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Affaire logo WIDAL: voici les preuves d’une tentative d’escroquerie

Une affaire rocambolesque! Le genre d’histoires qui opposent un puissant au faible. Mais seulement, dans celle-ci, la victime n’est pas celui qu’on aurait pu croire. Depuis un temps, les médias, surtout en ligne, font de l’affaire logo de la WIDAL Fondation leur chou gras à contre temps. Sinon, in tempore suspecto, si l’on fait le lien entre les enjeux politiques de l’heure, particulièrement la sortie du gouvernement, et le statut du premier visé dans cette campagne, le sénateur Guy Loando Mboyo, initiateur de cette ONG. En effet, cette affaire de logo est normalement close au niveau de la justice depuis novembre 2020.

Et même la SOCODA qui s’y était imprudemment laissée embarquer, est rentrée soigneusement dans son carcan depuis la réponse assortie d’un avertissement de la WIDAL Fondation. Tenez. Qu’Hamed Kabimba, artiste graphiste, réclame à cette structure philanthropique la coquette somme de USD 250.000 pour la création dudit logo est pour le moins surréaliste! Le bon sens impose que l’on se demande quel graphiste se fait payer autant juste pour un logo? Y répondre c’est déjà comprendre l’arnaque. Pour dessiller les yeux de nos lecteurs, les limiers de votre journal ont fouiné jusqu’à tomber sur des décisions de justice, des échanges épistolaires, d’autres documents et des témoignages qui retracent la vérité dans ce dossier. La conclusion est flagrante: «C’est une tentative d’escroquerie» comme le qualifie le bâtonnier Edouard Mukendi, conseil de la WIDAL Fondation.

Tout commence lorsque WIDAL Fondation, en pleine mise en train, émet le besoin d’avoir sa propre identité visuelle, son logo. Son initiateur, Guy Loando Mboyo, sénateur et homme d’affaires, en avait une idée claire. Il a mis à la disposition des graphistes des éléments suivants: le sigle WIDAL, assemblage des initiaux des noms de ses enfants -Winner, Isaac et Davina Loando- et son besoin d’avoir un globe dans le logo. La fondation passe la commande auprès de différentes agences dont «Afrik Design» à Kinshasa. La facture signée le 5 juillet 2018, s’élève à USD 1500.

Des documents renseignent que c’est l’agence «Maquette création graphique» à Paris, capitale française, qui gagnera le marché -voir ci-contre sa note honoraire. L’ONG paie USD 5.800 euros pour la création et design des logos WIDAL -Widal Group, WIDAL consulting, WIDAL investment et WIDAL Pro-, la création des adaptations sur les supports administratifs… et la cession des droits d’utilisation. Le logo sera protégé au ministère de l’Industrie. Et l’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais non.    

Il était une fois… au Palais du peuple

«Un jour, alors que le sénateur Loando descendait les escaliers du Palais du peuple, un monsieur vient l’aborder. Il se présente au nom de Hamed et dit être l’auteur du logo WIDAL Fondation», explique-t-on. Le sénateur le met à la disposition de ses collaborateurs à qui Hamed Kabimba réclamera USD 250.000. Autant! Pour un logo! Le 27 mai 2020, commence la série d’échanges épistolaires entre l’avocat d’Hamed Kabimba, Me Madilu Mawanza du cabinet Matadiwamba Kamba Mutu et les conseils de la WIDAL Fondation.

«Je vous approche très essentiellement pour la conception du logo de la Fondation WIDAL, travail d’esprit de mon client, artiste de son état, logo constamment utilisé par la fondation, sans que son auteur ne soit honoré», lit-on dans la lettre de Me Madilu à laquelle le bâtonnier Mukendi répond: «aucune preuve de la sollicitation des services de votre client par la mienne aux fins avancées n’a été rapportée, pas plus que celle du contrat qui en résulterait et des engagements des parties».

La justice déboute Hamed

Mais l’affaire est très vite allée en justice. Le 5 octobre 2020, Hamed Kabimba obtient du Tribunal de paix de Kinshasa/Matete la saisie conservatoire des créances contre WIDAL Fondation dans quelques banques de la place. Le 11 novembre, WIDAL Fondation obtient une mainlevée du Tribunal. La décision est sans équivoque: «La juridiction compétente constate que le premier défendeur -ndlr: Hamed Kabimba- n’a pas pu apporter l’existence d’un lien contractuel entre lui et le demandeur -ndlr:WIDAL- Il n’a pas produit ni contrat, ni facture, ni acte d’engagement susceptible de prouver l’existence de la créance pour bénéficier de la saisie conservatoire opérée».

La SOCODA récupère la patate chaude

Alors que l’affaire semblait définitivement close par la justice, Hamed Kabimba se rabat sur la SOCODA. Le 11 janvier, son président ai, Nyoka Longo, adresse une lettre au président de la WIDAL Fondation. Monté à bloc et ignorant certainement tout du dossier, Ya Jossart s’émeut: «Les actes posés par votre fondation constituent une atteinte méchante et frauduleuse».

Puis: «Nous vous invitons donc dès réception de la présente, de bien vouloir prendre contact avec nos services… pour un arrangement à l’amiable». Il prend même soin d’établir une fiche technique des redevances de droits d’auteur à payer. En réponse, le bâtonnier Mukendi ne rechigne pas à mettre le point sur le «i». Il signale à la SOCODA que la justice avait déjà rendu des jugements.

«Votre institution est très mal venue à prendre des initiatives qui ont vocation de trancher le litige, tel que vous vous êtes permis d’établir la fiche de paiement de redevance à titre des droits d’auteur du 11 janvier 2021», lâche-t-il dans sa lettre du 29 janvier 2021. Et de prévenir Nyoka Longo: «elle -WIDAL Fondation- me prie de vous aviser qu’une initiative illégale de plus de votre part démontrera votre mauvaise foi et, dans ce cas, elle se verra dans l’obligation de vous attraire personnellement pour tentative d’escroquerie».

Depuis fin janvier, la SOCODA n’a plus officiellement réagi sur le dossier. Mais dans la presse, on exploite sa lettre sans qu’elle ne s’en émeuve. Tout laisse à croire que c’est un acharnement destiné à salir le sénateur Loando. Mais il y a une incohérence: comment quelqu’un qui finance les jeunes entrepreneurs, construit des écoles, des ponts et aide des milliers de personnes, pourrait-il commander un logo pour son ONG, l’utiliser et refuser de payer? Difficile d’y croire.

Tino MABADA

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