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A Paris, Bolio alerte la diaspora sur l’épuration des Teke

Devant les RD-Congolais de la ville lumière, l’élu de Bolobo a relancé sa demande d’instituer, à Kwamouth, un tribunal spécial pour juger les auteurs des massacres contre les membres de cette ethnie propriétaire des terres dans le Maï-Ndombe

Le député national Willy Bolio Emina a été, mardi 15 août 2023, devant la diaspora RD-congolaise de Paris, en France, dans le cadre d’une tribune de vérité sur le génocide des peuples Teke en RD-Congo, pour poursuivre sa campagne de dénonciation de ce qu’il considère comme «l’épuration ethnique des Teke».

Devant les RD-Congolais de la ville lumière, Bolio a fait une radioscopie du conflit inter-ethnique entre les Teke et les Yaka qui déchire le territoire de Kwamouth, dans la province de Maï-Ndombe, depuis juin 2022, causant la mort de plus de 1000 personnes selon des statistiques avancées par des organisations de la société civile.

Pour lancer son auditoire dans le bain de son exposé, l’élu de Bolobo a, avec conviction, lancé que «les Teke sont victimes de leur hospitalité». «Les Teke, propriétaires des terres, ont accueilli, avec générosité, les Yaka et toutes les autres tribus. Aujourd’hui, ils se voient être exterminés. Les Teke sont victimes de leur hospitalité pour avoir accueilli les Yaka, venus à la recherche du travail, de l’espace pour cultiver et pour l’élévation. Aujourd’hui, devenus riches avec la production réalisée sur le sol Teke, au lieu d’utiliser cette richesse pour développer l’espace qu’ils partagent, ils ont utilisé ça pour s’acheter des armes, à feu ou blanches, pour exterminer les gens qui les ont accueillis. C’est douloureux», a déploré d’entrée le député Bolio, peu avant de dresser la chronologie des faits et les causes à l’origine de ce conflit.

Tout en affirmant que ce conflit est une «action préméditée et préparée», cet élu du peuple a fait savoir que tout commence le 6 août 2021 quand un certain Nkimona Nkumbu Mukelenge Odon a écrit à l’Administrateur du territoire de Kwamouth pour l’alerter d’un conflit en gestation inter-ethnique entre les Teke et Yaka. «Dans cette lettre, il prévenait que si on ne faisait pas attention, ce qui s’était passé à Yumbi et au Kasaï avec le Kamwena Nsapu, se passerait à Kwamouth. Il a signé cette lettre en sa qualité de chef de la cour royale des Kiamvu, c’est-à-dire de tous les Yaka à Kasongo Lunda, alors qu’en réalité, il n’est pas le vrai chef Kiamvu», a révélé le député Bolio.

Puis: «le 5 septembre 2021, Mr. Makambu Balosa Thomas, surnommé Saddam, va s’adresser au chef Musiamu, pour lui dire que désormais aucun Yaka ne paiera de redevance coutumière aux Teke, parce que les terres leur appartient».  Puis encore: «En février 2022, les Yaka font ressortir une correspondance qui serait venue du ministère de l’Intérieur et signée par le directeur de cabinet adjoint du VPM de l’Intérieur, par laquelle, ce dernier répondait à la copie de la lettre de Kiamvu et adressée au chef de groupement de Dumu pour dire qu’aucun Teke ne peut plus percevoir une redevance coutumière auprès des tiers. A l’évidence, cette lettre est un faux. Parce que le signataire, Me Fils Makanzu, n’a jamais été Dircaba au ministère de l’Intérieur. La lettre a été vendue à tous les Yaka, les Suku, les Mbala qui faisaient des travaux dans le territoire de Kwamouth au prix de 15.000 FC. Toute personne qui payait cette correspondance, était d’office exemptée de la paie de redevance aux Teke».

Tous ces faits ont constitué les prémisses de ce conflit qui s’est déclenché de manière formelle en juin 2022 avec l’incendie de deux villages dont Masiambe. Cette attaque, selon Bolio, avait fait 6 morts.

