causer la mort tragique de milliers de passagers civils des compagnies aériennes internationales et nationales qui desservent cette partie de la RD-Congo, suite aux risques et dangers d’éventuels de crash d’avion».
Formelle, la cheffe de la diplomatie RD-congolaise a appelé toutes les représentations diplomatiques à condamner ces «actes de trop» et de nature à «compromettre gravement la sécurité du transport aérien civil, posant un risque significatif pour tous les vols, y compris les compagnies aériennes commerciales» et à «mettre en danger les missions humanitaires essentielles menées pour soutenir les populations locales victimes de la guerre d’agression rwandaise». Kinshasa, par la voix de Thérèse Kayikwamba Wagner, a montré la voie en «condamnant fermement cet énième acte d’agression en violation de la Convention de l’aviation civile internationale de 1944».
Ces attitudes belliqueuses de Kigali sont cependant loin de faire fléchir Kinshasa dans son engagement en faveur d’une résolution apaisée de la crise sécuritaire dans l’Est du pays en vue du retour d’une paix durable dans la région. Dans ce contexte, la ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères a redit la confiance de Kinshasa au processus de Luanda dans le cadre duquel une réunion ministérielle s’est tenue le 30 juillet dernier dans la capitale angolaise. Outre le cessez-le-feu, cette réunion, qui a mis autour d’une table les délégations RD-congolaise et rwandaise, a débouché sur l’opérationnalisation du Plan de neutralisation des FDLR et l’élaboration d’un Plan de désengagement des forces non invitées et opérant dans l’Est de la RD-Congo, à savoir les RDF et le M23.
«Conformément à une décision de la réunion susmentionnée, les experts des deux parties, sous la facilitation de l’Angola, se sont réunis du 7 au 8 août à Luanda, pour examiner la proposition du Médiateur, l’Angola, concernant un Plan harmonisé de neutralisation des FDLR et l’élaboration d’un Plan de désengagement des forces sur le terrain. Le rapport des experts est attendu à la prochaine Réunion ministérielle prévue le 15 août», a informé la cheffe de la diplomatie RD-congolaise, après avoir évoqué les sanctions imposées aux personnalités et organisations reconnues auteures de la déstabilisation de l’Est de la RD-Congo.
«Le gouvernement RD-congolais salue les sanctions imposées par les Etats-Unis, le 23 juillet 2024, ciblant plusieurs entités et individus soutenant les groupes armés en RD-Congo, y compris l’Alliance Fleuve Congo, le M23, le groupe armée Twiraneho ; ainsi que celles de l’Union européenne ciblant neuf individus et une entité, responsables de violations graves perpétrées à l’Est de la RD-Congo», a souligné la ministre des Affaires étrangères qui est à son deuxième échange avec les diplomates accrédités au pays de Tshisekedi après celui du 27 juin dernier.