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CAN 2017 et Coupe du Monde Russie 2018 : Florent Ibenge fait le point de la situation

Invité de l’émission «Grands sportifs» de Doudou Mbala sur Télé 50, Florent Ibenge, sélectionneur national de la RD-Congo, a fait le point sur la participation de la RD-Congo à la CAN Gabon 2017. Il s’est aussi penché sur la campagne de qualification des Léopards au Mondial Russie 2018 dont il s’est fixé l’objectif de jouer depuis deux ans alors qu’il prenait les rennes de la sélection nationale. Au cours de cet entretien, le technicien RD-congolais a invité tous les amoureux du ballon rond à avoir les deux pieds sur terre et à se garder d’un optimisme béat, car il faut toujours éviter de chanter la victoire avant la guerre. Ibenge a précisé que le duel face à la Tunisie est très déterminant et décisif pour aller en Russie.
Florent Ibenge, est-il facile pour vous d’être sélectionneur dans un pays où tout le monde s’improvise pratiquement coach?
Ce n’est pas facile d’être sélectionneur dans quelque pays que ce soit. Mais c’est vrai que quand on est sélectionneur dans un pays où il y a beaucoup de passions comme ici chez nous, c’est un peu plus compliqué. D’ailleurs, mon prédécesseur Claude le Roy avait dit que passer 4 ans en RD-Congo correspond à 10 ans ailleurs. Ce n’est pas évident, car il faut savoir se ménager du temps.
La CAN arrive et Yannick Bolasie qui est des acteurs clés de la sélection RD-congolaise se trouve dans l’impossibilité de jouer car blessé. Comment avez-vous accueilli la nouvelle?
Très mal évidemment. Surtout pour lui qui vit des moments pas faciles. Je l’ai eu au téléphone. Il reste positif, mais je sais que quand il est seul avec sa famille il y pense et il doit avoir beaucoup d’amertume. Ça lui arrive à un très mauvais moment et on souhaite qu’il se soigne et qu’il nous revienne le plus vite possible pour qu’il entame toute cette campagne qu’il a commencée avec nous.
Les pièces de rechange sont déjà là pour combler ce vide?
On travaille avec un groupe d’une trentaine de personnes depuis un certain temps. Et à chaque match, on ne peut que prendre 23 joueurs. Donc il y a des joueurs qu’on n’utilise pas. On va puiser dans le réservoir RD-congolais car il y a des joueurs qui se révèlent et qui sont là.
Coach, on parle des joueurs qui veulent porter pour la toute première fois le maillot RD-congolais dont Steven Nzuzi qui évolue à Séville. Est-ce une bonne nouvelle?
Oui c’est une très bonne nouvelle car ce n’est pas aujourd’hui que Steven veut se rapprocher de la RD-Congo. Je suis en contact avec lui depuis longtemps et on sait qu’il n’a jamais fermé la porte. Les événements qui lui sont proches dans sa vie professionnelle font qu’il ne puisse pas suivre deux lièvres à la fois. Donc il prend son temps et tant mieux parce qu’on n’a pas envie d’avoir des gens qui regrettent, mais on veut de gens qui viennent en toute connaissance de causes. Le moment propice viendra pour lui et tout se passera bien.
Depuis l’arrivée de Marcel Tisserand qui joue très bien d’ailleurs, on ne voit plus Joël Kimwaki. Est-ce que la porte est fermée pour lui?  
La porte n’est jamais fermée, car moi je ne ferme pas la porte à qui que ce soit. Seulement il faut être performant. Je pense que c’est moi qui ai fait revenir Kimwaki en sélection nationale alors qu’il était un peu mis de côté. Ses performances dans Mazembe ont plaidé un peu pour lui. Je connais Joël. C’est quelqu’un qui a beaucoup de respect pour la sélection nationale. Mais on ne vient pas en équipe nationale forcement parce qu’on se connait, mais on vient par rapport à ses performances. Et il y a d’autres personnes qui ont émergé à ce poste là et j’estime que leurs performances plaident plus que celles de Joël en ce moment. Voilà tout.
Coach, parlons de la CAN 2017 qui commence dès le mois de janvier prochain. La RD-Congo est placée dans un groupe qui est relevé. Il y a la Côte d’Ivoire, le Maroc et le Togo. Est-ce un groupe favorable ou difficile?
Difficile dirais-je. Les matches se font sur le terrain. Avant on spécule. On jouera la Côte d’Ivoire qui est une très forte équipe. Les Ivoiriens sont actuellement premiers au classement africain. Ensuite on va jouer le Maroc qui s’est qualifié aisément. Ils n’ont perdu aucun match et on connait tout ce qui est football maghrébin. On sait que ça ne sera pas simple. Et puis il y aura le Togo d’Adebayor et de Claude le Roy. Adebayor va vouloir terminer en beauté parce que c’est ça dernière CAN, donc il va être très dangereux. Ils se sont qualifiés à la 16ème position comme nous en Guinée. C’est un adversaire qui n’aura rien à perdre. On s’est qualifié pour la CAN de la Guinée en dernière minute et puis on est sorti de là avec une médaille. Donc, les tirages au sort ne sont bons qu’après avoir joué. C’est à nous de jouer notre partition aussi et de rendre les choses beaucoup plus compliquées aux autres.
