Les communiqués fusent dans le camp de l’Opposition. Entre mardi, mercredi et jeudi, les députés provinciaux du parti Ensemble pour la République, l’opposant en exil Franck Diongo et Olivier Kamitatu et le groupe parlementaire d’Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale se sont exprimés sur la question. Ils ont tous fait part de l’intrusion des militaires dans une concession privée de Moïse Katumbi et d’une manœuvre tendant à arrêter Moïse Katumbi.
L’affaire est sur toutes les lèvres. Elle donne à l’Opposition l’opportunité de dire au monde que le Pouvoir en veut à ses ténors. Elle renforce soupçons de l’Opposition après l’idée du lancement de la Constitution lancée par Augustin Kabuya, le secrétaire général de l’UDPS, parti au pouvoir. Via RFI, le camp de Moïse Katumbi a dénoncé l’intervention illégale de militaires, mardi 2 octobre, sur une propriété privée située dans le Haut-Katanga. Sur cette concession, l’opposant politique Katumbi fait construire un petit aérodrome destiné à desservir un hôpital qu’il a réhabilité dans une zone isolée. Olivier Kamitatu, directeur de cabinet et porte-parole de Katumbi, a condamné fermement cette action qu’il considère comme une tentative de manipulation, a rapporté RFI.
Selon Kamitatu, des militaires ont fait irruption sur le chantier, ont confisqué le véhicule de Katumbi et ont arrêté le responsable des travaux, en plus de malmener les ouvriers présents. «Moïse Katumbi réhabilitait cette piste pour faciliter l’évacuation des malades, comme il l’a déjà fait dans d’autres régions du pays -à Kiubo, Kasenga, Kashobwe, Kibombo et dans le Maniema», à expliqué le Dircab au micro d’Esdras Ndikumana, journaliste au service Afrique de RFI.
Des proches du pouvoir accusent l’opposant d’avoir violé la loi en entreprenant des travaux de réhabilitation de cet aérodrome sans l’autorisation des autorités, remarque le correspondant RFI à Kinshasa, Pascal Mulegwa. Ils ont dénoncé dans les médias, une «main noire» derrière ces travaux que l’opposant présente comme une œuvre de charité qui devrait profiter à la communauté et revenir à la régie des voies aériennes -RVA- qui gère les aéroports et aérodromes.
Olivier Kamitatu a rejeté les insinuations selon lesquelles Moïse Katumbi serait impliqué dans une rébellion, précisant que l’aérodrome en construction à Mulonde, situé à 90 kilomètres de la Zambie, est avant tout un projet humanitaire. «Ces militaires sont venus sans documents ni autorisation, pour agresser des travailleurs œuvrant au service de la population», a-t-il dénoncé.
L’incident soulève des questions sur les motivations réelles de cette intervention, alors que Katumbi, selon ses proches, est régulièrement la cible d’intimidations politiques dans un contexte de tensions en vue des prochaines élections. Sollicitées par RFI, les autorités militaires n’ont pas souhaité réagir. Mais l’intervention fait réagir dans les milieux de l’Opposition dont les sociétaires estiment que pareilles manœuvres reviennent et visent à éloigner du pays Katumbi, présenté comme le principal obstacle à tout projet de révision ou de changement de la constitution. Sous Kabila, l’ancien gouverneur avait dit non à une telle initiative au point d’aller prêter mains fortes à l’Opposition de l’époque, aux côtés de l’actuel président de la République, Félix Tshisekedi. En exil en Belgique, Franck Diongo a appelé mercredi à voler au secours de Katumbi.
Natine K.
Déclaration politique du Groupe parlementaire de l’Opposition Ensemble
Nous, Députés nationaux de l’Opposition membres du Groupe parlementaire «ENSEMBLE» avons appris avec stupéfaction en date du 02 octobre 2024, des manœuvres orchestrées par les services de sécurité dans le Territoire de Pweto, localité de Mulonde, tendant à monter une cabale contre Monsieur Moïse Katumbi Chapwe, en vue de son arrestation suite à ses efforts de réhabilitation de l’hôpital et la piste d’aviation de cette contrée.
En effet, Monsieur Moïse Katumbi Chapwe, lors de sa visite à Mulonde a été frappé par l’enclavement, le manque de soins de santé et la misère qui règnent dans la région.
Comme il a eu à le faire dans d’autres régions – Kasenga, Pweto, Kibombo, Kashobwe…, celui-ci a entrepris de réhabiliter l’hôpital et la piste de cette localité en vue de venir en aide à la population en matériels sanitaires et en évacuations.
A la suite de la réhabilitation de cette vieille piste existante, celle-ci devrait être remise à la RVA comme cela a été le cas par le passé.
A l’affût des motifs d’arrestations des opposants les plus farouches, pour museler la classe politique en prévision du changement de la Constitution, et prolonger indument le mandat du Président Félix Tshisekedi, le pouvoir en place dans sa logique d’intimidations, entend faire taire Moise Katumbi Chapwe.
C’est ainsi que, des troupes lourdement armées, envoyées à Pweto, ont investi sa concession et procédé à l’arrestation de ses travailleurs en emportant plusieurs biens de valeurs.
Face à cette situation, nous, Députés nationaux de l’Opposition, membres du groupe parlementaire Ensemble, déclarons ce qui suit :
- Le pouvoir en place en République Démocratique du Congo, doit mettre fin à la terreur qu’il instaure sans ménagement ni respect aux droits prescrits par la constitution et les lois de la République, en arrêtant systématiquement les opposants ;
- Le Gouvernement doit œuvrer au renforcement de la cohésion nationale, aux fins de mettre un terme à l’occupation depuis plusieurs années d’une partie du territoire national, plutôt que de concentrer ses efforts à se maintenir au pouvoir par la terreur et la violence ;
- Le Gouvernement, au regard de la misère dans laquelle est plongée notre population doit encourager les initiatives privées telles que celles de Moise Katumbi Chapwe, pour pallier aux insuffisances totales de l’action gouvernementale.
En conclusion,
Les Députés Nationaux de l’opposition, membres du groupe parlementaire ENSEMBLE, prennent à témoin la communauté tant nationale qu’internationale sur les actions néfastes entreprises par le pouvoir en place, et ce de manière systématique contre les opposants
Aussi ils invitent la population à la vigilance en vue de barrer la route à toute consolidation de la dictature grandissante.