Le championnat d’Afrique ouvre sa 7ème édition ce vendredi 13 janvier en Algérie. Une messe à laquelle participent les Léopards de la RDC, double vainqueur de ce trophée et seule équipe de l’Afrique noire à avoir remporté ce trophée. Et selon plusieurs analystes, la RDC est prête à rafler cette édition au vu se certaines statistiques: son championnat national est parmi les meilleurs sur le continent; le pays, à l’instar de l’Égypte, est le seul à avoir qualifié 4 clubs en phase des poules aux interclubs de la CAF; et les joueurs congolais font le beau temps des championnats étrangers…
La RDC entre en lice ce samedi à 17h00 face à l’Ouganda pour le compte du groupe B logé dans la ville d’Annaba. Mais une question taraude les esprits: avec quel moral les poulains du sélectionneur Otis Ngoma vont affronter cette compétition?
Le récurent problème des primes non versées
Depuis le début de cette aventure, les joueurs et membres du staff ne font que souffrir le martyre. Alors qu’ils lançaient leur préparation avec un stage à Brazzaville soldé par une double confrontation contre leurs homologues du Congo, rien ne leur a été versé comme prime. On se rappelle même de la polémique: les prévisions de la fédération destinées au gouvernement ont été fuitées comme pour jeter le discrédit sur la sélection.
A cette déception, les Léopards locaux ont répondu par le courage et se sont qualifiés pour la phase finale avant de lancer leur préparation en décembre 2022 à la veille des fêtes. Cette préparation d’abord locale puis extérieure avec un stage en Tunisie ponctué de deux matches amicaux internationaux de préparation contre la Lybie (3-1) et contre le Mali (0-1). Là encore une autre déconvenue, le gouvernement n’a pris en charge que l’organisation du stage et n’a pas payé les primes.
Et c’est dans cet état d’esprit que le groupe a atterri à Annaba pour démarrer la compétition avec des arrièrés des primes.
Des primes réduites? Des conditions imposées…
Nos fins limiers ont essayé d’en savoir plus sur cette affaire qui sape le moral des troupes congolaises. Ils ont découvert une campagne sagement menée par certains esprits au sein du gouvernement. Au ministère des Sports, on semble minimiser cet aspect des primes non versées. Serge Nkonde et son équipe n’ont-ils pas adopté le principe de Pierre de Coubertin, selon lequel l’essentiel est de participer? La guerre entre le patron des Sports et son collègue des Finances, Nicolas Kazadi, semble tout dire du découragement du premier dans ses fonctions.
Côté trésorerie -finances et budget-,on se demande réellement si le gouvernement devait s’engager dans de telles dépenses. Les Sports, comme les ministres Aimé Boji et Nicolas Kazadi l’auraient ouvertement critiqué au cours d’un point de presse, “sont un secteur budgétivore qui n’apporte rien à la République”. Vraiment?
Et les astuces sont vite trouvées dans le chef des argentiers de la République. La prime de la sélection congolaise doit être bancarisée, idée chèrement défendue par sieur Nicolas Kazadi. Solution rejetée par la majorité des joueurs qui sont à l’extérieur du pays et ne savent ni contrôler ou accéder directement à leur argent. Bien plus, pourquoi bancariser une prime non-permanente?
La RDC consacre près de 7 millions de dollars aux sports, un secteur très sensible surtout en cette année électorale. En fait, ce budget devait être qualifié de “honteux” quand on sait qu’il égale celui de certains clubs en Angola ou en Afrique du Sud.
Lors des barrages de la Coupe du Monde en Mars 2022 entre la RDC et le Maroc, on a vu atterrir à l’aéroport international de Ndjili 13 avions remplis de supporters marocains venus appuyer leur équipe nationale alors que dans la même soirée un petit aéronef transportant à peine 150 animateurs congolais a pu décoller pour le Maroc pour apporter un soutien aux Léopards.
Une autre astuce serait de briser unilatéralement la décision du Conseil des ministres et de faire passer ces primes sur le compte bancaire de la FECOFA. On se rappelle que le Conseil des ministres sur initiative du Président de la République avait décidé, sur fond d’un scandale, de ne plus mettre les fonds publics à disposition de cette entité sportive. Ces fonds étant gérés directement par un comptable public.
Toutes ces guerres, astuces ou stratégies inutiles dessinent en fait une mauvaise participation des Léopards à cette 7ème édition du CHAN et privent l’occasion à Félix Tshisekedi de soulever le trophée de cette compétition comme son prédécesseur Joseph Kabila en 2009 et 2016.
José LOKWA
