Amande Bazerolle, coordinatrice d’urgence pour l’ONG Médecins sans frontières -MSF-, de retour d’une mission, décrit les conditions de vie des 26 000 personnes déplacées internes à Boga, dans le territoire d’Irumu, depuis avril 2020. «Ces gens manquent de tout: accès aux soins, nourriture, abris, à l’hygiène. Il n’y a rien, tout est à faire», a-t-il déclaré en condamnant vivement les actes de violence en Ituri. Installées dans des camps improvisés, rapporte le service de communication de MSF dans un document officiel parvenu au trihebdomadaire «AfricaNews» ce jeudi 15 avril 2021, les familles s’entassent dans des huttes de fortune. Selon la source, l’accès à la nourriture et à l’eau y est limité.
Le même document soulève par ailleurs que la peur des violences persiste et toute possibilité de retour est exclue dans l’immédiat. Les violences sexuelles, ajoute MSF, c’est l’autre fléau qui sévit à Boga. «En un mois, MSF a pris en charge 67 patientes. Ces femmes se font agresser par des hommes armés, sur la route ou dans les champs qu’elles cultivent. Terrorisées, elles n’osent plus s’y rendre», témoigne Amande en indiquant: «certaines continuent à prendre de tels risques, montrent à quel point elles sont acculées pour survivre et nourrir leur famille.
En effet, l’abandon des champs, principale source alimentaire de ces familles, aggrave la malnutrition et leur dépendance à l’aide alimentaire». Selon MSF, ces récits viennent s’ajouter à ceux des violences subies par les habitants de la province de l’Ituri entre autres «meurtres, violences sexuelles, villages et centres de santé pillés» sont le lot quotidien de la population. En outre, MSF a confié que le système sanitaire est à terre et plus de 70 structures de santé auraient été pillées ou détruites, privant des milliers de personnes d’accès aux soins.
«La situation est catastrophique», prévient Frédéric Lai Manantsoa, chef de mission de MSF en RD-Congo. A l’image de Boga, dit MSF, c’est l’ensemble de communautés de la province de l’Ituri, dont la vie a été bouleversée par trois années de violence systématique, qui a besoin d’assistance pour survivre. «Pourtant nombreuses, les organisations humanitaires n’y sont plus en mesure de couvrir les carences sanitaires qui ne cessent de croitre et les financements alloués demeurent largement en-dessous des besoins», alerte MSF. En Ituri, MSF appuie trois hôpitaux généraux, 12 centres de santé, trois postes de santé et 32 sites de soins communautaires dans les zones de santé de Drodro, Nizi et Angumu pour la prise en charge des maladies pédiatriques, de la malnutrition, du paludisme, des violences sexuelles et de la santé mentale. Un support sanitaire -latrines et assainissement- a également été mis en œuvre dans 49 sites de personnes déplacées, ainsi que des distributions de produits non-alimentaires et des appuis ponctuels, en médicaments à certains centres de santé.
Parousia MAKANZU
