Présente lors de 4 dernières CAN, la RD-Congo ratera la prochaine édition, prévue au Cameroun en janvier 2022. Une débâcle retentissante d’autant plus que la compétition est passée à 24 pays depuis 2019. Dans l’opinion, le président de la FECOFA et le sélectionneur national sont désignés comme responsables de cet échec programmé…
Les Léopards ne seront pas de la fête camerounaise en janvier 2022. Humiliés par la bande à Aubameyang, Bouanga et Bopoundza, les coéquipiers de Marcel Tisserand sont officiellement éliminés de la CAN 2021. Une situation inédite quand on sait que la CAN se joue à 24 depuis 2019. C’est également la première fois au 21ème siècle de voir les Léopards sortir des éliminatoires avant la dernière journée, prévue mardi prochain à Kinshasa face à la Gambie. Cette élimination est tout, sauf une surprise pour les habitués du milieu du football congolais. Les signaux étaient rouges depuis le début de la campagne, même bien avant! Depuis 2 ans, la génération «Fimbu» est en voie de disparition, sous l’œil impuissant de la Fédération congolaise de football association -FECOFA. Aucune vision, aucune transition, la FECOFA a préféré subir l’avenir, au lieu de l’anticiper.
Bis repetita pour les Léopards après la triste période 2008-2012 durant laquelle ils ont manqué 3 CAN consécutives. Profitant d’un concours de circonstance, les Léopards ont retrouvé le chemin de la fine fleur du football africain en 2013. Sans ambition ni projet, ils avaient saisi l’opportunité d’une campagne de qualification à match unique et d’un entassement de talents venus d’Europe pour la plupart. Ensuite est venue l’euphorie Ibenge. Sous sa coupe, les Léopards ont atteint l’apogée de l’ère Omari avec une médaille de bronze en 2015. Cependant, tous les espoirs placés en cette génération se sont éteints au fil des années. Elle a vieilli sans rien remporter. La faute à la léthargie de la FECOFA.
Ibenge parti après la déconfiture de la CAN 2019, Nsengi assume depuis 2 ans un interminable intérim. Preuve de l’absence de vision qui caractérise la FECOFA. Depuis sa prise de fonctions, Nsengi est confronté à une guerre interne qui ne dit son nom. Comme souvent, quand les éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent. Les joueurs ont malheureusement subi sur le terrain le désordre extra-sportif.
Auteurs de 3 nuls lors de cette campagne de qualification, les Léopards ont concédé la défaite dévastatrice. Une seule qui suffit pour éteindre les ardeurs de tout un peuple. Pourtant, la FECOFA a semblé ne pas mettre toutes les chances du côté des Léopards. Dans une lettre adressée à la Fédé, Nsengi alertait sur la nécessité d’organiser le voyage des «RD-Congolais de France». En raison de la pandémie, les clubs français avaient posé des conditions pour libérer leurs joueurs, notamment la mise à disposition d’un avion pour leur transport. Le Gabon, les Comores, le Bénin, le Sénégal, la Guinée, Madagascar et même le Congo-Brazzaville ont affrété des avions, sauf la RD-Congo.
Pour plusieurs observateurs, les responsabilités de cette débâcle sont partagées entre la FECOFA et le staff technique. Pour Socrate Nsimba, journaliste à Digital Congo, Constant Omari doit tirer les conséquences et «démissionner». Erick Ekute, un des responsables de l’AS V. Club rappelle cependant que malgré le désordre de la FECOFA, Ibenge avait réussi à participer aux 3 dernières CAN. Pour lui, «il ne faut pas épargner le staff technique».
Des cadres de la sélection chargent la Fédé
Les Léopards éliminés, des analystes sportifs réclament des têtes sur un plat. Le premier indexé: Constant Omari. Le président de la FECOFA, sur la sellette depuis plusieurs mois, se retrouve de nouveau accusé d’être le responsable de la débâcle. Ceux qui soutiennent cette thèse tiennent pour preuve sa gestion calamiteuse du football.
«Depuis qu’il est à la tête de la FECOFA, il n’a rien impulsé de grand. Pendant ce temps, des pays comme Madagascar, la Mauritanie ou encore les Comores se structurent», explique un journaliste dans un forum. A un autre de compléter: «le football RD-congolais souffre d’un manque de vision. Omari est souvent entre deux avions. Quand il est à Kinshasa, il mène calmement sa vie de jet-setteur, sans se soucier du développement du football».
Selon certaines indiscrétions, plusieurs cadres de la sélection seraient du même avis. «Certaines absences lors de ce rassemblement sont le fruit de leurs mécontentements», a lâché un proche d’un cadre des Léopards. Dans l’entourage de Mpoku cette fois-ci, on croit savoir que son absence est liée à autre chose que la Covid-19. «Non, son club n’a refusé de le libérer, c’est un maquillage», a expliqué un de ses proches.
La page de la CAN tournée, il faudrait rapidement remobiliser les troupes pour la prochaine échéance: le Mondial 2022. Eternel objectif depuis 1974, le Mondial semble à des années-lumière.
Dandjes LUYILA