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Antoine Gizenga est décédé

Le deuil frappe encore dans les rangs des nationalistes de la Gauche RD-congolaise. Le Patriarche de Gungu, Antoine Gizenga Fundji, n’est plus. L’ancien Premier ministre de la RD-Congo a rendu l’âme dimanche 24 février 2019, tôt le matin au Centre médical de Kinshasa -CMK-, dans la commune de la Gombe. Selon des informations en notre possession, sa dépouille a été transférée à la morgue de l’Hôpital du Cinquantenaire le même dimanche en attendant l’établissement du programme de deuil par sa famille politique, le Parti lumumbiste unifié -PALU- et sa famille biologique.

Jusqu’à sa mort, Antoine Gizenga est resté un grand appui pour Joseph Kabila. Le secrétaire général du PALU qui vient de passer l’arme à gauche à l’âge de 94 ans, n’est plus à démonter. Il est compté parmi les pionniers de l’indépendance de la RD-Congo. Il est un lumumbiste de sang.  A l’accession de la RD-Congo à l’indépendance, Antoine Gizenga fait son entrée dans le gouvernement de Lumumbu en qualité de vice-Premier ministre. Il dirigeait le Parti solidaire africain -PSA. Lorsque le Premier ministre Lumumba est arrêté, après sa révocation à la tête du gouvernement par le Président Joseph Kasa-Vubu, Gizenga et les autres lumumbistes ont pris fuite et vont s’installer à Kisangani. A partir de cette ville, ils déclenchent une rébellion pour renverser le pouvoir de Kinshasa qu’ils jugent pro-occidental, donc acquis à la cause des anciens colonisateurs occidentaux. Leur rébellion a été mâtée. Gizenga a été arrêté et écroué à la prison de Bulambemba, dans le Kongo Central. Il sera relâché plus tard.Pour continuer la lutte de la liberté du RD-Congolais et la sauvegarde de l’indépendance nouvellement acquise, Gizenga et ses collègues nationalistes panafricanistes vont s’unir pour créer le Parti lumumbiste unifié -PALU. Avec notamment André-Guillaume Lubaya Ntalaja, président de l’Union démocratique africaine -UDA-, Antoine Gizenga, président du PSA, Kashamura et autres.  Avec la suite des événements, les lumumbistes sont maltraités, tués et les autres contraints à l’exil par le Maréchal Mobutu après avoir fait un coup d’Etat militaire en 1965 contre le Président Kasa-Vubu. C’est ainsi que Gizenga va trouver refuge au Congo Brazzaville avant de rejoindre la Russie. Il va revenir au pays en 1992 pour prendre part à la Conférence nationale souveraine -CNS. Dès lors, il va reprendre la tête de son parti, PALU, qui était dirigée par la dame de fer Thérèse Mpakasa.

Antoine Gizenga va évoluer dans les rangs de l’Opposition jusqu’à la chute de Mobutu en 1997. Même à cette époque, il va rester loin de M’zee pourtant lumumbiste comme lui. Et, en 2003, le PALU va prendre part au Dialogue inter-congolais de Sun City en Afrique du Sud à l’issue duquel son parti a siégé dans les institutions de la République sous la transition de 1+4. En 2006, Gizenga est candidat Président de la République. Après la proclamation des résultats par la Commission électorale indépendante -CEI- lesquels ont été entérinés par la Cour constitutionnels, «Mbuta du Bandundu» est classé 3ème derrière Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba respectivement arrivés 1er et 2ème. Le deuxième tour étant réservé aux deux premiers, Gizenga va signer un deal avec Kabila, stipulant entre autres, qu’en cas de victoire de Kabila à la présidentielle, le poste de Premier ministre reviendra au PALU. 

C’est ainsi qu’à l’issue du second tour, Joseph Kabila est proclamé Président de la République et nomme Antoine Gizenga Premier ministre et chef du gouvernement. C’est ainsi que dans le cadre de partage des postes, le PALU a eu, en plus de la primature, cinq ministères et quelques vices-ministères sans oublier quelques directeurs généraux à la tête des entreprises publiques. Quand Antoine Gizenga démissionne à cause de son âge avancé, Muzito le remplace à la Primature pour le compte du PALU. En 2011, le PALU soutient de nouveau la candidature de Kabila à la présidentielle.  Voici qu’en 2018, le PALU a encore soutenu le dauphin de Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, qui a perdu le challenge face à Félix Tshisekedi de l’UDPS.

Antoine Gizenga, vénéré comme dieu par les «Ngwashi» du Bandundu et les militants de son parti quitte la terre des hommes à l’âge de 93 ans au moment où le pays vient de connaitre sa première alternance politique depuis son accession à l’indépendance. Il est mort pendant qu’un autre nationaliste, le sénateur Abdoulaye Yerodia Ndombasi, n’est pas encore enterré. Que son âme repose en paix.

Octave MUKENDI       

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