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A Dubaï, Tshisekedi invite les patrons émiratis à investir en Afrique

«Le grand défi qui attend l’humanité toute entière est celui de la transition énergétique qui doit lutter contre les dérèglements climatiques et protéger ainsi notre environnement. Relever ce défi requiert notamment l’usage des énergies vertes et renouvelables, la production des automobiles électriques, la conservation des forêts primaires», a souligné le Président en exercice de l’Union africaine -UA- et Président de la RD-Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, dans son allocution faite lors du grand rendez-vous «Global Business Forum Africa 2021», mercredi 13 octobre 2021 à Dubaï. Vantant les opportunités qu’offre son continent, il a rassuré que l’Afrique est en mesure de contribuer à cette transition, en tant que deuxième poumon écologique mondial, avec le bassin du Congo.

Pour lui, le continent africain possède un fort potentiel de production d’énergie verte et renouvelable tels que l’hydroélectrique et le solaire. «Le continent africain regorge des matières premières qui rentrent dans la composition des batteries pour les voitures électriques», a-t-il illustré, rassurant également que l’Afrique est le continent où, ces dernières années, la croissance économique a été la plus forte -plus de 5% par an en moyenne depuis 2000.

«L’Afrique s’urbanise vite. De plus, sa population est la plus jeune de toutes les régions du monde. Le potentiel de la plupart des pays africains est donc encore intact. De ces tendances, l’on peut attendre l’augmentation de la consommation des ménages», a-t-il laissé entendre. Et de souligner: «c’est dans ce contexte que l’Afrique a besoin de plus d’investissements et de transfert de technologie, de plus d’accès aux marchés des pays développés, et surtout de plus d’investissements dans les secteurs des infrastructures».

Le Président Félix-Antoine Tshisekedi a également signifié que l’intégration de l’Afrique dans l’économie globale est aujourd’hui possible parce que les pays africains ont travaillé d’arrache-pied pour adopter des politiques macroéconomiques appropriées. «En effet, les taux de croissance économique fort élevés dont jouissent la plupart des pays africains résultent d’une gestion des finances publiques privilégiant la stabilité macroéconomique», a-t-il expliqué, souhaitant par ailleurs que son pays, la RD-Congo, tire les leçons de la riche expérience des Émirats arabes unis dans la mise en place des capacités d’ingénierie contractuelle et financière appropriées aux partenariats publics privés. Ci-dessous, l’allocution du Président Félix-Antoine Tshisekedi.

Christian BUTSILA


Allocution de Son Excellence Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République démocratique du Congo, Chef de l’Etat, Président de l’Union africaine au «Global Business Forum Africa 2021»

Dubaï – Émirats Arabes Unis, mercredi 13 octobre 2021

Mesdames et Messieurs,

C’est pour la RD-Congo et moi-même un honneur et un plaisir de prendre part aujourd’hui à cette session du Global Business Forum Africa 2021. Je remercie particulièrement les organisateurs qui me permettent d’interagir avec une femme d’exception, Madame le Ministre Reem Al Hashimy. Nous apprécions beaucoup, Madame, le rôle que vous jouez depuis plusieurs années pour positionner les Émirats arabes unis comme un véritable hub d’investissement, de tourisme, et de technologie.

Dans le rôle qui est le vôtre, Madame, vous avez certainement pu mesurer l’intensité du choc que la pandémie au Coronavirus a eu sur l’économie mondiale. Autant cette pandémie a testé la résilience de nos systèmes économiques et sanitaires, autant elle a révélé les énormes inégalités qui caractérisent les régions du monde.

Les ressources mobilisées dans les économies développées pour financer la relance des économies sont sans commune mesure avec les moyens dont nous avons pu disposer en Afrique pour le même objectif. La fracture vaccinale est un autre indicateur d’un monde à deux vitesses. Et pourtant, c’est ensemble que le monde doit se relever de ce terrible choc et c’est ensemble que le monde doit construire une nouvelle frontière extérieure grâce au progrès technologique, aux innovations sur les marchés financiers, à la mise en valeur des territoires nouveaux et à l’accès au marché des populations qui en sont aujourd’hui exclues, c’est le cas dans la plupart des pays africains.

