Qui freine le début des travaux de cet important ouvrage dont le Président Kabila a procédé à la pose de la première pierre? Alors que le montage financier est fin prêt avec l’apport des capitaux frais par Exim Bank of China, la Régie des voies aériennes traine les pieds pour assurer le service de la dette.
L’année dernière, la pose de la première pierre des travaux de construction d’une nouvelle aérogare aux dimensions des ambitions de la RD-Congo a fait l’objet d’un battage médiatique sans précédent. L’événement présidé par l’ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange entouré de tous les animateurs des institutions de la République sur le site de l’Aéroport international de N’Djili, a été retransmis en direct sur les antennes de la chaîne nationale, la «RTNC». Tout de go, beaucoup de voyageurs se sont frottés les mains dans l’espoir de bénéficier enfin d’installations aéroportuaires modernes avec des services haut de gamme comme c’est le cas dans la plupart des pays étrangers tant en Afrique que sur les autres continents.
Surfacturation des coûts du pavillon présidentiel et de l’aérogare provisoire
La réalisation de cet ouvrage n’est pas aussi aisée que le commun des mortels ne le croit. Les RD-Congolaises et RD-Congolais échaudés par la surfacturation exponentielle des coûts des travaux de construction du pavillon présidentiel et de l’aérogare modulaire provisoire visibles sur cette plate-forme, ont commencé à émettre des doutes sur l’érection du nouveau terminal voulu ultramoderne dans le timing requis. Le premier écueil se situe au niveau du montage financier. Une firme chinoise approchée par le gouvernement de la République s’est dit prête à tenter l’aventure. Des contacts ont été pris avec Exim Bank of China qui a montré ses diligences à libérer les fonds nécessaires à la construction de cet aéroport tant attendu depuis décennies. Les apporteurs des capitaux frais ont cependant posé certaines conditions, la plus importante étant la présentation du tableau de l’utilisation des recettes générées par la taxe go-pass depuis sa mise en œuvre à ce jour. De l’avis des argentiers chinois qui n’entendent nullement investir à fonds perdus, les recettes plantureuses ainsi réalisées dans les différents aéroports gérés par la Régie des voies aériennes, RVA devraient servir de matelas financier pour assurer le service de la dette. En son temps, la ministre du Portefeuille a embouché la même trompette pour mettre les gestionnaires de la RVA aux pas.
Sonnette d’alarme d’«AfricaNews»
«AfricaNews» avait tiré la sonnette d’alarme sur le nantissement des recettes du go-pass et les difficultés encourues par le gestionnaire des aéroports pour répondre favorablement aux attentes des autorités du pays. Le journal avait même prévenu sur le risque de ne point voir une seconde pierre faire émerger du sol cet important ouvrage parrainé par la plus haute autorité du pays. Une année après, l’on est toujours à la case de départ. Sur le plan purement technique, la maquette présentée a fait l’objet de critiques acerbes des professionnels de l’aviation civile au regard de l’étroitesse de l’espace réservé au parking des aéronefs. Or, des maquettes existent qui projettent la construction du plus grand aéroport en Afrique centrale avec deux pistes d’atterrissage, les espaces occupés par le camp CETA jusqu’au fleuve Congo étant mis à contribution. Dans l’entendement des opérateurs aériens, Kinshasa constitue un hub naturel où convergent tous les vols continentaux allant du nord au sud, de l’est à l’ouest et vice-versa. L’importance du trafic aérien à l’aéroport de Kinshasa est telle que le tarmac ainsi que les satellites devraient être en mesure de recevoir plus d’une quarantaine d’aéronefs à la fois, comme c’est le cas à Nairobi, Addis-Abeba, Johannesburg, Luanda, etc.
La RD-Congo hub naturel
A l’époque de la splendeur de la 2ème République, N’Djili accordait son hospitalité aux avions de plus d’une vingtaine de compagnies aériennes étrangères parmi lesquelles UTA, Tap Air Portugal, Swissair, Iberia, Sabena, Lufthansa, British Airways, Nigeria Airways, Cameroon Airlines, Aeroflot, Taag Angola Airlines, South Africa Airways, Air Gabon, Air Afrique, Ethiopian Airlines, etc. Les embouteillages sur le tarmac étaient tels que certains aéronefs se limitaient au niveau des bretelles. La RD-Congo est en train de recouvrer ses lettres de noblesse. De nombreux transporteurs aériens de notoriété mondiale se bousculent au portillon pour desservir l’Aéroport international de N’Djili avec des avions de nouvelle génération. Autant, ces compagnies offrent des services de qualité à bord de leurs avions, autant elles aimeraient voir leurs clientèles soignées aux petits oignons au sol dans des bâtiments ultra-modernes, dotés d’équipements à la pointe de la technologie et un personnel hautement qualifié. Tout ceci est à la portée de la RD-Congo. Malheureusement, le manque de volonté politique renforcé par l’amateurisme et l’esprit de lucre de nombreux dirigeants tirent le pays vers le bas pendant qu’il est appelé à jouer un rôle de premier plan en aviation civile.
Infrastructures aéroportuaires en phase avec les dernières avancées technologiques
Ceci n’est un secret pour personne, la RD-Congo constitue avec ses provinces tout un réseau où l’utilisation de l’avion sera incontournable pendant de nombreuses décennies. Dans un passé aux cendres encore chaudes de la 2ème République, l’avion avait cessé d’être un moyen de luxe, toutes les catégories sociales pouvant l’emprunter grâce à la politique tarifaire de la compagnie aérienne nationale Air Congo, Air Zaïre, LAC dont plus de 75% des recettes provenaient des vols domestiques. Les anciens étudiants qui ont fourbi leurs armes dans les universités et instituts supérieurs aussi bien dans la capitale qu’à l’intérieur du pays se souviennent encore de ces moments d’intense joie. Même son de cloche pour les élèves et étudiants étrangers résidant en RD-Congo tout comme leurs homologues congolais basés en Occident qui, avec l’argent de la bourse, voyageaient à des coûts ne les exposant nullement à des budgets déficitaires. Ce marché existe. La grande bataille que se livrent les transporteurs aériens se situe au niveau de la qualité des services offerts à la clientèle. Il en est de même des gestionnaires des aéroports appelés à mettre à la disposition des exploitants aériens des infrastructures aéroportuaires en phase avec les dernières avancées de la technologie. Disons-le sans ambages, l’aéroport international de N’Djili construit pendant la période coloniale à l’image de l’ancien aéroport de Zaventem, est loin de soutenir la comparaison avec les aéroports des capitales des pays voisins telles que Brazzaville, Luanda, Kigali, Douala pour ne citer que celles-là.
Urgence de la reprise en main de ce chantier
L’émergence du pays implique sa visibilité. L’aéroport, porte d’entrée par excellence de tous les étrangers, doit constituer le miroir de la République. Les nouvelles autorités du pays donnent déjà des signaux visant à s’attaquer aux chantiers inachevés qui ternissent l’image de marque de la RD-Congo. Le directeur de cabinet du Chef de l’Etat accompagné de quelques collaborateurs, a effectué une descente sur le terrain en début de semaine. L’opinion aimerait voir le Président de la République prendre ce dossier à bras le corps pour que tous ceux qui sont impliqués, apportent les éclaircissements nécessaires de manière à relancer cette initiative, tout en intégrant les observations pertinentes des exploitants aériens en rapport avec les ambitions de grandeur de la RD-Congo.
Ya KAKESA