Société

Surpeuplée, la morgue de l’ex-Sanatorium refuse des morts

«Il nous arrive de ranger trois ou quatre cadavres d’enfants dans un même tiroir. Deux minces adultes peuvent s’y confiner également. Notre morgue est régulièrement contrôlée par ECOM, une entreprise de construction moderne. Elle est dans un bon état», a insisté Isidore Katal, administrateur titulaire de cette morgue
La morgue de l’Hôpital général de référence de Makala, mieux connu sous le nom de Sanatorium, est en bon état. Elle est tout simplement surpeuplée et refuse des morts. C’est le constat fait par les reporters d’AfricaNews, samedi 16 avril dernier. Son surpeuplement se justifie par le fait que c’est la seule morgue de qualité dans ce coin de la capitale RD-congolaise. Interrogés sur ce sujet, les croque-morts ont révélé que cette morgue répond aux normes requises. Pour eux, une momie peut rester plus de six mois dans cet endroit sans être en état de putréfaction. Ce service de qualité attire du monde. Du coup, la morgue se trouve dans un débordement criant. Les cadavres s’entassent et la dignité de la personne décédée n’est même plus respectée. C’est un véritable cri d’alarme qui est lancé. La solution viendra, peut-être, de l’agrandissement ou de la création d’une deuxième morgue toujours au sein de cet établissement hospitalier.
La clientèle se rue vers la morgue de l’Hôpital général de référence de Makala. Malgré son bon état, les cadavres s’entassent les uns sur les autres. Juste parce que la population des communes de Bumbu et Selembao n’ont pas d’autres choix. «Il nous arrive de ranger trois ou quatre cadavres d’enfants dans un même tiroir. Deux minces adultes peuvent s’y confiner également. Notre morgue est régulièrement contrôlée par ECOM, une entreprise de construction moderne», a insisté Isidore Katal, administrateur titulaire de cette morgue. Et de renchérir: «nous servons les communes de Bumbu et de Selembao. De fois, quand nous refusons de nouveaux corps parce qu’on est saturé, nous nous faisons passer pour des méchants par la population qui va jusqu’à tenir des propos désobligeants à notre endroit. Nous sommes de vrais incompris». L’administrateur titulaire n’a pas hésité un seul instant d’implorer les autorités compétentes dont le gouverneur de la ville de Kinshasa pour qu’une solution soit trouvée afin de palier à cette situation. Le service de cette morgue est même salué par ses riverains. «En tant qu’habitant de ce quartier, je pense que cette morgue nous rend vraiment service. Auparavant, nous étions obligés de parcourir de longs trajets pour mettre nos morts au froid. Grâce à cette morgue, nos sœurs et frères sont gardés dans de bonnes conditions», a reconnu Lense Munongo non sans exhorter les autres à faire preuve du bon sens en ayant de la compréhension d’aller voir ailleurs quand il n’y a plus de place dans cette morgue.
Construit en 1956 et devenu opérationnel deux ans après, l’Hôpital général de référence de Makala se situe au croisement des avenues Libération et Luzumu. Appelé Sanatorium, cet hôpital a été créé pour soigner spécialement la tuberculose qui frappait de plein fouet à cette époque. En 1973, il a été mué en Hôpital général de référence de Makala. En 2008, grâce à l’implication personnelle et au financement du gouverneur de la ville de Kinshasa, cet établissement hospitalier a été doté d’une morgue moderne avec une capacité d’accueil de 12 places. Le besoin allant croissant et mus par le souci de servir la population de Bumbu et de Selembao, les responsables ont décidé de l’agrandir. Actuellement, cette morgue peut accueillir jusqu’à 42 corps sans moindre décomposition. Qu’à cela ne tienne, les autorités compétentes sont appelées à prêter une oreille attentive à ce SOS et courir au chevet des usagers de cette morgue, qui ne savent pas à quel saint se vouer.
Rosette BAYE
Jérôme LUPUNGU

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