Vous savez également que le grand défi qui attend l’humanité toute entière est celui de la transition énergétique qui doit lutter contre les dérèglements climatiques et protéger ainsi notre environnement. Relever ce défi requiert notamment l’usage des énergies vertes et renouvelables, la production des automobiles électriques, la conservation des forêts primaires.

L’Afrique offre plusieurs opportunités pour contribuer à cette transition, en tant que deuxième poumon écologique mondial, avec le bassin du Congo. Elle a un fort potentiel de production d’énergie verte et renouvelable telles que l’énergie hydroélectrique et solaire. Le continent africain regorge des matières premières qui rentrent dans la composition des batteries pour les voitures électriques.

Cependant, l’Afrique a elle-même des défis à relever. Sa part dans le commerce mondial est encore faible. Elle a d’ailleurs baissé de 4% à 2,7% entre 1970 et 2019. Certes, l’Afrique n’attire que moins de 1% des investissements directs étrangers dans le monde, contre 20% pour l’Asie. De même, l’Afrique est encore largement en dehors de la nouvelle organisation mondiale de la production dans les branches stratégiques de l’automobile et de l’électronique.

Mais, il faut noter que l’Afrique est le continent où, ces dernières années, la croissance économique a été la plus forte -plus de 5% par an en moyenne depuis 2000. Et bien que la croissance africaine soit largement portée par le pétrole et les produits miniers, tous les champions africains de la croissance ne sont pas de grands exportateurs de produits bruts, comme en témoigne l’expérience de l’Éthiopie.

Notons par ailleurs que l’Afrique s’urbanise vite. De plus, sa population est la plus jeune de toutes les régions du monde. Le potentiel de la plupart des pays africains est donc encore intact. De ces tendances, l’on peut attendre l’augmentation de la consommation des ménages. C’est dans ce contexte que l’Afrique a besoin de plus d’investissements et de transfert de technologie, de plus d’accès aux marchés des pays développés, et surtout de plus d’investissements dans les secteurs des infrastructures.

L’intégration de l’Afrique dans l’économie globale est aujourd’hui possible parce que les pays africains ont travaillé d’arrache-pied pour adopter des politiques macroéconomiques appropriées. En effet, les taux de croissance économique fort élevés dont jouissent la plupart des pays africains résultent d’une gestion des finances publiques privilégiant la stabilité macroéconomique. Même si certains pays africains éprouvent depuis quelque temps des difficultés pour soutenir leurs services de la dette, la majorité des pays du continent ont réalisé des progrès importants en ce qui concerne le respect des équilibres budgétaire et de la balance courante.

De bonnes politiques macroéconomiques ne sont toutefois pas suffisantes. Il faut, en plus, entreprendre les réformes profondes susceptibles de modifier significativement les taux d’épargne et d’investissement, d’attirer beaucoup plus d’investissements directs étrangers, d’accroître les parts du commerce international, et de créer des économies moins dépendantes de quelques produits primaires d’exportation.

L’Afrique a besoin, pour ce faire, en plus de réformes internes qu’elle a engagées, d’un contexte international propice à son éclosion et à son intégration au sein de l’économie globale. Ce contexte n’est toutefois pas encore suffisamment favorable aux aspirations de l’Afrique. Les organisations multilatérales, fortement influencées par le code normatif occidental, ont évolué en adoptant des règles rigides, imposables à tous les pays membres, avec peu sinon pas du tout de prise en compte des différences de degré et de profondeur entre régions du monde.

C’est aussi la raison pour nous en Afrique, d’apprécier les regroupements qui se constituent de plus en plus entre les pays africains et les autres régions en développement, de même que nous apprécions les nouvelles formes de partenariat que ces regroupements impliquent. À travers ces regroupements, nous attendons l’amélioration des flux commerciaux et d’investissements, des apports financiers publics, et le transfert de technologie. En accédant aux expériences d’ajustement des politiques de ces pays partenaires, nous espérons affûter nos armes pour que, souverainement ou à travers l’Union africaine et les Communautés économiques régionales, nous puissions faire entendre la voix de l’Afrique dans le débat sur les changements à apporter au contexte international afin que celui-ci devienne plus favorable à l’Afrique.

Mesdames et Messieurs,

La RD-Congo est un pays aux dimensions semi continentales au cœur de l’Afrique, qui a tout le potentiel pour jouer un grand rôle dans les échanges internationaux en général, et avec les pays en développement en particulier.

