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Après le moratoire du Premier ministre sur tous les contrôles économiques et fiscaux pendant deux mois, les syndicalistes des régies financières en colère Sama Lukonde

Les régies financières RD-congolaises sont remontées contre la décision du Premier ministre Sama Lukonde de suspendre «toutes les missions de contrôle à caractère fiscal, parafiscal et économique» pendant deux mois dans les différentes entreprises commerciales évoluant au pays.

«En vue de permettre aux opérateurs économiques du pays de travailler dans un climat de sérénité en général, en cette période de festivité de fin d’année, et de se consacrer à l’approvisionnement du pays, en produits de grande consommation à des prix accessibles à la population en particulier, j’ai décidé d’un moratoire sur tous les contrôles économiques, fiscaux de routine, du 14 décembre 2022 au 14 février 2023 », a expliqué Sama Lukonde dans une correspondance adressée à différents membres de son gouvernement.

Seulement, cette décision reste en travers de la gorge des différents mouvements syndicaux des régies financières. Ceux-ci sont d’avis que la décision du Premier ministre est de nature à empiéter sérieusement à la capacité de mobilisation de ces services d’assiette alors que le gouvernement leur a fixé d’importantes assignations.

De leur avis, Sama Lukonde a cédé aux «chantages» de la Fédération des entreprises du Congo -FEC- qui, dans sa correspondance du 9 novembre 2022, avait sollicité ce moratoire pour une période de 4 mois. Le fait est tellement curieux que les syndicalistes des régies financières ont accusé le Chef du gouvernement d’entretenir une «complicité avec les opérateurs économiques -qui- commence à inquiéter».

Et, ce n’est pas la très étroite ouverture aux enquêtes laissée par Sama Lukonde qui peut leur changer de fusil d’épaules. En effet, dans sa lettre, le Premier ministre a autorisé des missions de contrôle à condition qu’il existe d’indices sérieux de fraude. Une dérogation spéciale et motivée devra être sollicitée, a-t-il conditionné.

«Cela ne change rien. Deux mois sans contrôles économiques et fiscaux de routine est trop grave», ont estimé les syndicalistes.

Bien avant ces syndicalistes, un spécialiste en fiscalité, Alain Kasuba, s’est lui aussi opposé à la demande de la FEC, estimant que le moment est très mal choisi. Car, la fin d’année est un moment «de grande consommation et de grande spéculation sur le marché». «L’Etat doit être plus regardant et protéger sa population contre les opérateurs économiques véreux qui s’adonnent en toute impunité à des infractions économiques par des actes de spéculation, de rétention de stock et autres pratiques illégales», a soutenu, sur un ton de dénonciation, Alain Kasuba.

Ces dénonciations ont rencontré celles des syndicalistes qui rapportent: «le Premier ministre avait accordé des exonérations aux mêmes opérateurs pensant obtenir la baisse des prix des produits de première nécessité sur le marché. Jusqu’aujourd’hui, il n’y a eu aucun effet. La décision a, par contre, produit l’effet contraire. On assiste à une flambée de prix des produits de première nécessité sur le marché ».

Et de déplorer: «bénéficiaires des exonérations de tout genre de l’État, ces opérateurs économiques véreux prennent le malin plaisir de se remplir les poches sur le dos de la pauvre population».

Dans ce contexte, le salut, à en croire les syndicalistes des régies financières, ne pourra provenir que du ministre des Finances, Nicolas Kazadi, qui assure la tutelle sur tous les services d’assiette. Concrètement, ils l’ont appelé à prendre à bras le corps cette problématique et à la soulever au Conseil des ministres. C’est le seul moyen, ont-ils soutenu, d’arrêter la chute vertigineuse des recettes que va provoquer la décision contestée du Premier ministre.

LOI

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