
Après avoir obtenu son diplôme de graduat à l’Académie des Beaux-Arts, Arno Perfo a bénéficié d’une bourse qui lui a permis de prendre l’avion pour Strasbourg en France afin de poursuivre ses études à la Haute école d’arts décoratifs. «Quand j’y suis arrivé en 2011, j’ai passé mon diplôme national d’arts plastiques -DNAP-, une licence dans le système français», raconte-t-il. Cette année, l’artiste finit son master en Arts hors format qui est un groupe qui embrasse plusieurs disciplines artistiques. Dans celui-ci le format est définit par rapport à l’imagination des différents étudiants, artistes. L’inspiration peut être présenté comme une sculpture, une peinture, une photo, une vidéo, … «C’est un mélange de tout, tu peux faire de la poésie, de la musique, …», explique-t-il. Ce qui cadre bien avec le personnage. Passionné d’arts, Arno traine avec lui deux facettes.
Il est d’un côté artiste plasticien et de l’autre, chanteur. Cependant, il a toujours estimé que son travail d’artiste visuel s’intéresse à des sujets beaucoup plus profonds, notamment tout ce qui touche à la vie de tous les jours, à l’environnement, que sa musique qui jusque-là n’était que lyrique. Introspection faite, Arno a décidé de recadrer les choses et de concilier ses deux facettes. Un travail qu’il juge d’ailleurs plus facile qu’il ne l’avait imaginé. Ce retour d’Arno à Kin marque un retour aux sources. En tant qu’artiste visuel, Arno est en pleine réalisation de son projet: «Longtemps rêver mikili». Ce film documentaire va confronter l’image que les jeunes vivants à Kin ont des Mikili, entendez l’occident -qui, d’ailleurs représente un Eldorado pour les Kinois- et celle, réelle, de ceux qui ont réussi à faire le voyage.
Côté musique, l’artiste veut mettre à profit le choc de deux cultures. «En fait, je veux faire une sorte de métissage qui se sentirait déjà dans la combinaison des instruments musicaux. Combiner le piano avec le Likembe, le violon et le lokole, … ça fera forcément quelque chose de beau», estime-t-il. Il envisage d’enregistrer quelques chansons à Kinshasa avec des artistes comme Dramatik, Oliverman, Dinosaure, Yannick Olivier dit Internet. Cependant l’artiste relève un sérieux problème.
Celui de la langue, le lingala. Pour lui, le fait que le système éducatif RD-congolais néglige aujourd’hui les langues traditionnelles crée une sorte de barrière. Les jeunes RD-congolais qui partent vivre en Europe éprouve souvent des difficultés à traduire certains mots du français en Lingala et vice-versa. «C’est un problème que j’ai essayé d’évoquer pendant les ateliers Action art qui se déroulent à l‘espace culturel Sadi organisés par la plate-forme Mutoto production». La force de la culture RD-congolaise est attachée à ses langues, souligne cet artiste.
Hugo Robert MABIALA