Dans le Lualaba, l’acteur politique Kévin Masuka, «inquiet au plus haut point» face à l’exploitation minière et sa cohorte de conséquences sur l’environnement, déclare la guerre aux entreprises minières qui foulent aux pieds certaines dispositions du Code minier. Notamment celle relative au respect du cahier des charges de responsabilité sociétale et celle relative à la dotation.
«Ces dispositions ont été conçues pour servir notamment de contrepartie à l’exploitation minière par ces entreprises qui, malheureusement, s’en foutent éperdument et se croient tout permis, même anéantir les vies des Lualabais et leur environnement», déplore Kévin Masuka.
Ressortissant de cette riche province minière, située dans le Sud-Est de la RDC, Masuka, tellement épris de la cause de son Lualaba tant adulé, est monté au créneau pour dénoncer cette attitude « s’enfoutiste » et donner des recommandations pour voler au secours des communautés victimes.
Parmi les entreprises qui «font exprès d’ignorer les conséquences de leurs activités sur l’environnement et les communautés locales», Masuka cite Mutanda mining (Mumi), filiale de Glencore spécialisée dans l’exploitation du cobalt et du cuivre. Il l’accuse, sur base des dénonciations faites par la société civile et les habitants de Kinsenda, une localité du territoire de Mutshatsha, d’avoir rendu les « terres -de cette localité- infertiles à cause des déchets acidifiés et/ou des rejets toxiques » produits par cette société minière.
Au cours de cette dernière décennie, ont dit les habitants de Kinsenda à Kévin Masuka, qu’ils considèrent désormais comme le défenseur de leur cause, toutes leurs cultures se sont soldées sur une note décevante: maïs, légumes ou encore manioc n’ont pu donner lieu à une récolte intéressante comme à l’accoutumée.
A Masuka sont également parvenues des dénonciations sur les cas de pollution des eaux par des sociétés minières. Notamment la Sicomines avec la rivière Kalemba, Tenke Fungurume dont l’un des camions d’acide s’est renversé dans une rivière, ou encore Kamoa qui a l’habitude de déverser de l’acide dans une rivière environnant ses installations… De son côté, Bossmining, par ses activités, a provoqué les érosions avec la digue qui avait cédé et emporté des habitations.
«Les autorités devraient se montrer plus fermes et plus regardantes sur les conditions d’exploitation minière de manière à protéger l’environnement et la vie des Congolais qui sont plus précieux que n’importe quel minerai », dit Kévin Masuka, non sans formuler des recommandations pertinentes aux autorités provinciales et nationales quant à ce.
Détenteur d’une licence en droit économique et social, Kévin Masuka reste persuadé que la solution à ce problème, susceptible de décimer des âmes humaines et de brûler la maison commune des Lualabais, est le « renforcement des mécanismes légaux de contrôle et de suivi du respect du cahier des charges et de dotation ».
Il explique que le cahier des charges, qui trouve son soubassement légal dans le Code minier, impose aux entreprises minières de faire preuve de « responsabilité sociétale ». Celles-ci, en tant que titulaire des droits miniers ou de carrières, se doivent de construire des infrastructures et de garantir des services socioéconomiques de base en faveur des populations locales affectées par les activités d’exploitation minière.
Pour Masuka, les miniers doivent aussi respecter la dotation qui est la « contribution de ces entreprises minières aux projets de développement communautaire ». Cette dotation, a-t-il précisé en s’appuyant sur le Code minier, est fixé à 0,3% du chiffre d’affaire de l’exercice au cours duquel elle est constituée.
«Ces dispositions souffrent d’application pendant que les Lualabais sont en train soit de mourir soit de croupir dans la misère soit encore de faire face à des maladies et autres sérieux problèmes consécutifs à l’exploitation minière de ces sociétés », regrette-t-il. Et de taper le poing: «Nos populations ne peuvent continuer à faire les frais de cette exploitation sans contrepartie. Assez!».
Avec Agences