Martin Fayulu propose d’abandonner le combat pour la vérité des urnes contre une nouvelle transition politique à la faveur de laquelle Félix-Antoine Tshisekedi accepterait de céder une partie de pouvoir -qu’il a déjà en partage avec Kabila- à la coalition Lamuka. L’idée consiste à décréter une nouvelle transition de 12 à 18 mois à l’issue de laquelle la RD-Congo devrait organiser de nouvelles élections générales et à confier à la coalition Lamuka la charge d’entreprendre des réformes institutionnelles pendant cette période. Offre déclinée par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi. Mardi 2 juillet 2019, lors de sa conférence de presse à Bunia, Fatshi a fait savoir au député national Fayulu que les réformes ont des endroits pour être discutées.
Alors qu’il s’est toujours considéré vainqueur de la présidentielle du 30 décembre 2018, Martin Fayulu a ouvertement pris l’option d’abandonner la lutte pour la vérité des urnes. Cette option s’est clairement dessinée à la suite des propositions formulées à l’attention du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour la «sortie de crise». Dans un document, signé de ses mains le 10 mai 2019, le candidat Lamuka à la présidentielle a suggéré la tenue des discussions entre des parties prenantes à l’issue desquelles une institution, dénommée «Haut conseil national des réformes institutionnelles -HCNRI-», sera créée. «Cette institution se chargera des réformes à opérer notamment dans la Commission électorale, la Cour constitutionnelle, la défense et sécurité, la gouvernance et les droits humains», lit-on dans ce document qui, en plus, propose l’organisation «des nouvelles élections générales -présidentielles, législatives nationales et provinciales, les sénatoriales, les présidents des Assemblées provinciales, les gouverneurs des provinces. Ces nouvelles élections seront ouvertes à tout le monde». Selon le même document, pendant cette période des réformes allant de 12 à 18 mois, Félix Tshisekedi dirigera le pays et Martin Fayulu le HNCRI.
Pendant que l’authenticité de ce document, en circulation libre sur les réseaux sociaux, posait encore problème, voici que l’extrait vidéo d’une intervention de Martin Fayulu aux USA a été balancée opportunément. Cette séquence filmée corrobore les propositions de Martin Fayulu appelant à l’organisation de nouvelles organisations générales, après une transition de 12 à 18 mois dirigée par le HCNRI. Dans un autre document que Fayulu considère comme un addendum de celui du 10 mai, il a émis le vœu de se voir assister par Freddy Matungulu et Adolphe Muzito dans l’exercice de ses fonctions comme président du HNCRI. «Ils sont prêts à contribuer activement à la réussite de cette institution, car ayant travaillé avec le régime sortant et connaissant les points et les éléments à attaquer pour avoir des fortes réformes dans le domaine de la gouvernance, surtout contre la corruption», a expliqué Fayulu.
Son offre, déclinée, n’a pas été la bienvenue auprès de Félix Tshisekedi. Mardi 2 juillet 2019 à Bunia, en conférence de presse avec les médias nationaux, Fatshi a fait savoir au député national Fayulu que les réformes ont des endroits pour être discutées. «Les réformes ont des endroits pour être discutées. Fayulu est un élu. En allant au Parlement, il peut emmener ce projet. Nous sommes en démocratie. Nous avons aussi la possibilité de refuser ou d’accepter ces propositions», a répondu le Président Félix Tshisekedi estimant également que pareille idée est inappropriée dans un pays où le peuple a tranché à travers les urnes en choisissant ses dirigeants en toute liberté. Outre le Président Félix Tshisekedi, le camp de Moïse Katumbi, un autre leader de Lamuka, opposé à l’idée d’une Opposition radicale prônée par Fayulu, l’on a fustigé cette offre. Avec sa verve oratoire légendaire, Olivier Kamitatu, directeur de cabinet et porte-parole de Katumbi, a tweeté: «En évoluant en franc tireur, Martin Fayulu tourne la page de la vérité des urnes. Son offre de dialogue avec Félix Tshisekedi consacre l’essoufflement d’un radicalisme stérile. Et, le procès en diabolisation intenté stupidement contre Moise Katumbi s’en trouve encore plus inqualifiable». Quant à Francis Kalombo, il s’est exclamé face à la démarche entreprise par Fayulu de dialoguer et de négocier un poste pour lui seul, abandonnant par conséquent le fameux combat de la vérité des urnes. «La journée, on envoie le peuple dans la rue pour se faire tuer et, la nuit, on négocie un poste -pour lui seul- à la tête d’une institution!!! La vérité des urnes à la Congolaise», a-t-il posté sur twitter.
Laurent OMBA