«Nous avions sollicité de rencontrer le Président de la République, le président de l’Assemblée Nationale, le ministre de l’Intérieur, ils ont refusé. Le problème est devenu compliqué jusqu’à ce que les 2/3 du territoire ont été ravagés. Lorsqu’il y a eu le massacre à Masiakwa et que nous avons saisi RFI et la VOA, finalement le gouvernement va avoir le sentiment d’envoyer les gens pour vérifier ce qui se passe», a-t-il relaté, déplorant l’incapacité des autorités nationales de pouvoir identifier ni les auteurs moins encore les vraies causes de ce conflit sanglant.

«La première théorie évoquée par le gouvernement, c’était celle d’une main noire. A défaut de retrouver la main noire, le gouvernement a commencé à se chercher des excuses et de justification, parce que les Teke peuvent être tués, ce n’est pas leur problème», a regretté le député Bolio qui déplore le tapis rouge déroulé pour un certain Mini Kongo, aussi appelé Zombi, à la présidence de la République, où il a été accueilli comme la solution au problème, alors qu’il est parmi les cerveaux derrière le conflit, à en croire l’élu de Bolobo.

«Sa mission était de sortir les auteurs des massacres qui se cachaient dans des forêts, parce qu’il les connaissait. Chaque fois qu’il passait, à son retour, il y avait des massacres qui continuaient. Il venait armer, alimenter les assaillants. Il faisait semblant d’entrer et de sortir avec un groupe tout en laissant la branche dure dans la brousse. Les gens avec il sortait étaient enrôlés dans l’armée. Chose écœurant. Est-ce une stratégie pour exterminer officiellement les Teke?», a avancé Willy Bolio. Et de fustiger: «Dans l’entretemps, les autorités recevaient aisément les assaillants et aucune fois les victimes. Après ce scenario, les Yaka sont montés jusqu’à Bagata. Ils y ont tué et créé désolation. Les assaillants venus à Bagata ont été jugés devant le Conseil de guerre de Bandundu-ville. Ceux de Kwamouth, qu’on a amené à Kinshasa, hormis ceux enrôlés dans l’armée, on ne sait pas s’ils sont où».

Considérant que «seuls les Yaka sont en train de tuer les Teke», le député Bolio a informé à son auditoire qu’il avait en vain «demandé au gouvernement d’instituer un tribunal spécial pour juger ces assaillants».

Cette tribune de vérité a été l’occasion, pour ce député national, de relancer cette demande, non sans insister sur son établissement à Kwamouth au motif que «c’est là qu’il y a des témoins et des victimes qui peuvent se constituer partie civile».

Par ailleurs, Willy Bolio a balayé d’un revers de la main les avis selon lesquels «la vente exagérée des terres à plusieurs personnes par les Teke» serait à la base du conflit inter-ethnique entre Teke et Yaka. Ce motif, avancé notamment par la  ministre près le Président de la République, relève d’une stratégie de division des Teke pour permettre aux Teke de réussir leur plan, a-t-il laissé entendre.

«Oui, les chefs coutumiers ont exagéré dans la vente des terres. Ils en ont vendu tellement. Appartiendrait-il aux Yaka de tuer les Teke parce qu’ils ont vendu leurs terres? C’est un argument des lâches. C’est une démarche qui consiste à nous diviser pour leur permettre de réussir leur plan. Soyons unis pour faire face à tout cela. Je ne dis pas que nos frères sont saints. Je voudrais d’abord qu’on mette fin à ces tueries», a lancé le député Bolio. 

Ce dernier a en outre accusé le gouvernement de n’être pas «attentif aux problèmes des Teke». «Le gouvernement ne répond jamais aux nombreuses demandes d’audience alors qu’il a reçu les assaillants et les a même entretenus aux frais du Trésor public. Pourquoi? La représentativité des Yaka dans les institutions est telle que leur collaboration avec les gestionnaires de l’Etat affaiblit même le président de la République à agir. C’est eux qui lui parlent, il est induit en erreur et il ne sait pas la réalité. Mais qu’il nous reçoive. Le président de l’Assemblée nationale, la ministre près le Président de la République, sont des Yaka. Et, vous voulez passer votre message par les mêmes personnes», a-t-il relevé.

YA KAKESA

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