Lorsque vous vous êtes engagé avec cette sélection, vous avez dit que votre objectif était la CAN 2017. Donc on peut s’attendre au sacre cette fois-ci?
C’est tout à fait normal lorsqu’on joue une compétition, on cherche à aller jusqu’au bout. Mais quand j’entends les gens parler, c’est comme si la CAN est déjà dans la poche et qu’on doit jouer la finale de la Coupe du Monde. Non, il faut savoir tempérer les choses et travailler sérieusement et professionnellement. Donc ça va être compliqué. Les matches, il faut les jouer et non aller avec l’étiquette de favori. Il faut arriver et bien mouiller le maillot pour pouvoir gagner les matches.
Quel est votre programme de préparation pour cette CAN ?
Il y a des matches amicaux qu’on va disputer à domicile. C’est vrai qu’il y a aussi des tractations qui se font pour jouer des matches à l’extérieur. On a décidé d’établir notre camp au Cameroun par rapport aux conditions climatiques. On va travailler calmement sans dérangement. On a conclu un match amical avec le Cameroun, mais il y a aussi pas mal d’équipes qui demandent de jouer avec nous. En Espagne, en Egypte ou alors en Algérie. Mais ça nous demande de nous déplacer, donc de quitter notre camp au Cameroun. Sinon, on est en train de regarder ça.
Coach, il y a des joueurs que vous n’avez pas pris lors de la dernière rencontre des Léopards, notamment Jeremy Bokila qui est un habitué de la sélection. Qu’est-ce qui s’est passé?
Jeremy n’a pas été pris par ce que je voulais voir comment Asombalanga allait vivre dans le groupe. C’est important quand on veut constituer la liste pour la CAN d’avoir une idée claire du groupe. Donc, c’est aussi un critère important de savoir vivre dans le groupe. Jeremy je connais, voilà pourquoi j’ai privilégié d’autres joueurs que lui. Sinon il n’est pas éliminé. Seulement, c’est un joueur qui se blesse souvent. Vous le voyez moins parce que souvent quand il est convoqué, il a une blessure. C’est ce qui fait qu’il soit moins régulier. Mais c’est un élément, c’est quelqu’un qui sait être décisif. Il y a la CAN et il y a toute cette campagne aussi pour aller en Russie, donc personne n’est éliminé.
Et Cédric Mabwati?
Cédric a également eu un gros souci de blessure. C’est quelqu’un qui reste entre guillemets une réserve de la République. Donc il n’est pas éliminé. On estime qu’il va revenir au meilleur de sa forme le plutôt possible.
Juste après le match avec la Guinée, Cédric Bakambu s’est plaint en disant que quand on est compétiteur, il est anormal qu’on soit deux ou trois fois sur le banc. Comment analysez-vous cette phrase parce qu’il y a eu d’autres joueurs qui se sont plaint dans le même sens, notamment Paul-José Mpoku qui voulait aussi participer à la victoire contre la Guinée.
C’est une exagération de propos. Moi ça me gênerait qu’un joueur qui ne joue pas soit content. Même si on est bon pour le groupe, mais quand on ne joue pas on n’est pas content. Il est compétiteur, oui mais il y a aussi la concurrence dans le groupe. Mais il y a aussi le choix du coach par rapport à tel ou tel match. Et je précise que ça ne fait pas trois fois qu’il n’a pas joué. La première fois, il revenait d’une grave blessure et j’avais opté pour deux autres joueurs contre la Libye. Mbokani et Bolingi. Il est rentré et il n’a pas eu la possibilité de scorer et on ne lui a pas donné la balle. Je pense qu’il était frustré sur ce match-là beaucoup parce qu’il n’a pas eu la balle que d’avoir été remplaçant. Et contre la Guinée j’ai opté pour un seul attaquant et c’était Mbokani. C’est vrai qu’il marque à Villaréal, mais moi je ne regarde pas que ça. Contre la Guinée, aux entrainements, Mbokani avait montré qu’il était au-dessus des autres. Le choix était naturel de le mettre sur ce match là. Ce qui fait la richesse de la sélection nationale en RD-Congo, c’est qu’on a pléthore des attaquants et de qualités différentes. Donc, au gré de matches, on pourra utiliser l’un ou l’autre. Même dans leurs clubs, les joueurs font face à la concurrence. Ils ne jouent pas tous les matches. Que les joueurs soient frustrés, ça je comprends, mais il faudrait qu’ils ne le disent pas trop parce que ce n’est pas moi que ça gêne, mais l’autre qui joue peut se sentir lésé par de tels propos.
Florent Ibenge, le match décisif pour la qualification au mondial Russie 2018 va se jouer contre la Tunisie. Le match aller va se jouer à l’extérieur et la manche retour à Kinshasa. Comment prévoyez-vous cette double confrontation qui se jouera en l’espace de quatre jours seulement?
Justement, la qualification pour la Russie se joue- là. Donc ça fait plus de deux ans que j’en ai parlé. Personne d’autre, car c’est moi qui ai parlé en premier de cette qualification au mondial 2018. Cette semaine-là, il faudra avoir son destin et nous avons notre destin en mains en faveur du goal average où nous sommes meilleurs que la Tunisie. Au sortir de ces deux matches, il faudra être premier. Je demande donc à tous les supporters RD-congolais d’être derrière la sélection nationale.
Propos relayés par Guylain LUZAMBA
 

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