Avec une superficie de 2.345.000 Km2, son accès à neuf pays limitrophes, ses 80 millions d’habitants dont 54% âgés de moins de 20 ans, son potentiel hydroélectrique hors du commun, avec la 2ème plus grande réserve forestière au monde, son énorme potentiel minier et en hydrocarbures, sans parler de ses 80 millions d’hectares de terres arables, la RD-Congo offre d’immenses opportunités.

La RD-Congo aspire à devenir dans les prochaines années une référence en Afrique. C’est pourquoi mon pays envisage de lancer un vaste programme de reconstruction et de modernisation afin de créer les conditions attrayantes aux nouveaux investissements. En effet, la RD-Congo, et l’Afrique en général, souffre d’un déficit criant en infrastructures de base, ce qui constitue un obstacle à la promotion de la croissance économique.

Le diagnostic couramment dressé sur son état renvoie toujours à sa structure extravertie, comportant un secteur primaire spécialisé dans l’extraction des produits miniers, du reste, exportés à l’état brut. Cette monoproduction constitue le facteur principal de la forte dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur malgré ses nombreuses potentialités économiques et sa forte démographie devant permettre d’accroitre ses exportations avec des produits diversifiés, à valeur ajoutée élevée.

L’inversion de cette situation appelle à opérer des choix stratégiques clairs et adéquats, non seulement sur les secteurs porteurs, mais aussi sur les stratégies de diversification des filières et de pénétration des marchés tant au niveau régional que mondial.

Mon gouvernement est pleinement concentré sur le développement des infrastructures et l’accroissement de la production énergétique. C’est ainsi que le gouvernement a engagé des réformes profondes dont certaines, déjà coulées sous forme de lois et autres textes réglementaires, pour radicalement changer le climat des affaires et des investissements. La loi relative au partenariat public-privé a établi le cadre légal pour la promotion des différentes formes de participation des investisseurs étrangers aux grands projets publics envisagés, notamment dans les secteurs des infrastructures et de l’énergie.

Face à la nécessité de changer de paradigme, le gouvernement s’est doté d’une structure spécialisée, dénommée Agence nationale de promotion des exportations -ANAPEX-, ayant une double missions:

• Primo: promouvoir les exportations de tous les produits congolais d’origine agricole, agro-industrielle, et artisanale;

• et secundo: assurer l’expansion commerciale de la RD-Congo par l’intensification des échanges avec les pays partenaires.

C’est dans cette perspective que mon pays saisie l’opportunité que nous offre le Global Business Forum Africa 2021, qui met en évidence la reprise économique mondiale après la pandémie de Covid-19 et ses effets sur le commerce et les affaires dans le monde, pour demander aux différents partenaires ici présent un accompagnement technique et financier en vue de renforcer les capacités humaines et institutionnelles de la nouvelle structure de promotion des exportations de la RD-Congo, à fin de stimuler l’économie congolaise et d’assurer la diversification de ses exportations. Dans la perspective de l’intégration économique africaine, avec la mise en œuvre de la ZLECAF, cet accompagnement permettrait également d’assurer la participation de la RD-Congo de façon active au commerce continental et mondial, d’autre part.

La RD-Congo convie donc les pays émergents, dont notamment les Émirats arabes unis, à s’associer à cette grande œuvre de modernisation d’un des plus importants pays du continent africain et à venir apporter leur pierre à ce grand édifice de reconstruction.

Mon pays aimerait bien tirer les leçons de la riche expérience des Émirats arabes unis dans la mise en place des capacités d’ingénierie contractuelle et financière appropriées aux Partenariats publics privés.

Avec les Émirats arabes unis, a l’instar de tous les pays désireux de nous épauler dans notre New Deal de développement, nous serons sincèrement heureux de renforcer nos liens de coopération dans le domaine des infrastructures, de l’énergie, du développement des ressources humaines, de petites et moyennes entreprises, de l’agriculture, et de nouvelles technologies de l’information et des communications.

Mesdames et Messieurs,

Le monde se globalise; nous avons donc beaucoup à faire ensemble. Les relations économiques internationales, construites depuis plusieurs décennies, se doivent d’être porteuses d’avenir, parce que fondées sur une culture et des valeurs partagées. Ensemble, essayons à présent d’inventer un futur meilleur pour les générations à venir.

Je vous remercie

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