Les élections arrivent en trombe. La famille politique de Joseph Kabila, le FCC, a l’ambition de les remporter à tous les échelons. Mais la tâche risque d’être compliquée dans la province du Kwilu, où le gouverneur Michel Balabala Kasongo donne les signes de ramer à contrecourant, se plaint-on dans les instances de la Majorité. Balabala que certains sociétaires du FCC qualifient désormais de gouverneur anti-Kabila s’est récemment illustré par trois grosses gaffes indignes de ses fonctions.
La première a été relevée par des officiels conviés le mercredi 31 octobre dernier à la cérémonie de l’inauguration du tronçon Bashamba-Pont Loange, sur la RN1. Ce jour-là, Lambert Matuku Memas, vice-Premier ministre en charge de l’Emploi et représentant personnel du Premier ministre, le ministre d’Etat en charge des ITPR, Thomas Luhaka, le conseiller du Chef de l’Etat, Marcellin Chishambo, ainsi que des membres du comité provincial de sécurité sont seuls à la tribune érigée pour la circonstance. Balabala, lui, brille par son absence. Aucune explication officielle n’est fournie. Selon certaines indiscrétions, «le gouverneur de province a boudé la cérémonie du fait de la présence des officiels venus de Kinshasa dont les têtes ne lui plaisent pas. Il n’a même pas fait le déplacement de Kikwit, prétextant une incroyable indisponibilité».
De l’avis de certains cadres du FCC, le gouverneur donne une fois de plus l’image d’une personnalité déterminée à saboter les actions du gouvernement et de la Majorité dans sa propre province et, plus grave, à quelques semaines des élections décisives. «Il a montré qu’il n’est pas prêt de composer avec la Majorité, surtout lorsqu’il affirme avoir des preuves à brandir pendant la campagne contre des candidats appartenant à cette Majorité», disent-ils.
Un dérapage précédé d’un autre, épinglé cette fois-là par députés provinciaux du Kwilu, remontés contre le gouverneur auteur, selon eux, de la perturbation du déroulement des plénières de la session budgétaire.
Grâce à une vidéo disponible sur les réseaux sociaux, on apprend que seuls 13 députés provinciaux sur les 36 que compte l’organe délibérant du Kwilu ont pris part à la plénière convoquée le mardi 30 octobre mais qui ne pouvait traiter aucune matière sérieuse dont le budget faute de quorum de décision. Sans ambages, le député provincial Félix Mupepe rend le gouverneur Balabala responsable de cette perturbation et invite les élus déserteurs de regagner l’hémicycle parce que beaucoup d’abus se commettent du côté de l’exécutif provincial.
«La Direction générale des recettes du Kwilu est en train de mourir. Elle se meurt par la seule responsabilité du gouverneur de province, un professeur d’université qui n’arrive pas à bien orienter les choses mais s’intéresse plus à la fanfare comme on dit, à l’argent, aux finances, aux recettes de la DGREK. Et lui seul doit se justifier quant à leur disparition ou minoration. Personne, le gouverneur Balabala en particulier, ne respecte ce que le Président de la République dit. L’argent est là mais on nous conditionne à croire qu’il n’y en a pas. Les agents de la DGREK sont impayés depuis quatre ou cinq mois. On s’en fout. Mais on achète 1000 sacs de ciment pour donner à qui caresse ou applaudit», tape le député provincial Mupepe.
«Le gouverneur de notre province est en train de mentir. Mais ce que je sais, c’est que nous députés, quelles que soient les conditions, allons finir par faire notre travail. Le gouverneur n’est plus populaire ici. Il est en train de diaboliser les mêmes députés qui l’ont porté au pouvoir. Il dit que si les députés initient une motion, je ne serai pas inquiété», ajoute Mupepe.
Bien avant le feuilleton de l’obstruction de fonctionnement de l’Assemblée provinciale, Balabala avait déjà cabotiné dans le domaine économique en allant dangereusement ouvrir un front avec la Fédération des entreprises du Congo -FEC. Le patronat exprime son ras-le-bol contre le gouverneur du Kwilu qui pensait innover en instituant un nouveau contrôle de qualité à travers toute la province par l’OCC/Kwilu sur les produits déjà contrôlés à l’importation par l’OCC. «Il n’est pas compréhensible que ces produits qui désormais sont en libre circulation soient soumis de manière systématique à un nouveau contrôle et des paiements des frais sur pied de l’arrêté du gouverneur de province», lui fait remarquer la FEC en réaction à cette troisième boulette.
Natine K.
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